P

37 10 3
                                    

Pleuvoir. Quelle connerie. Moi j'aimerais qu'il pleuve à l'intérieur de moi, comme ça les gouttes, au lieu de ruisseler molement sur la vitre du bus, délaverait toute l'encre noire qui tache mon cœur. Et alors, il serait

Paisible. Comme les nuages gris, ceux qui crachent à grosses trombes leurs larmes mouillées. J'aimerias être un de ces nuages. Pour oublier. Pour

Pardonner. Pardonner aux autres, à ceux qui m'ont enfermée dans mon mur de silence, et à moi aussi. Parce que je me hais des erreurs que j'ai faites. Je crois que je suis une

Pyromane. Parce que je fais tout brûler. Les sourires et les pleurs, les amours et les haines. Même ma pluie elle brûle. C'est pour ça qu'elle ne sert à rien. J'aimerais savoir

Pleurer. Mais, le front contre la vitre, de l'autre côté des gouttes, je regarde le paysage gris défiler. Et mes lèvres n'affichent rien. Elles n'affichent jamais rien d'autres que quelques sourires pour mes amies. Mes amies si

Particulières. Elles qui me connaissent si bien et ignorent tant de choses en même temps. Elles peuvent prévoir chacun de mes mouvements mais aucune d'elles ne peut se figurer le bordel que c'est dans ma tête. Mais après tout c'est joli, c'est comme des pierres

Précieuses. Ça brille et ça renferme tellement à l'intérieur que juste la surface ne montre rien. Y'a des aspérités, rien n'est lisse, rien n'est parfait et pourtant tout semble coordonné, articulé. Comme un automate. J'aimerais être mécanique. Pour être

Protégée. Protégée des assauts des autres. Et des miens. Ils vont pleuvoir sur moi quand je vais descendre du bus. Ils vont s'immiscer dans mes failles, ces trous qui strient ma peau et mon cœur. J'aimerais savoir me réparer.

Pluie de LarmesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant