On était comme des enfants. Mais de grands enfants !
L'histoire courte de deux abrutis.
◎ Montage couverture sur Canva ◎
«Merci de ne pas plagier, ça sort de ma tête, pas de la vôtre.»
J'attrape mon sac, et je suis Anna dans le couloir, laissant Kai sans réponse. Je ne sais pas ce qu'il a, mais je pense qu'il joue avec moi. Après tout, il est beau garçon. Des lèvres pulpeuses et une peau mate sur un coréen, ce n'est pas ordinaire. Et ses cheveux sont clairs, contrairement aux miens. Il va chez le coiffeur pour s'éclaircir la chevelure, alors que je garde la mienne noire, et naturelle.
— Tu vas bien O ? T'as l'air perturbé, s'inquiète gentiment Anna. — Ouais, c'est juste cet abruti de Kai qui m'a empêché d'écouter le prof'. Du coup, j'ai rien suivi... Tu peux me faire un résumer ? On se fait ça ce midi ?
Je l'assaille de question, et je ne la laisse pas répondre. Elle rigole, et je me rend compte que je n'ai pas repris mon souffle.
— On se retrouve pour midi trente ? Ça te va ? demande-t-elle en regardant l'heure sur son portable. J'ai deux heures de chinois, et je dois passer mon oral blanc. Je stresse à mort...
Elle me fait une grimace, et je comprend alors qu'elle n'est absolument pas stressée. Je pense même qu'elle a hâte de passer devant une trentaine de personnes pour parler de... la Chine, je suppose.
— Menteuse. Bon, à tout à l'heure !
Je pars en la saluant de la main, et je me dirige vers la cafétéria. Je n'ai pas cours de la matinée, alors je décide de mettre à profit ces heures libres. N'importe qui peut penser que j'étudie, concentré dans mes papiers, en me tirant les cheveux. Mais non : je suis simplement en manque d'inspiration. Je dessine une petite bande dessinée, mettant en avant un personnage bien charismatique.
C'est totalement faux. Et mon personnage ressemble plus à un collégien timide qu'à un homme d'affaires a la belle allure. Je soupire et j'abandonne mon dessin. Je jette mon crayon sur la table et je m'enfonce sur ma chaise. Les yeux fermés, la tête penchée en arrière, je sens une présence à côté de moi. J'ouvre un oeil, et je le regrette aussitôt.
— Qu'est ce que tu veux ? — Tu es assise à ma table, O, dit la fille en appuyant bien sur la première lettre de mon prénom. Je déteste que des personnes que je n'aime pas m'appelle par mon surnom. Je me redresse pour jeter un coup d'oeil autour de moi. Il y a plusieurs tables de libres, et tout le monde a les yeux posé sur nous. Elle, sa clique de deux connes, et moi. Et Kai, qui vient de s'asseoir juste à mes côtés.
— Salut Jess' ! fait-il en lui souriant innocemment. — Pff. Les gens de votre genre sont toujours là pour foutre la merde. Et t'as de la chance qu'il soit arrivé, dit-elle dans mon oreille en se baissant. J'étais prête à te faire mordre la poussière. — Oh, comme c'est dommage. Mais tu sais, Jessica, les filles de ton genre ne font plus peur à personne. On n'est plus au lycée, et ta tyrannie s'est envolé avec ta taille 34 il y a déjà trois ans. — Pardon !? s'exclame-t-elle, choquée. Kai pose des coudes sur la table, et se penche vers elle, et nos épaules se frôlent. — Ça veut dire que t'as pris du cul.
J'entend des ricanements, et je vois que presque tout le monde a écouté notre échange. Jessica aussi semble l'avoir remarqué, et après m'avoir lancé un regard noir de colère, elle est sortit de la cafétéria en claquant ses talons hauts sur le sol.
Je secoue la tête, trouvant son petit manège stupide et je me concentre de nouveau vers mon dessin. — Tu dis pas merci ? — T'es toujours là toi ? — Touché en plein coeur, répond il en aggripant son t-shirt au niveau de la poitrine. — Tu vas me suivre encore longtemps comme ça ? — Je suis sûre que tu espères que oui.
Mon crayon fait une embardée sur mon dessin, et je ne peux me retenir de lâcher un rire. — J'espérais qu'une chose. C'est avoir la paix ce matin. Mais j'ai du parler avec Jessica, et toi, deux fois. — Tu en as de la chance !
Je soupire, et je commence à ranger mes affaires. — T'es lourd. — Mais j'ai rien fait ! — Et tu t'en rends même pas compte, je marmone.
— Quoi ? — Rien !
Je finis de mettre mon bazar dans mon sac, et je me dirige vers le restaurant universitaire. Il est presque l'heure pour moi de rejoindre Anna. Et tant mieux, je vais pouvoir éviter ses emmerdeurs professionnels.
Après quelques minutes de marche et d'attente, j'aperçois Anna qui arrive, accompagné d'une autre fille. Je ne la connais pas, c'est sûrement une fille de sa classe. On se salue, et on part faire la queue derrière la vingtaine de personnes qui attendent pour manger. Je m'empare d'un plateau, et je le remplis de pleins de bonnes choses. Puis on se dirige vers la caisse pour payer notre repas. Alors qu'on cherche toutes les trois une place de libre, quelqu'un me donne un violent coup d'épaule dans le milieu du dos.
Évidemment, je perd mon équilibre, et je me retrouve allonger au sol. Mon plateau a glissé sur deux mètres devant moi, et a semé mon repas par terre. Je tourne la tête pour regarder qui m'a poussée. Parce que vu la violence du coup, c'est obligé que ça soit volontaire.
— J'aurais dû m'en douter, je dis en voyant l'air satisfait de Jessica. Elle a gardé son esprit de lycéenne, mais ça n'amuse qu'elle ici. Je me relève doucement, et je sens la colère monter. Tout le monde nous regarde. — T'es vraiment qu'une gamine, tu le sais ? — Mince, je pensais au moins que j'allais réussir à salir ton horrible veste, fait-elle, faussement penaude. Elle s'approche de moi, et sa main, qui était cachée dans son dos, verse un yaourt ( -10% de sucre attention ) sur mon visage. Ça coule sur ma poitrine, avant de finir par terre. Cette fois, elle peut être sure que je vais me venger. Et pas en utilisant de simples mots.
Je ne réfléchis pas, et je me tourne vers la table la plus proche de moi. Je leur demande si je peux avoir une serviette, et une fille m'en tend une, les yeux écarquillés. — Je te repayerai un repas, désolée pour ça, je dis en attrapant son assiette. Menu du jour : boulettes de viandes et sa sauce curry, accompagné de pâtes. Et me retournant vers Jessica, je vois que son air victorieux se transforme en grimace de peur, et je savoure cette demi seconde avec plaisir. Puis je renverse le contenu entier de l'assiette sur sa tête.
Son cri horrifié attire même l'attention des cuisiniers, et alors qu'elle lève sa main pour me frapper, je l'attrape au niveau du poignet. — Maintenant Jessica, arrête de croire qu'ici, tu peux te comporter comme une enfant pourrie gâtée. À notre âge, on ne se laisse plus faire. Et si certains le font, je viendrais pour les aider.
Puis je repousse sa main avant de partir hors du restaurant. Je sais que j'ai abandonné Anna et son amie, mais je sais aussi qu'elles ne m'en voudront pas. Je me dirige en courant vers les toilettes les plus proches, et je croise ( évidemment ) Kai. Il me regarde bizarrement, mais c'est normal : j'ai du yaourt à la fraise allégé en sucre tartiné sur la figure.
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Ce genre de harcèlement, vous connaissez ? Ça vous est déjà arrivé ? Où l'avez-vous vu en direct ? Comment auriez-vous réagi ?