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C'est la fin de l'année. Je suis à la fac, entourée de dizaine de personnes que je ne connais pas, et nous attendons les résultats de notre parcours scolaire. Mon coeur bat la chamade à cause du stress, et j'essaye de calmer ma respiration en prenant quelques longues inspirations. Tout à coup, une main énorme et chaude se posa sur mon épaule et me fait sursauter. J'étais tellement à l'affût d'un professeur avec une feuille géante que j'en ai oublié le reste.

Et bah, je pensais pas que tu pouvais autant stresser, fit Kai alors que je me retourne vers lui.

Il me dépasse largement d'une tête et il me sourit comme s'il n'allait pas recevoir aussi son résultat de toutes ses années d'études en art. Il n'a pas l'air stressé le moins du monde.

— Évidemment que je stresse. C'est normal avant une annonce importante, marmonné-je.

T'en fais pas, continue-t-il. Il passa un bras sur les épaules avant de me coller contre son flan. Je suis certain que t'as réussi. Et tu sais quoi ? Si on a tout les deux notre diplôme, je te proposerai un truc géant !

Je ne réponds rien. Je ne le lui dirais jamais mais ses mots et sa présence m'apaisent. Je suis beaucoup trop pudique avec mes sentiments, ou fière, je ne sais pas vraiment. Dans tous les cas, je me sens mieux.

Tu veux même pas savoir à quoi je pense ? insiste-t-il en me donnant un coup de bassin pour me sortir de mes pensées.

Euh, non. Tu me le diras si on réussit tous les deux, tu l'as dit toi-même.

T'es pas drôle, je voulais te voir ennuyée de pas savoir, et me supplier !

Je lève la tête avec un sourcil arqué. Moi, le supplier ? Il rêve. J'ai presque lâché un ricanement.

T'es mieux avec un sourire qu'avec une tête d'enterrement, tu sais.

J'ai pas souri ! mens-je essayant de garder un visage neutre. Pourtant, je sens que les commissures de mes lèvres se relèvent contre mon gré.

Tu vois, tu souris !

C'est de ta faute aussi !

Et j'en suis très fier, rit Kai. J'suis le meilleur de toute façon.

Je lève les yeux au ciel. Quand est ce qu'il arrêtera de se lancer des fleurs ? Si il continue, je vais lui faire bouffer ses pissenlits par la racine.

J'aime pas trop les pissenlits.

Merde, j'ai pensé à voix haute. Bon, changeons de sujet.

Bref, tu vas...

Je suis interrompue par un brouhaha devant moi. Les portes de la fac viennent de s'ouvrir, et plusieurs des intervenants en sortent, avec des feuilles et des punaises en main.
Mon coeur fait un bond, et la bonne humeur que Kai avait réussi à installer en moi se volatilise aussi rapidement qu'une voiture de formule 1 sur un circuit. La main de Kai se resserre sur mon bras. Il a sûrement senti combien j'étais tendue. En même temps, je suis collée à lui, c'est le genre de truc facile en deviner vu que je me suis raidie comme un piquet.

Devant, les gens se poussent dans l'espoir de voir leur nom quelque part. Il y a des plaintes, des cris étouffés, des chuchotements tellement peu discret que même la personne à plusieurs mètres derrière moi doit les entendre. Voir tous ces gens effrayés, stressés au point de faire une syncope créé un déclic. Hors de question qu'on me voir comme ça, comme une hystérique. Même si je sais que je ne le suis pas. Et je me calme. Je détends les muscles de mon corps et je respire doucement. Après tout, pourquoi stressé ? Dans quelques minutes, j'aurais la réponse. Je saurais si j'ai réussi ou non les examens passés un mois auparavant.

Aller viens, c'est à notre tour, me dit Kai. Il me pousse devant lui pour passer dans la foule. Ceux de devant sont déjà en train de partir. Je vois leur visage, pour la plupart rayonnant et souriant.

Et là, je me retrouve devant cette feuille. La feuille blanche qui contient les noms des personnes du même groupe que moi et qui on réussit. Aussitôt, je cherche mon nom.

O, j'ai réussi ! crie Kai en tournant sa tête vers moi. Il voit que je suis déjà en train de le regarder. J'ai mon diplôme d'art !

Il s'avance vers moi, et cherche aussitôt mon nom sur la liste. Et son sourire s'élargit encore plus. Je suis aussi diplômée. On a réussi. Il m'attrape dans ses bras, formant presque une cage et me soulève du sol. Je me laisse faire en riant. Je suis trop heureuse. Il nous éloigne pour laisser la place aux suivants, avec moi toujours dans ses bras. J'ai surement l'air d'une idiote à ne pas toucher le sol. Et pourtant, je m'en fiche.

J'y crois pas, j'ai réussi, on a réussi ! m'exclamé-je en reculant un peu mon visage, qui était collé à son épaule. Je suis face à lui. Et il plaque ses lèvres sur les miennes. Je ne réagis pas, un peu perturbée. Je ne m'y attendais pas.

Soudain, il sépare nos souffles et me dévisage, légèrement paniqué. Il doit repensant à ce soir-là, quand je l'ai giflé.

Oh pardon, c'était sur le coup de l'émo...

Mais je ne le laisse pas finir sa phrase et je l'embrasse à mon tour. Je sens son incompréhension et pourtant, elle ne dure pas longtemps. Je passe une main sur sa nuque tandis que l'autre se pose sur sa joue. Je le sens qui me sert encore plus fort.

Je recule doucement sa tête, alors qu'il me repose finalement au sol. Je suis soudainement gênée, et j'essaye de le cacher en fixant mes pieds.

Olivia ?

Je lève timidement mes yeux vers les siens. Ses yeux sombres, en amande, et avec des cils noirs plus long que les miens.
Il sourit. Il ne devait pas s'attendre à ce que je l'embrasse à mon tour. À vrai dire, je ne m'y attendais pas moi-même. C'était tellement... spontané et naturel.
Il faut que je me reprenne. Ce n'est pas mon genre de faire la timide. Même si je sais au fond de moi que je le suis.

Alors, tu voulais me proposer quoi il y a cinq minutes ? demandé-je en me mordant la lèvre.

Bah oui bien sûr, il va voir que t'es mal a l'aise si tu continues à agir comme ça espèce de conne.

Je fais taire cette voix dans ma tête. Je déteste ma conscience par moment, même si elle a toujours raison.

Euh, j-je, on, bégaye-t-il soudainement.

Quoi ?

Tu veux venir avec moi à Séoul ? fait-il d'une traite.

Je le vois qui retient son souffle. Il me fixe comme si j'étais en dessert, pressé de savoir ma réponse.
Là encore je ne m'y attendais pas. Décidément, aujourd'hui, c'est la journée des inattendus.

À Séoul ? Mais t'es au courant que je parle pas un mot de coréen ? Et que c'est de l'autre bout de la planète ? Et que c'est une propostion qui demande un minimum de réflexion ? T'es vraiment fou.

Oui.

C'est la seule chose qu'il répond, et ça me donne envie de rire. Un pauvre oui après toutes les questions.
Et je me mets à réfléchir intensément.

Maintenant que j'ai mon diplôme, il faut que je trouve un travail. Il faut que je prévienne tout le monde, et que je gère ça avec ma famille.

Tu peux dire non si tu n'en as pas envie. Je pensais te le demander depuis quelques semaines mais j'ai pas réussi avant. Je ne t'obli...

Quand ?

De quoi quand ?

Quand est ce qu'on part ?

LIKE CHILDREN [Terminé]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant