La femme au coeur Topaze

Chapitre 9 : La vérité

    Lumina ? Voilà un mot qu'Éléonore avait déjà entendu tout récemment, durant la réunion. La région du topaze si elle se souvenait bien. La prestance de la Créatrice rendait Éléonore fébrile, elle ne savait pas comment réagir. Elle vit Thomas se mettre à genoux, elle allait se moquer de lui mais il lui attrapa le bras pour la forcer à faire de même. Ce dernier prit alors la parole :

    - Madame la Créatrice, commença Thomas avec un ton très respectueux. Je suis désolé de vous importuner par notre présence en ces terres sacrées mais nous avons besoin de votre aide. Ma sœur ici présente a... égaré la clé.

    - Oh, je vois. C'est fâcheux, répondit Polvi d'un ton calme bien que préoccupé.

    - Euh, je ne suis pas ta sœur Thomas, change de disque ! S'énerva la jeune fille qui ne comprenait pas la discussion.

    Polvi Von Lumpön prit un air grave en dévisageant la jeune impétueuse. Elle approcha sa main du front de Éléonore qui s'écria "Ah non ! Pas encore !" mais c'était trop tard, la créatrice avait effleuré le front de la jeune fille. Éléonore hurla de douleur. Elle était prise d'une migraine si intense que des larmes coulèrent sur ses joues. Elle sentait quelque chose qui s'encrait dans sa tête, comme si on creusait dans son cerveau. La jeune fille, la tête dans les mains, essayait tant bien que mal d'extérioriser sa souffrance par des cris. Après quelques secondes, qui durèrent une éternité pour la souffrante, la Créatrice détacha sa main. La torture se stoppa net et l'adolescente sombra. 

    En ouvrant les yeux, Éléonore reconnut très vite la chambre du monastère de son rêve d'il y a quelques temps. En revanche, quelque chose l'étonna : cette fois-ci, elle ne vivait pas la scène. Elle était comme spectatrice des événements. L'adolescente était dans un coin de la pièce où elle... Enfin, elle enfant, dormait. Puis tout se passa très vite, l'arrivée du moine, le passage secret, la descente aux enfers... Éléonore revivait le même rêve d'un point de vue externe. Elle suivit l'enfant à travers la cheminée puis dans la descente des marches. En bas de l'escalier, la voix de Thomas résonna comme la première fois et, quelques instants après, l'enfant eut la douleur au cœur. Elle était si intense qu'Éléonore plus âgée la ressentait même sans la vivre réellement. Une différence notoire était cependant à noter : l'enfant ne tombait pas ! La jeune fille se souvenait pourtant clairement être en chute libre avant d'arriver dans sa salle de classe. La scène commençait donc à être bien différente du rêve car la voix d'Emily n'arrivait pas. En revanche, son "frère", Thomas, apparut devant l'enfant. Il devait avoir environ 18 ans. Il rassura la jeunette, et lui glissa à l'oreille de penser au fort au nombre "2016". Soudain, la lumière orange apparut et l'enfant cria de douleur. Thomas disparut et laissa place à un décor bien connu d'Éléonore : les ruines d'un certain monastère... Les ruines de Lindisfarne.

    Éléonore observa autour d'elle. Des gens du 21è siècle visitaient et prenaient des photos. Mais ils étaient tous assez loin, trop loin pour voir l'enfant blottie et cachée dans les ruines. Un espoir demeurait cependant. Cet espoir, c'est un jeune garçon qui jouait dans ses ruines en escaladant un peu partout. Il ne fallut qu'une seconde à Éléonore pour reconnaître son frère, Lucas, enfant. Ce dernier, perché en haut d'une colonne, se prenait pour un phare et tournait en rond. Un tour, deux tours, puis au troisième, il remarqua l'enfant égarée entre les pierres. Lucas appela ses parents et courut vers sa future sœur. Les parents arrivèrent et dégagèrent la petite de là. Éléonore enfant était totalement perdue, son regard semblait vide. Lucas commença alors le dialogue en se pointant du doigt et en articulant "Lucas !". Il pointa sa future sœur du doigt avant de dire "Et toi ?". Ceci dura quelques minutes avant qu'une silhouette presque invisible n'apparaisse sur la colonne où était perché Lucas plus tôt. 

    Un homme, encapuchonné, fixait le collier d'Éléonore. La jeune adolescente ne pouvait pas bien voir son visage mais ses traits lui semblaient familiers. Il avait une barbe assez imposante, une cicatrice sur la joue gauche mais c'est tout ce que Éléonore pouvait voir. A côté de ses parents, une autre silhouette translucide apparut. Cependant, celle-ci était connue de la jeune fille : Polvi. L'esprit glissa un mot aux oreilles de la mère : "Adoptez-la, gardez le collier et donnez-lui pour ses 18 ans". L'homme était visiblement agacé par cette arrivée, il fit une grimace et disparut. Polvi s'en alla également.