Chapitre 8 : Bienvenue à Beroër

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    Éléonore fixa Thomas avec des yeux étonnés et explosa de rire. Cependant, il n'avait pas l'air de plaisanter, il prenait un air si sérieux, cela mit fin à la crise de rire d'Éléonore qui le regarda étonnée : 

    - T'as pas trouvé mieux pour renouer contact ? Demanda-t-elle enjouée. En tout cas, merci pour la rigolade.

    - Mais... Je suis sérieux, continua le jeune homme. 

    - Voyons Thomas ! On est au 21è siècle ! Il serait temps d'arrêter de croire aux scénarios de films d'adolescents là ! Répondit-elle avec une pointe de sarcasme. 

    Thomas s'accouda sur son bureau et mit sa tête dans ses mains. Il semblait vraiment préoccupé. La jeune fille le dévisageait avec désolation, c'était impossible qu'il dise la vérité ! 

    - S'il te plait Éléonore, il faut que tu me croies, insista Thomas avait une pointe de désespoir dans sa voix.

    Le psychologue avait l'air si sûr de lui qu'Éléonore se retrouva à douter. Son rêve d'il y a quelques mois avait l'air très réel. Sa vision dans le miroir également. Elle prit quelques secondes de réflexion. Pourquoi sa vie ne pouvait-elle pas se dérouler comme la vie d'une adolescente normale ? Avec une famille normale ? Des amis normaux ? 

    - Donc si je suis ton raisonnement, on vient du Moyen-Âge. Alors on est arrivés ici comment, hein ? On s'est téléportés c'est ça ? Pesta Éléonore qui commençait à être à bout. Tu es au courant que tu dis merde aux lois de la physique ? 

    Thomas ne répondit pas tout de suite, il semblait réfléchir à ses arguments. Il dévisageait son interlocutrice et, tout à coup, se leva. Il invita sa "sœur" à l'imiter avant de poser sa main sur le front de l'adolescente. Éléonore se sentit alors vaciller. Le monde autour d'elle bougeait comme si elle tournait sur place mais elle se savait fixe. Tout allait si vite, les bruits se mélangeaient, les décors changeaient et, décontenancée, elle perdit l'équilibre. Tout était flou autour d'elle, comme si elle se déplaçait extrêmement rapidement. Une vingtaine de secondes plus tard, la jeune fille constata qu'elle était dans l'herbe, située en hauteur, probablement sur une haute colline. Éléonore observait son environnement mais elle ne reconnaissait rien. 

    Devant ses yeux ébahis, au loin, se trouvait un grand château. Un bâtiment digne d'une famille royale riche et puissante. Les rayons du soleil couchant sur les pierres blanches de la bâtisse les rendaient ocres. Un immense donjon au centre dominait le paysage. Autour de celui-ci on distinguait trois autres tours, plus petites, reliées par une muraille. En contre bas, on distinguait différentes constructions, probablement des habitations. Le tout était encore encerclé par une muraille relativement haute, ponctuée de postes de garde. 

    Thomas tendit sa main vers Éléonore afin qu'elle puisse se relever. Il en profita pour la pivoter et lui faire voir l'autre côté du paysage, bien moins engageant. Le terrain descendait et amenait à une immense plaine. Dans cette plaine, une bataille. Des hommes et des femmes guerroyaient mais pas de manière conventionnelle... Ils faisaient sortir du feu de leurs mains, appelaient des éclairs depuis le ciel, manipulaient la terre et la végétation. On se serait crus dans une bataille d'un livre fantastique. Éléonore recula et retomba au sol. Thomas lui offrit encore sa main,  la jeune fille la saisit : 

    - Bienvenue à Beroër, Éléonore, lança-t-il d'une voix tranquille en relevant sa patiente. 

    - Beroquoi ? C'est où ça ? Demanda Éléonore perplexe. Et puis c'est quoi ces gens en bas ? 

    - C'est notre... Patrie en quelque sorte. Nous n'y sommes pas nés mais nos ancêtres viennent d'ici. Ce que tu vois ici, c'est la guerre civile qui a déchirée ce monde. Elle a eu lieu il y a... Longtemps. 

La femme au coeur TopazeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant