Premier baiser.

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Maintenant que Léo est reparti pour des obligations professionnelles, les cours de Jones sont redevenus calmes. Sarah semble regretter ce gai luron. Je crois qu'involontairement Léo a réussi son coup : Jones et moi nous fuyons comme la peste. Il faut dire que la menace du doyen plane sur nos têtes : je n'ai aucune envie d'être renvoyée, tout comme je redoute la possibilité qu'il perde son emploi.

Aujourd'hui, Sebastian traite du thème des sorcières et de leurs pouvoirs. Du coup, comme je me demande si j'en suis une, et que je suis un peu perdue, cela me pousse à prendre sur moi pour aller poser des questions au Pr Jones. Quelle est la meilleure façon de lui demander ça? Si je vais le voir en fin de cours, cela risque-t-il de lui porter préjudice ? Vaut-il mieux demander à Sarah de se faire porte-parole ? Lui envoyer un texto ? La fin du cours sonne sans que je puisse réussir à me décider sur la marche à suivre.

Cet après-midi, comme c'est journée porte ouverte, je tiens un stand d'écriture cunéiforme pour le groupe des langues mortes. Bof, je ne me suis pas trop foulé, j'avais fait la même chose l'année dernière à l'université de Pensacola. Les étudiants viennent, me disent leur nom et prénom et repartent avec leur identité inscrite dans un petit bout d'argile à l'aide d'un calame. Ils sont fiers comme si je leur donnais une amulette ou un talisman et sont tout contents. Je fais donc des petits coins toute l'après-midi. Mon stand a un succès fou, et les étudiants semblent avoir en partie oublié l'accrochage d'il y a un mois. Même le doyen est venu demander son morceau d'argile !

En fin d'après-midi, l'affluence redescend enfin, le couloir est désert, tous les étudiants sont occupés à aller voir les spectacles organisés par leurs camarades. Je m'apprête à remballer mes affaires pour aller voir Sarah qui va faire son show de danse, lorsqu'il s'approche de moi. Sebastian se trouve face à moi. Cela me semble faire une éternité qu'on ne s'est pas retrouvé ainsi face à face. Cela me gêne, surtout depuis ce qui s'est passé. En fait, on ne s'est plus vraiment adressé la parole directement depuis ce fameux jour. Il se penche pour me demander en quoi consiste mon stand. Je lui explique, et saisit un bout de terre que je malaxe dans mes mains pour préparer la surface à recevoir le texte. Sebastian me demande, comme chacun, que j'inscrive son nom dessus. Je m'apprête à m'exécuter lorsqu'une inspiration subite me prend. Au lieu de son identité je commence à lui écrire une phrase indéchiffrable puisqu'en écriture cunéiforme :

« Je vous aime Sebastian Jones ». Je m'apprête à la lui donner, lorsqu'il arrête mon geste en posant sa main sur la mienne.

SEBASTIAN : « Je voudrais également votre nom et prénom à côté du mien. »

Mon cœur fait un bond dans ma poitrine. Sentir sa main ainsi posée sur la mienne, me trouble. J'avais oublié ce que sa présence pouvait générer comme émotions en moi. Je commence à avoir chaud, je rougis, et inscris mon nom comme il me l'a demandé. Quand j'ai fini, cela ressemble maintenant à une lettre d'amour signée que je lui tends. J'essaye de garder une attitude détachée. Il n'a aucune raison de douter de ce qui est inscrit ! Je décide de sauter sur l'occasion qui m'est offerte de lui parler.

ELLEN : « Professeur, j'aurais beaucoup de questions à vous poser sur les cours que je n'ai pas eu l'occasion de poser depuis.... cet accrochage, et certaines sont ...délicates à aborder ... Et puis il y a vos livres sur les peuplades africaines que je dois vous rendre, je n'ai pas osé venir vous trouver ni en fin de cours, ni dans votre bureau. J'ai eu peur que cela vous porte préjudice. »

SEBASTIAN : « Je sais bien tout cela, et moi-même j'évite de vous interroger alors même que je sais que vous pouvez répondre. C'était la meilleure chose à faire : s'éviter le temps que les esprits se calment. »

Il prend un papier sur lequel il griffonne quelque chose. Il le dépose dans ma main en disant :

SEBASTIAN : « Venez samedi soir, soyez discrète, passez par l'entrée de derrière. »

Sebastian Jones Tome 1: Tout! Pour Sebastian! "TERMINE"Où les histoires vivent. Découvrez maintenant