Audacieuse Comme L'Amour (PAUSE)

24. Juliette

Une fois que je me retrouve seule chez moi, je m'effondre une nouvelle fois. Je ne me laisse pas tomber au sol cette fois-ci, je prend le temps d'aller me rouler en boule sur mon lit, déversant sur mon oreiller toutes les larmes qui ne demandaient qu'à être évacuées.

Là je peux l'entendre, c'est certain, la voix de ma mère qui me crie que je suis faible. Elle a raison, c'est ce que je suis. L'audace n'est pas un terme que je peux m'attribuer, comme je l'ai toujours voulu. Le courage encore moins. Ces mots ne me correspondent pas, à mon grand désespoir.

Le regret m'envahit, celui d'avoir jeté Evan comme un malpropre. Comme s'il était la cause de tous mes malheurs.

Je vous entend, me dire qu'il faudrait que je sache ce que je veux au bout d'un moment. Vous avez raison, mais ce n'est pas si facile.

Tout me pousse à abandonner avec Evan. Tout, sauf une seule chose. Mes sentiments pour lui. C'est cette chose qui contredit toutes les autres. Le fait qu'il a une copine par exemple. Le fait qu'il soit bien trop parfait pour la fille que je suis aussi. C'est certain il mérite mieux que moi. Mais il mérite aussi tellement mieux que Léonie.

Allez lui faire comprendre...

Je suis malheureuse à cause de lui, certes. Je ne pourrais jamais l'avoir et ça me transperce le coeur de ne penser qu'à ça, qu'à lui en ce moment.

Mais je n'ai pas que lui comme problèmes.

Je suis tombé amoureuse de lui sans que je ne sache pourquoi, ni comment. De toute façon, à partir du moment où on sait énumérer des tas de raisons du "pourquoi on aime une personne", c'est qu'il y a un problème.

L'amour ne se contrôle pas, il vient sans prévenir.

Tomber amoureuse. Quelle triste expression. Aimer quelqu'un sans que ce soit réciproque, par exemple, dans mon cas, c'est se casser la gueule. Aimer, c'est ce casser la gueule la plupart du temps.

Enfin, je parle de mon cas personnel. Et de ce que je peux voir autour de moi aussi. Rare se font, les couples heureux qui n'ont jamais de problèmes dans leur vie de couple.

Tous ça ne sont que pensées négatives, qui nuisent encore plus à mon moral. Et j'en ai marre d'aller mal. Après Raphaël je m'étais juré de ne plus jamais tomber amoureuse, de ne plus jamais essayer d'avoir une relation de couple avec un gars.

Je voulais être indépendante toute la vie, pas comme ma mère qui a été dépendante de mon père dans tout les sens du terme. Aussi bien matériellement parlant, que moralement parlant. Elle avait misé tous son bonheur son lui, rien que sur lui.

Et pourtant... avant de songer à être heureux en couple, il faudrait peut-être, d'abord, être heureux soi-même. Seul. Sans besoin de qui que ce soit, qui contribuerait à son bonheur.

Bref, tous ça n'est que philosophie. Quand je décide de sortir de mon lit, je remarque que mes larmes ont cessées de couler. Je me décide aussi à me regarder dans la glace.

Je suis horrible, mon mascara a couler, je ne ressemble à rien. Je me munie alors de mon démaquillant et j'enlève tout.

Le coup que je me suis prise sur la tête tout à l'heure se ressent, j'ai une bosse sur l'arrière du crâne qui me fais un mal de chien, fait chier.

Une fois complètement démaquillée, je m'assure de fermer la porte d'entrée à clés et file me laver.

L'eau brûlante me fait réellement du bien, j'avais l'impression d'être sale, après cette journée émotionnellement épuisante.

Je décide de prendre du temps pour moi. J'utilise un gommage pour le corps, un masque pour les cheveux, et un pour la peau. Si ça peut redonner un coup d'éclat à ma peau terne, je ne dis pas non.