17. Juliette

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Me montrer vulnérable devant une personne est un phénomène rare. Pour moi, c'est synonyme de faiblesse; alors je m'en veux.

Rares sont les personnes qui m'ont vu pleurer, être triste. Seule ma mère y a été confronté, depuis la mort de mon père, et elle n'a pas su me réconforter.

Au contraire, elle me le reprochait à chaque fois. Elle, sombrait dans la dépression tandis qu'elle me criait, à moi, d'arrêter d'être faible. C'est un comble, n'est-ce pas? 

Pleurer, dans un moment de détresse pour demander du réconfort autour de moi? Ma mère me l'a toujours interdit.

Elle me disait qu'avec l'expérience, la fameuse phrase: "pleure, ça te fera du bien" n'était qui mythe.

Elle n'a pas tord et j'en suis sûre aujourd'hui; quand je vois cette lueur de pitié dans ses yeux. Je pleure de voir ma mère dans cet état, mais mes larmes coulent aussi de me montrer si fragile et délicate, face à quelqu'un.

Pour vous dire, même mes meilleurs amis ne m'ont jamais vu dans un tel état. J'ai toujours tout fait pour me montrer forte face au monde extérieur, comme le lycée.

Même mon dernier amour, qui d'ailleurs, m'a tant fait souffrir, ne m'a jamais vu si instable. Bref, comme vous l'avez compris, en ce moment je me montre faible et j'ai honte.

Et quand Evan essaye de me réconforter, c'est encore pire. Alors je pleure encore plus, sans pouvoir m'arrêter.

...j'ai si peur, si peur de mal le connaître.

Si peur qu'il puisse utiliser ma faiblesse contre moi, un jour. Je suis effrayé à l'idée qu'il puisse le dire à tout le lycée et qu'ainsi, tout mes efforts soient gâchés.

Je n'ose même pas le regarder dans les yeux. Il faut qu'après cette nuit, je sorte cette personne de ma vie. Après tout je le connais à peine, alors il est encore temps que je le balaye de ma vie d'un revers de la main, sans souffrir. Chose que je ne pourrais pas faire avec Sam et Charlotte.

Peut-être aurai-je un pincement au coeur, le temps d'une seconde?

Je m'en rend compte quand il s'approche de moi, hésitant. Je ne le regarde pas mais je vois ses pieds se déplacer. S'avancer, vers moi.

Toujours la tête baissée, je sens ses bras s'entourer autour de mon dos. Je ne bouge pas, mes bras sont toujours le long de mon corps, sans suivre le mouvement pour répondre à son étreinte.

Je suis consciente que ce n'est pas l'encourager, lui, qui manque tant d'aisance et d'assurance, en temps normal. Mais voyez, je ne peux pas.

Je ne pourrai maintenant plus regarder Léonie sans me sentir honteuse. Cette fille que je déteste tant, me pourrit la vie.

Je ne peux m'empêcher de penser à la souffrance que j'ai ressenti quand Raphaël m'a trompé. J'étais anéanti. Je ne l'ai montré à personne, pas même à lui, mais mes larmes ne cessaient de couler silencieusement, tel un glapissement.

Quand j'ai appris qu'il était tombé amoureux d'une autre, alors qu'il osait encore m'embrasser et me toucher, une envie de vomir constante m'avait prise, pendant trois mois. Mais cette envie de vomir venait de quelque chose... je pleurais jusqu'à m'en faire vomir, jusqu'à épuisement, chaque soir après les cours.

La journée je ne montrais rien. Je me montrais comme aujourd'hui, gentille et enthousiaste, bien que ma tendance  à être lunatique avait disparu, car je faisait constamment semblant... semblant d'aller bien et d'être joyeuse. Alors je ne me montrais plus dure et intolérante comme j'ai toujours pu le faire, quand je me levais du mauvais pied.

Audacieuse Comme L'Amour (PAUSE) Où les histoires vivent. Découvrez maintenant