Chapitre 53 : Ne dis rien ...

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J'ouvris les yeux avec difficulté, sentant une immense fatigue m'accueillir. Je ne me rappelais même pas m'être endormie hier soir. Je devais être épuisée. Qu'est-ce que j'avais bien pu faire ? Soudain, Les évènements de la veille me revinrent à l'esprit. Carl. Isabelle. Le bébé.

Je tournai la tête, mais je ne vis que des draps. Je me redressai immédiatement, en regardant partout autour de moi. Le constat était le même : il n'y avait aucune trace de Carl.

Peut-être que j'avais rêvé de tout ça ! Mais bien sûr, ça devait être ça ! Cette histoire était tellement bizarre que j'avais forcément dû rêver ! Je me mis même à soupirer de soulagement. Soulagée que cette situation ne soit que le fruit de mon imagination. Mais je fus vite découragée quand la porte de ma salle de bain s'ouvrit pour laisser passer Carl.

Il portait toujours le jogging que je lui avais passé la veille, mais son torse était maintenant nu. Il avait toujours la même tête d'enterrement.

Quand il remarqua que j'étais réveillée, il me rejoignit dans le lit et se glissa sous les draps. Il se rapprocha de moi, puis m'entoura de ses bras. Une vague de chaleur assez familière m'envahit et pendant quelques secondes j'oubliai tous nos problèmes. Je calai ma tête dans le creux de son cou et je souris quand il déposa un baiser délicat sur mon front.

- Bonjour, dit-il dans un murmure.

- Bonjour... Répondis-je sur le même ton.

- Bien dormi ?

- Je ne sais pas, dis-je honnêtement. Et toi ?

- Pas vraiment.

Il bougea comme s'il cherchait à être plus à l'aise et lorsqu'il trouva la position qui lui convenait, il s'arrêta. Moi, j'étais toujours dans ses bras. Il se mit à me caresser les cheveux d'un geste machinal et je fermai les yeux malgré moi. C'était trop bon. Trop bon de me lever comme ça, près de lui. Trop bon d'être dans ses bras.

Mais malheureusement, cela ne durait jamais. Et c'était encore moins possible maintenant, après tout ce qu'il devait gérer.

- Tu sais, je veux faire les choses bien. Dit-il comme s'il lisait mes pensées.

Je l'écoutai sans rien dire parce que je ne voulais pas que mes émotions me trahissent. Je ne voulais pas lui avouer que pour moi faire les choses bien aurait été de laisser Isabelle s'occuper de son bébé toute seule ! C'est vrai quoi ! Selon ce que j'avais entendu, cette fille s'était faite sauté par la moitié du lycée... Pourquoi son bébé devait-il être de Carl ?

De quel droit pouvait-elle gâcher sa vie comme ça ?

Comme il vit que je ne répondais pas, il continua :

- Tu sais, ça aurait été pareil que ce soit Isabelle ou une autre. Je ne pourrai jamais vivre en me disant que j'ai laissé tomber mon fils quelque part. Je sais ce que ça fait que de grandir sans père. Je le vis depuis 7ans maintenant et je déteste chaque seconde. Après ce qui s'est passé, je me suis juré que je prendrai soin de mes enfants, que je ferai tout pour être un vrai père pour eux. Encore plus que le mien ne l'a été pour moi. Je sais que c'est difficile à comprendre et que c'est certainement stupide sortant de la bouche d'un adolescent mais je suis à 100% sûr que c'est la bonne chose à faire.

J'avalai difficilement ma salive, sentant un malaise m'envahir en entendant ces mots. La détermination que j'entendais dans sa voix me surprit et j'eu un profond respect pour lui. Il allait prendre soin de son bébé et d'Isabelle, comme il est sensé le faire. IL allait se comporter en homme, mais en réalité Carl était toujours un garçon.

Il avait toute la vie devant lui pour être père, avoir des enfants et leur apporter tout son amour. Il était trop jeune ! Il n'avait même pas fini de s'occuper des cours et des examens. Il n'avait même pas encore choisi l'université dans laquelle il allait construire sa vie et il devait déjà s'occuper d'un enfant ?

Amis pour la Vie ?Où les histoires vivent. Découvrez maintenant