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JESSICA

Je presse le bras de Garance, ma cousine, qui émet un cri de douleur. Elle pose des yeux bleu-vert sur moi, et m'interroge du regard : "C'est quoi ton problème ?"

- Elle a lâché Jack dans l'eau, je dis au bord des larmes.

Elle roule des yeux avant de remettre ses écouteurs dans ses oreilles.

- C'est la vie, elle me souffle avant de s'affaler dans son siège.

Mon film étant terminé, il me reste quatre heure et demi de vol. Pour tuer le temps, je regarde un épisode de Dynasty en version originale, mais la fatigue prends le dessus, et je m'endors sur l'épaule de mon aîné.

Je sens un souffle sur mon visage, puis une violente claque qui me procure des picotements sur la joue. Je me réveilles, allongée entre mon siège et celui de mon frère, qui est debout, impatient, et croises les bras. Je lui donne un coup de pied à un endroit précis, mais je le rate.

- Qu'est-ce-qui se passe ? je demande en baillant.

- On va bouffer.

- Ok... Pourquoi t'es debout ?

- Je suis allé pisser, ça te dérange ? Laisse-moi passer.

Je pousse un soupir. Mon frère se rassoit sur son siège en prenant soin de m'écraser le pied et nous attendons patiemment que l'hôtesse de l'air nous apporte le repas. Soudain, une voix retentit dans les haut-parleurs.

- Chers voyageurs, ici votre pilote à bord de la cabine de pilotage, nous rencontrons une zone de turbulence, veuillez regagner vos sièges.

Garance me lance un regard inquiet et serre ma main. C'est elle qui stresse le plus depuis qu'on a embarqué.

- Ça va aller, ne t'inquiète pas, je lui dit avec un ton qui se veut rassurant.

Un petit garçon qui semble être perdu s'arrête à mon niveau et pose sa main sur la mienne.

- Ça va mon bonhomme ?

- Arrête de draguer le petit, ironise mon frère.

Je l'ignore et me concentre sur le petit brun au bord des larmes.

- Est-ce-que tu peux m'aider à retrouver ma maman s'il-te-plaît ?

- Oui, pas de problème, je lui souris tendrement.

Je me lève et attrape sa main. Je lance un regard vers ma famille et mon cousin, Stéphane, le frère de Garance me fait un clin d'œil :

- Adieu, au cas ou les turbulences deviennent plus intenses.

Je lève les yeux au ciel devant une telle idiotie.

- Comment tu t'appelles ? Je demande au petit garçon pendant qu'on avance dans l'allée.

- Arthur, répond-t-il en séchant ses larmes. Et toi ?

- Eh, ne pleures pas ! J'essaie de le rassurer en m'agenouillant devant lui. Moi c'est Jessica. Pourquoi tu as peur ?

- Maman m'a parlé de crash d'avion, parce qu'on a vu une image à la télé et ça me fait peur. Je ne veux pas mourir, Jessica.

- Mais on ne va pas mourir ! Il y a juste quelques complications, mais ce n'est rien de grave. Comment tu as perdu ta maman ? 

Il me réponds qu'il était allé au toilettes, et nous parcourons ensemble quelques mètres jusqu'à ce que son regard s'illumine. Je regarde dans la même direction que lui, côté hublot et vois une jeune femme brune, qui dors paisiblement.

- C'est ta maman ? je lui chuchote à l'oreille.

Il hoche la tête et enjambe l'homme qui est sur le premier siège. Ce dernier le fusille du regard, et je souris en voyant Arthur enrouler ses bras autour de sa mère, qui se réveille en sursaut. Elle lui souris tendrement, puis bascule son attention sur moi après s'être entretenue avec son fils. 

- Merci beaucoup de l'avoir ramené ici, c'est vraiment très gentil de ton part !

Je fronce les sourcils devant cette faute de français, puis  réalise qu'elle a un petit accent, et lui lance un sourire. Quand je regagne mon siège, les repas ont déjà été servis, et je surprends Mathias, mon frère, avec sa fourchette dans mon plat.

- Dégage de là ! 

Il plonge son regard dans le mien tout en savourant le riz qu'il m'a volé. Rien que ça, c'est une raison pour le tuer. Puis vient le tour de Stéphane, qui prend soudainement une bouteille sur mon plateau.

- Qu'est-ce-que tu fous ? 

- Tu ne bois pas de la bière, si ? 

- Non mais tu rigole ? Evidemment que j'en bois ! 

Il me fixe et part dans un éclat de rire, et je lui donne une frappe sur la tête en lui ordonnant d'enlever cette bouteille de ma vue avant que je me soûle. Il ne me reste que l'eau en brique Cristaline, alors que les autres membres de ma famille ont un gobelet rempli de soda en supplément. 

- Hé ! C'est pas juste ! Pourquoi j'ai pas de boisson ? 

- Ah, ça, c'est moi ! Lance Mathias, triomphant. J'ai dis que tu ne voulais rien.

- Fils de...

Cet abruti a la même génitrice que moi, cette insulte me retomberait en pleine face.

- Fils de la plus gentille des mamans, fais-je sarcastiquement.

Garance et Stéphane se lancent un regard l'air de dire "Heureusement qu'on est pas comme eux". Une fois le repas terminé, je décide de me rendormir, parce que je me suis levée à quatre heures ce matin, qu'il est deux heures de l'après-midi et que je n'ai dormi que deux heures depuis.

Quelques minutes plus tard, une voix retentit à travers l'avion. Et après cette annonce, je n'arrive plus à fermer l'œil.

CRASHOù les histoires vivent. Découvrez maintenant