~3~

65 8 4
                                    

JESSICA

- Chers voyageurs, je vous annonce qu'un de nos moteurs à pris feu, nous ne pouvons pas atterrir en urgence car nous sommes au dessus de l'eau, en attendant que nous trouvions une solution, merci de regagner vos places, réveiller vos voisins et de vous préparez à une éventuelle évacuation.

Les commentaires fusent en un rien de temps. Garance serre sa main dans la mienne. Elle qui n'est pas rassurée par les voyages en avion, ça doit être terrible.

- Dis-moi que ça va aller, elle murmure.

- Tout va bien se passer, ne t-inquiète pas.

Je remarque qu'elle avait tendance à me rassurer quand j'avais peur, plus jeune. Et aujourd'hui, c'est moi qui essaye d'effacer sa frayeur. J'ai peur aussi, évidement, mais pas autant que ma cousine. Je la sens trembler à côté de moi. Elle qui est deux ans plus âgée de moi, j'aurais voulu pouvoir compter sur elle. Entre nous, je sais bien que mon frère ne me rassurera jamais avec une phrase digne de ce nom, appart si "On va tous mourir" compte.

Garance serre la sangle de sa ceinture, puis relève ses cheveux en queue de cheval. À côté de moi, mon frère ne semble pas inquiet, il est en plein débat avec Stéphane.

- Mais c'est grave stylé ! Attends, on pourra devenir célèbre !

- Il faut déjà qu'on se crashes, lance mon cousin.

- Et que tu survive, j'ajoute. Avec ton mental,ça va être dur.

Il me donne une légère claque, alors que j'en rigole. Tout à coup, l'avion tangue vers la droite, et Garance pousse un cri qui me détruit le tympan. Je ressens la même sensation que si je faisais un manège dans le bas du ventre. Ma cousine appuie sur mon bras qui s'écrase sur l'accoudoir. A tout les coups, j'aurais des traces. Quand tout revient en ordre, tous les passagers sont paniqués. Garance la première.

- C'était quoi, ça ?

- Je pense qu'ils veulent éteindre le feu en plongeant le moteur dans l'eau. Après il ne marchera plus, mais bon.

- Mais ta gueule Mathias ! Tu ne vois pas qu'elle stresse ?

Garance fond en larmes. Elle plante ses ongles dans ma paume, me créant des entailles mais je ne dis rien. De longues minutes passent mais aucun de nous ne prononcent un mot. Le stress est à son comble. Je tape nerveusement du pied, en essayant d'ignorer les cris d'enfants apeurés, et les brides d'adieux. C'est peut-être ce que l'on devrait faire. Se faire nos adieux. Mais je refuse d'abandonner, on ne sait même pas la suite des événements. Il y a encore de l'espoir. Enfin, il y en avait jusqu'à maintenant...

- Mesdames et monsieurs, des gilets de sauvetage vont pendre au dessus de vos têtes, merci de les enfiler et de vous diriger doucement vers la sortie de secours. Surtout garder votre calme, si vous n'êtes pas sortis de l'avion alors qu'on approche de l'eau, pas de panique. Nous allons nous poser sur l'eau, mais le maximum de personnes doivent être évacués. Les hôtesses de l'air sont là pour assurer votre sécurité.

Avant même qu'elle ait finis son annonce, tous les passagers se ruent vers la porte de secours dans un brouhaha incroyable, à croire que quelques uns sont devenus bilingues. Nous restons tout les quatre à nous dévisager, en attendant que Stéphane, l'aîné nous donne des instructions. Il enfile son gilet  et nous l'imitons, les mains tremblotantes. Il se lève et on le suit jusqu'aux portes de secours. Garance cherche du réconfort dans les bras de son frère qui la câline tendrement, en lui murmurant des paroles réconfortantes. Mon frère, lui, me fixe, comme s'il hésitait à prononcer quoi que ce soit.

- T'as peur ?

- Tu sais bien que c'est pas mon genre...

Malgré la gravité de la situation, on sourit. Autour de nous, les passagers continuent de nous bousculez et de gémir, mais ça ne dérange pas Mathias. Il pose son regard sur ses baskets, et sa voix tremble légèrement.

CRASHOù les histoires vivent. Découvrez maintenant