RAPHAËL
Je me réveille à cause d'un coup dans mon épaule, et c'est avec horreur que je découvre les jumeaux sur les deux sièges près du mien. Quand je m'étais endormi, j'étais à côté de ma mère, et maintenant, à côté de ces deux diables. Je cherche des yeux ma génitrice, qui profite de quatre places libres pour dormir. Super ! Je vais devoir jouer au babysitter pendant les prochaines heures.
- Bon, je lance aux deux gosses, vous voulez pas regarder un film ?
Une voix dans ma tête me dit de leur mettre Titanic, parce que c'est le plus long film que je connaisse. Mais ma raison reprend le dessus.
- Moi je veux jouer à ma DS, exige Romane.
- Et moi à l'Ipad.
- Très bien, fais-je en leur tendant leurs jouets électroniques.
Je me lève, en les écrasant au passage, histoire de me dégourdir les jambes. Et je profite du fait que je sois au fond de l'avion, à côté des réserves, pour (re)demander du Sprite. L'hôtesse me lance un regard mécontent, comme une façon de me dire que j'abuse. Quand je vais me rassoir à ma place, les jumeaux ont le nez collé à leurs objets électroniques. Je décide de me matter un petit film sympa, Le Labyrinthe pour tuer le temps. Au bout d'un moment, une odeur néfaste me chatouille les narines. Je n'y prête pas attention et continue mon film, de plus que je suis en pleine scène d'action. Pourtant l'odeur me dérange vraiment, et une couleur orange apparaît dans mon champ de vision. Je détourne les yeux de mon écran, regarde à travers le hublot et manque de pousser un cri d'horreur. À quelques mètres de là, le moteur de l'avion prend feu.
Comment est-ce possible ?
Dans le feu de l'action, je ne pense qu'à aller voir l'hôtesse qui à l'air de me détester. Les petits me bloquent le passage, et prennent du temps à se détacher de leurs jeux, parce qu'ils sont "en pleine partie".
- Bougez-vous, et écartez-vous de la fenêtre !
- La fenêtre ? Répète bêtement Ruben. Pourquoi ?
Sa jumelle se penche vers l'endroit défendu et pousse un cri d'extase. Ruben s'y approche aussitôt sans exécuter mes ordres. Je me dirige vers le fond de l'avion en soupirant, et quand l'hôtesse m'aperçoit, elle le fait aussi.
- Si tu continues, je vais devoir te faire payer !
- Euh... je lance conscient qu'on descendra de l'engin dans quelques instants. Il y a un problème. Il y a une aile qui est en train de prendre feu.
Elle lève les yeux au ciel, en murmurant un "Mais oui, bien sûr", mais son expression de change quand de voit aiguës m'appellent.
- Raphou ! Raphou ! Viens-voir, vite !
Je déteste ce surnom. On dirait celui de la mascotte des crêpes Yahoo. Je sais que ce n'est pas le moment, mais je tenais à le dire. D'un pas las je rebrousse chemin, et la femme en uniforme me dépasse pour aller jusqu'à mon siège. Elle pousse un cri d'horreur et court vers l'avant de l'engin, sûrement pour prévenir les pilotes. Je demande alors à Romane et Ruben de réveiller notre mère, histoire qu'elle soit au courant et que je regarde ce qu'ils voulaient me montrer en toute tranquillité. Et c'est flippant. Le moteur est en lambeaux, totalement cramé, tandis que le feu se répands sur le côté hublot. Des gens à quelques mètres plus loin commencent à se lever en poussant des cris de stupeur, tout en essayant de s'éloigner de la vitre. Ma mère qui vient de se réveiller, vient vers moi avec les jumeaux.
- Qu'est-ce-qu'il se passe ?
- Il y a le feu au moteur. Et maintenant il se propage.
Elle ouvre grand les yeux et me bouscule pour aller voir. Puis elle me lance nos affaires, en m'ordonnant de les mettre un peu plus loin, avec les gosses. J'ai envie de lui rétorquer que ça ne servira à rien, qu'on va se crasher et que tout est fini, mais je me retiens. C'est étonnant comme je me sens serein dans ce genre de situation. Enfin, il faut dire que rien d'extraordinaire arrive dans ma vie, alors je profite de cette occasion-là.
Tout à coup, une voix retentit dans les haut-parleurs. En reconnaissant le ton effrayé de l'hôtesse, j'esquisse un sourire.
- Chers voyageurs, je vous annonce qu'un de nos moteurs à pris feu, nous ne pouvons pas atterrir en urgence car nous sommes au dessus de l'eau, en attendant que nous trouvions une solution, merci de regagner vos places, réveiller vos voisins et de vous préparez à une éventuelle évacuation.
Pendant qu'elle répète le message dans un anglais médiocre, les premières larmes commencent à couler. Romane et Ruben s'accrochent à ma mère, comme si elle pouvait les sauver. Ma génitrice, elle, ferme les yeux en leur caressant les bras. Je capte des brides de conversations d'adieux, des paroles pour rassurer, et autres phrases qu'on dirait dans ce genre de moment. Alors que je suis debout dans l'allée, l'avion commence à tanguer et je me rattrape sur l'accoudoir d'un siège, sous les cris effrayé des passants.

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CRASH
Novela JuvenilL'avion est un transport qui vous procure plein de sensations. L'adrénaline, les oreilles bouchées, les gargouillements dans le ventre. Mais cette fois, ça allait au dessus de tout ça.