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JESSICA            

Quand je vois l'avion couler, je ne réfléchit pas : je dois aller sauver Mathias et Stéphane. Le gars qui m'a forcé à sauter de l'avion essaye de me retenir, mais je suis décidée à leur sauver la vie. Pourtant, ce n'est pas si facile. Ma vue est brouillée à cause du sel et l'avion descends en profondeur à une vitesse folle. Mes yeux me piquent, donc je les ferment et continue à m'enfoncer en profondeur en me guidant avec ma mémoire. Je touche alors un métal froid, et je me force à ouvrir les yeux pour vérifier que c'est bien ce que je cherche : l'avion. C'est alors que je perçois, malgré ma vision floue, une silhouette qui ressemble à un enfant, les mains tendues dans le vide. Des bulles entourent mon l'atmosphère, je réalise que ce sont celle de ma respiration et que je ne tiendrais plus longtemps. Je nage jusqu'au petit qui se révèle être Arthur et attrape sa main pour le traîner derrière moi. Il ne me reste plus qu'à sortir de l'épave pour survivre. Mon souffle commence à me manquer. Je nage vers la surface, ma main empoignant celle d'Arthur, mais un détail me retient. Un corps flotte devant moi. Je le reconnais aussitôt. C'est celui de mon frère. Je pousse un cri étouffé qui crée des bulles au niveau de ma bouche. Inconsciemment, je lâche Arthur. Est-ce-que je dois laisser un enfant âgé de cinq ans mourir et sauver mon frère ou le contraire ? Mon souffle est quasi inexistant et je me sens faiblir. La mer est déchaînée autour de moi,rappelant l'événement tragique qui vient de se passer. Le soleil se reflète dans l'eau, ce qui ne colle pas du tout à la situation. Ou alors c'est la fameuse lumière qui vient me ôter la vie. Alors que mes yeux se ferment et que je prends une dernière inspiration, une poigne de fer me pousse hors de l'eau. Je réussis à attraper la main d'Arthur, en puisant dans mes dernières forces.

                                                                                                   *

Je pleures de bonheur en voyant mon frère à la surface de l'eau. Il est là, et j'en ai la preuve concrète. Arthur est cramponné à mon t-shirt, et je le tiens dans mes bras, en le serrant aussi fort que je peux. 

- Pourquoi tu pleures, me demande-t-il d'une petite voix, comme s'il avait peur de réveiller les poissons et autres animaux marins qui vivent sous nos pieds.

C'est comme si toute la frayeur s'était dissipée en un instant, que je relâchait prise.

- C'est mon frère...

L'inconnu, parce que je ne connais toujours pas son nom nage vers nous, avec un sourire aux lèvres. 

- Tu pleures ? il me demande, une fois à ma hauteur. Je sais que c'est beau de me voir sortir de l'eau, le corps luisant tel un héros de film, mais quand même !

Malgré moi, j'esquisse un sourire. Je me surprends à être rassurée que mon frère soit dans cet état, parce qu'il aurait pu s'emporter à cause de cette phrase. 

- Pourquoi tu souris ? 

- J'ai vu des valises et peut-être ton cousin. Il est blond ? 

J'acquiesce, prise de soulagement. Dans mes bras, le petit s'agite.

- Je veux voir ma maman, sanglote-t-il. 

- Je te jure qu'on va la retrouver. Je te le jure. 

- Bon, je voudrais bien sauver des vies, intervient l'inconnu. 

C'est incroyable de voir un être aussi calme dans ce genre de situation. Je détache mon gilet de sauvetage pour le passer au dessus de la tête de mon frère mais l'autre en fait apparaître un de nul part, et je devine qu'il est allé le dénicher dans l'avion. 

- Tu lui fais un massage cardiaque ? Je parie que tu l'as déjà embrassé sur la bouche. 

Je fronce les sourcils, amusée.  

- Comment tu sais ça ? 

- J'ai un frère et une sœur qui sont jumeaux. Je sais qu'on fait ce genre de chose, petits. 

Avant qu'il replonges à la recherche de Stéphane, consciente que c'est peut-être la dernière fois qu'on se voit, je lui demande : 

- Comment tu t'appelle ? 

- Raphaël. 

Pendant le massage cardiaque, je me répète son prénom en boucle, rythmant le mouvement de mes mains. Je perds la notion du temps, et pries pour que Mathias se réveille. Soudain, j'entends une expiration et mon frère se relève brusquement, crachant ses tripes. Il est en vie. 

CRASHOù les histoires vivent. Découvrez maintenant