- ...
Moi: casses toi.Il s'retourne vers ses potes et pars limite en courant.
Quelques minutes après des phares m'aveuglent.
- montes vite !
Un petit sourire se dessine sur mes lèvres. Lui c'est un sah, le seul qui me reste.J'monte dans la voiture et cale ma tête contre le siège.
- tu m'casses les yeuk a faire des virées a l'autre bout d'la France tous les soirs.
Moi: tu m'emmènes chez oit ?
- tu veux que j'te laisse nehess sur un banc pour t'retrouver gelé demain sbah ?
Moi: *rire* enculé.Un blanc s'installe.
Il a les yeux rivés sur la route et les miens revoient mon enfance, ma mère, l'accident du daron, tout, tout c'qui fait qu'aujourd'hui j'suis un simple tas d'cendre.
Flashback
•Ma mère: BILEEEEL !
Aucune réponse.
Ma mère: Bilel... réponds ! Bilel !
Elle secoue le corps inerte du daron, ensanglanté par terre. J'l'ai jamais vu comme ça ma mère.
Ma mère: appelles les pompiers vite !
J'prends mon téléphone dans ma poche et compose l'numéro. Jamais j'aurais pensé avoir a l'faire un jour d'ailleurs. Ce putain de numéro qu'on compose que dans les films.
J'passe l'appel, on m'dit qu'ils arrivent dans pas longtemps.
J'vois ma mère entrain d'se vider d'ses larmes devant moi et mon père de son sang.
Moi j'suis vide, brisé, depuis longtemps d'ailleurs.
Les pompiers s'ramènent 20 minutes après. Ils ont embarqué mon père.
Ma mère m'a laissé sur l'trottoir en leur disant que j'étais pas leurs fils.
Hella comme vie vous trouvez pas ?
Fin du flashback
•
J'ai maintenant 17 ans, ma mère m'a mit en internat, j'y ai rencontré Amir, un bon gars sah.
J'passes la plus part de mes nuits chez lui quand on m'met a la porte.Sa daronne c'est la mienne, elle m'a nourrit, logé, élevé. J'lui en serait jamais assez reconnaissant.
Amir: oh frérot tu penses a quoi ?
Moi: rien gros, rien.
Amir: te casses pas l'crâne avec ces anciennes histoires wAllah.
Moi: y'a rien, j'pensais pas à ça.
Amir: *rire* ma daronne elle va être contente d'te revoir, juste hier elle m'demandait d'tes nouvelles.J'souris malgré moi.
Vous voyez ce genre de personnes qui sont pas d'ta famille mais qui s'occupe de toi mieux que personne d'autre ?C'est ce genre de femme la mère d'Amir.
Après une bonne vingtaines de minutes on arrive devant chez lui.
J'pourrais même pas vous décrire l'expression d'khelti quand elle m'a vu. Elle m'a serré dans ses bras comme si elle voulait plus que j'parte.
Elle passe ses mains sur chacune de mes joues.Khelti: t'étais où toi ?!
Moi: un peu partout khelti.
Khelti: ah non ! Y'a pas de ça avec moi !
Moi: j'suis un débrouillard, tu l'sais depuis l'temps.Elle soupire, j'peux lire de l'inquiétude sur son visage, pourquoi elle s'préoccupe tant d'moi ?
Moi: tu m'laisses pas entrer ? Ça y est j'pars quelques jours tu m'oublies ?
Elle m'met un coup sur l'épaule, j'souris.
Khelti: quelques jours ?! Ça fait bien 6 mois y'a l'hmar !
Moi: *rire* c'est rien khelti wAllah, tu t'prends trop la tête pour moi, tu devrais pas.
Khelti: arrêtes de rejeter l'aide des gens weldi, j'dois te l'dire combien de fois ? T'es comme Amir pour moi.J'la regarde sans trop savoir quoi répondre. J'ai pas l'habitude de ça, j'avoue que j'suis le genre de mec qui pousse a bout et que j'mérite pas autant d'attention mais elle s'est toujours donné du mal pour m'faire plaisir et m'rassurer comme.
Flashback
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Amir: maman, y'a mon pote qui dort ici ce soir, ça t'dérange pas ?
C'est a ce moment qu'une femme entre dans le salon, un tablier autour de la taille et un foulard sur la tête.
Elle inspire la tranquillité, la bonté.Inconsciemment j'me retrouve a la comparer a ma mère; pas grand chose a voir ensemble.
La dame: eh mon fils ? Tu m'écoutes ?
J'lève les yeux vers elle. C'est moi qu'elle vient d'appeler comme ça ?
Elle: tu viens d'où ?
Moi: Anderlecht
Elle: c'est loin ! T'es venu comment ?
Moi: a pied m'dame.Elle écarquille les yeux et regarde Amir étonnée.
Elle: ... d'accord. Bon t'es le bienvenu ici, tu viens quand tu veux.
Moi: c'est gentil m'dame.
Elle: m'appelle surtout pas comme ça ! Tu vois pas que j'suis jeune ?Je souris. Décidément, elles ont vraiment rien a voir.
Fin du flashback
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Le cœur d'un homme
ActionSi aujourd'hui on m'demandait d'raconter cette putain d'histoire, j'saurais même pas par où commencer. J'étais q'un putain d'gamin, un gamin avec un coeur, aujourd'hui c'est rien d'autre qu'un vieux glaçon.