17 - Hunter

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 Je ne pouvais pas m'arrêter de la regarder en douce. A chaque fois qu'elle entrait dans une pièce, ou qu'elle passait près de moi, je l'observais du coin de l'œil. Le mouvement de ses hanches quand elle marchait, le vent dans ses cheveux quand on marchait le long du trottoir, le soleil depuis la fenêtre de la chambre qui caressait son visage endormi au petit matin... Je ne comprenais toujours pas ce que j'avais fait pour mériter qu'elle soit là, avec moi. Je n'ai pas réfléchis quand je lui ai proposé de l'héberger, mais ça m'était apparu comme une évidence. Elle devait être avec moi, et personne d'autre, putain. Je l'aime comme c'est pas permis, et ça me fout la trouille.
Bizarrement, à chaque fois que je pose les yeux sur elle, tous mes doutes s'envolent, toute ma peur disparaît et je n'ai plus qu'elle en tête. Elle est la seule voix qui résonne dans mon esprit, et je n'écoute qu'elle.
Depuis qu'elle est arrivée ici, je n'ai pas arrêté d'écrire et de composer. Elle n'en a aucune idée parce que, la plupart du temps, je m'attelle à la tâche pendant qu'elle travaille chez Bob. Je ne tiens pas vraiment à ce qu'elle me surprenne à nouveau en douce en train d'enregistrer au studio, parce que je veux que ça soit une surprise. Mon oncle est le seul à écouter mes morceaux, et je devais avouer qu'il m'était d'une grande aide dans la partie créative.
Voilà trois jours qu'elle m'avait parlé de son projet d'aller étudier à UCLA. J'ai été heureux et soulagé qu'elle décide de rester en Californie, et je crevais d'envie de déménager là-bas avec elle. Je ne supportais pas l'idée qu'elle puisse se retrouver dans un dortoir plein d'étudiants en chaleur. J'avais déjà du mal à supporter le regard des autres hommes qui se posaient sur elle quand on sortait. Elle ne s'en rendait même pas compte : tous les mecs la matent sans vergogne et il faut que je lui prenne la main ou passe mon bras autour de ses épaules pour signifier qu'elle était déjà prise. Et elle n'avait aucune idée de l'effet qu'elle faisait sur les gens autour d'elle : sa beauté n'a pas d'égale, et je suis le mec le plus chanceux du monde.
Je ne parvenais toujours pas à comprendre non plus comment elle a pu me pardonner ce deal avec sa tante. Je pensais honnêtement qu'elle serait plus rapide à trouver des excuses à Anna qu'à moi, étant donné qu'elle était la seule famille qu'il lui restait... mais quand nous sommes retournés dans cette énorme baraque pour chercher ses affaires, j'ai compris. Cette meuf était une véritable folle à lier, complètement tarée et déséquilibrée, et elle cachait bien son jeu jusqu'ici. Je sentais que Lena ne me disait pas tout, mais je ne voulais pas la brusquer. J'ai déjà failli la faire pleurer dans la cuisine l'autre jour en lui rappelant sa mère, et je ne voulais pas risquer que ça recommence. Je n'avais aucune idée de comment gérer son deuil. C'était assez facile à oublier, surtout quand elle était en train de gémir dans mes bras sous mes caresses. Mais elle avait bel et bien perdu sa mère il y a à peine un mois, et j'étais complètement perdu à l'idée que toute cette tristesse refoulée ne la rattrape. Je n'étais pas doué pour aider les gens, jamais. C'était sans doute pour ça que je me montrais si égoïste, d'habitude. Mais je ne pouvais pas être égoïste avec elle : elle méritait bien plus que ça.

Entre temps, j'ai réussi à régler toutes mes factures. Je serai tranquille pendant un moment, surtout qu'il faudrait que je me décidé à vendre cette maison, mais j'avais envie de parler à Bob d'abord. C'est pourquoi je décidai de me rendre au label un peu plus tôt que prévu. Je devais accepter l'idée que j'avais besoin d'aide, surtout pour prendre une telle décision. Je n'avais jamais rien connu d'autre que Carmel, et l'idée de partir me perdre dans une aussi grosse ville que Los Angeles était un peu effrayant, même si je ne voulais pas l'admettre. J'avais besoin d'être rassuré de ce côté-là, et la seule personne sur qui je pouvais compter ici – à part Lena, bien sûr – c'était mon oncle.

Je pris donc soin d'éviter de passer devant le bureau de Lena en arrivant, car je ne voulais pas vraiment qu'elle sache que j'avais besoin des conseils de son patron quant à mes projets d'avenir.

Write me a love song [En correction]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant