Ils sont sur le toit, comme quelques semaines auparavant. Inès n'a toujours pas avoué la nouvelle que lui avait annoncé le docteur. Ce n'est pas le bon moment. Ce n'est jamais le bon moment. A chaque fois, elle passe des moments magiques en compagnie d'Anthony, elle n'a pas envie de tout gâcher. Alors, oui, il sera sans doute triste, et oui il lui en voudra sûrement, mais elle espère qu'il comprendra et acceptera.
-ce soir, Anthony, j'aimerai te chanter une chanson.
Une phrase, pour annoncer la couleur, puis elle débute. Ses paroles viennent du plus profond d'elle, viennent de son coeur, et pour la première fois depuis longtemps, elle se lâche. Tout ses sentiments enfouis à six pieds sous terre remonte à la surface, elle extériorise tout. Elle aimerait crier au monde entier à quel point elle l'aime la vie, elle aime sa mère, son père, son oncle, Anthony, et comment elle est avec tout les gens qui sont atteint de cette maladie qui vous ronge et vous pourrie de l'intérieur. Mais elle est forte, alors elle se battra jusqu'au bout, jusqu'à la fin.
Anthony la fixe avec des yeux amoureux. Elle est tellement belle, si paisible. Il a un peu peur car elle force plus que ce que le médecin avait conseillé. Il espère que cela n'aggravera en rien la situation. Les paroles de sa chanson le touche en plein coeur. Il l'aime, elle l'aime, que demander de plus?
Elle termine. Les larmes continuent de couler le long de ses joues. Elle a l'impression que depuis ce jour, ce fameux jour où le médecin lui a annoncé qu'elle était atteinte du cancer, elle a vidé toutes les larmes de son corps. Elle ne savait même pas qu'elle était composé d'autant d'eau. Et ce n'est peut-être pas qu'une impression. Mais ces larmes seront sans doute ses dernières. Mais à ce moment, elle est là, debout, devant Anthony, et elle rayonne. La tête levée vers le ciel, elle continue d'espérer, car Anthony lui redonne espoir. Sa présence la calme dans ses pensées qui penchent vers le côté sombre. Ils restent un moment silencieux, Inès qui regarde le ciel et Anthony qui la regarde. Si ils pouvaient arrêter le temps, ils l'arrêteraient sûrement à ce moment.
Tout à coup, elle se met à tousser, fort, du sang sort de sa bouche, de sa gorge. Elle tombe accroupie, une main sur le ventre, l'autre par terre. Anthony change d'expression, il affiche désormais une mine paniqué. Il se dirige à présent vers l'escalier, ouvre la porte, appelle une infirmière, un médecin, tout ce qu'ils voulaient mais quelqu'un qui vienne lui venir en aide. Deux infirmières qui passaient par là accourent, l'une appelle du renfort, l'autre s'accroupie au niveau d'Inès. Elle lui met des tapes dans le dos tout en lui chuchotant du réconfort à l'oreille. Anthony assiste à la scène, totalement impuissant, comme lors de l'accident. Des médecins arrivent, avec un brancard et la transporte à l'intérieur. La dernière image qu'il a d'elle sont ses yeux, qui le fixent avec intensité, comme si ils voulaient lui faire passer un message. Puis c'est le noir.* Il se réveille en sursaut. Il a froid. Et ce n'est pas normal car il s'est endormi à côté de sa petite soeur, qui lui tenait chaud. Comme il avait prédit, elle n'est plus dans le lit. Il veut se lever mais ses jambes n'obéissent pas. Seul ses bras bougent. Il cligne plusieurs fois des yeux, afin de s'habituer à l'obscurité. Il se souvient. L'accident, les phares, la voiture, puis le noir. Le noir, et encore du noir. Maintenant, cette chambre d'hôpital. Son fauteuil roulant, "pour la vie" d'après le docteur. Mais sa soeur, qui était dans sa chambre n'est plus là. Il est 5h34. Il se lève, se met dans son fauteuil roulant et sort. Chambre B546. Avancer. Ouvrir. Voir sa soeur en pleure, qui l'appelle, dans son lit, en pleine crise. L'infirmière essaie de la maintenir, en vain.
-arrêtez, laissez-la moi.
L'infirmière lui lance un regard de biais mais ne pose pas de questions. Il s'approche du lit, tient la main de sa soeur. Dans ces moments, nous ne pouvons rien faire à part attendre que ça lui passe. Il lui sert plus fort la main, espérant la faire réagir. Sa crise dure10 minutes lorsque ses tremblements finissent par se calmer. Anthony la prend dans ses bras. Elle pleure, pose son visage trempé de larmes sur l'épaule de son frère protecteur. Qui sera toujours là, quoi qu'il arrive. Une promesse qu'Anthony a tenu. *Il se réveille. Il fait nuit et il est dans sa chambre. Il ferme les yeux un instant, essaie de se remémorer ce qu'il vient de se passer. Il les réouvres d'un seul coup. Trop d'images se bousculent dans sa tête mais surtout celle d'Inès, les yeux ouverts sur un brancard, qui le fixe. Inès, Inès, Inès...
-Inès!
Ce cri qui venait du plus profond de ses tripes lui fait mal. Un mouvement sur le côté de sa chambre attire son attention. Il cligne plusieurs fois des yeux, pour être sûr de ce qu'il voit.
-tient bon Anthony.
Sa soeur venait de lui parler. Il savait que c'était une illusion, son cerveau lui jouait des tours mais la revoir...elle est dans sa petite robe rouge bordeaux. La même qu'elle avait dans la voiture, le jour de l'accident.
-prend soin d'elle autant que t'as pris soin de moi.
-mais...tu es quand même partie. J'avais tout fait pour toi mais ça n'a pas suffit...
-alors, réussis avec elle.
La porte s'ouvre à la volée et l'image d'Elena s'en va aussi vite qu'elle est apparue. Aurore se tient dans l'encadrement de ma chambre, une main toujours sur la poignée de la porte. Elle est accompagnée de Pascal. Sans Inès.
-Anthony! Tu es réveillé!
Aurore se jette dans les bras de celui-ci. Pascal s'approche du lit du jeune homme, le visage grave.
-Salut Aurore. Bonjour Monsieur Rindhez. Inès n'est pas avec vous?, demande-t-il avec inquiétude.
L'oncle d'Inès relève les yeux, des yeux tristes.
-Je...Anthony, il faut qu'on parle. Inès...elle...le médecin lui avait annoncé...elle ne vous l'a pas dit?, dit-il d'une voix tremblante et dans un murmure presque imperceptible.
-Inès quoi? Lui annoncer quoi? Me dire quoi?Pourquoi y allait-il par quatre chemin? Il commençait à angoisser. Il allait lui annoncer une terrible nouvelle, il le sentait.
-Inès...elle...est décédée.
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Complètement malade de toi.
Short StoryIl aura fallut un mot pour qu'elle soit vraie. Cette maladie, qu'elle porte en elle. Elle a impression qu'il y a marqué "cancer" sur son front. Et rien ne pourra l'enlever. Sauf lui. Lui, c'est un habitué de cet endroit. Il n'attend qu'une chose, qu...