HOT CHILI - saison 5

S05 - EP 04 ● part IV

ÉPISODE 124 - (partie 4/9)

Peter relança l'enregistrement traficoté. Il fit un arrêt sur image et zooma sur la partie qui l'intéressait.

— Les premières vidéos, sur le parking de la gare, laissent dubitatifs. Il a le visage masqué par la visière de sa casquette. Seuls les lèvres, le menton, et parfois le nez sont visibles. En fusionnant différents plans de vidéo, j'obtiens une image 3D. D'où ma réclamation d'un écran 3D, rumina-t-il dans sa barbe. Je ne demande pas le système JARVIS de Tony Stark, juste un écran 3D !

— C'est bon, le geek, j'y penserai, capitula Nil, excédé.

Peter ravala son sourire. Il avait espéré lutter plus longtemps. En général, il gagnait à l'usure. Paloma lança un regard torve à son supérieur. C'est du favoritisme ! Elle bataillait des semaines, sans garantie de succès, pour doter son labo du nec le plus ultra du matériel d'analyse. Par respect pour les proches de la victime, ou par crainte du courroux de Nil, elle effaça son air boudeur. Son collègue dépourvu des notions de crainte et respect reprit :

— J'ai soumis aux bons soins de mon nouveau logiciel de reconnaissance faciale, l'image 3D que j'ai obtenue. Comme la science fait bien les choses, il y a compatibilité parfaite avec le visage préenregistré de Rudy. Mais mon bébé ne se limite pas qu'à ça. Ce logiciel est un vrai bijou, s'émerveilla Peter. Et pourtant, il est encore en phase bêta à la section scientifique de l'I.A.N.S...

— Je ne veux même pas savoir comment tu te l'es procuré, souffla Paloma.

— Légalement, protesta Peter, piqué. Je suis un de leurs meilleurs testeurs. Sans mon coup de main, ils ne l'auraient pas autant amélioré. Bon, le coup de main a été refilé sous les radars, je n'étais pas « censé » savoir qu'ils mettaient ce bébé au monde, pour commencer. Mais j'ai un beau sourire, alors ils ont passé l'éponge.

S'il vit grandir l'impatience de Dean face à ses digressions, Peter se focalisa sur Red. Son visage ambigu et cerné portait le masque de l'incompréhension. Il ne l'avait pas côtoyé durant l'affaire de sa tentative d'assassinat. Le commanditaire de ce crime avorté courrait toujours. Allen Van Der Litz, un bon suspect, avait été écarté par l'absence de preuve l'inculpant. L'affaire, désormais aux archives des enquêtes non classées, attendait l'apparition de nouveaux éléments.

Soudain, Peter sentit l'inconfort du poids du regard de Dean. Peut-être parce que tu fixes son mec d'une manière qu'il juge incorrecte. Il se racla la gorge et reprit :

— Ce logiciel peut donner, grâce à des algorithmes précis, une estimation de la nature comportementale du sujet, en se référant à une banque de données d'expressions corporelles. Il peut déceler la peur, la fatigue, la méfiance, le mensonge dans certains cas, une volonté de nuire ou disons une hostilité. Plein de petites émotions exprimées ou trahies par le langage du corps. Je peux le rendre plus performant en incluant la température par infra-rouge. Mais pour ça, il faut qu'il filme de lui-même. Bref, il est en cours d'évaluation, mais il a déjà fait ses preuves lors d'opération anti-terroristes...

— Tes « bref » n'abrègent rien, remarqua Nil. Viens-en au fait.

— Comment dire... Mon bébé logiciel ne détecte aucune volonté particulière chez la victime.

— Il s'appelle Rudy, murmura Dean.

— Oui, Rudy, acquiesça Peter, repentant.

Ne pas désigner les victimes par leur prénom évitait une implication trop personnelle, un risque d'attachement susceptible de nuire à l'enquête. Mais c'était aussi un comportement plus « robotique » qu'humain, selon Nil. Peter avait appris à individualiser les victimes, mais parfois le réflexe l'emportait.