Enfants des astres

Chapitre 4 (partie 2)

Harold espérait de toutes ses forces avoir réussi sa transformation. En tout cas, il se sentait plutôt normal. Pour un humain dans la peau d'un toucan. Ou du moins, il ne sentait pas de cinquième membre dans son dos ou un seul centimètre carrée de sa peau qui n'était pas recouvert de plumes. Ce qui était une bonne chose. Vu qu'il était censé être un oiseau.

Il redevint visible et jeta un coup d'œil sur sa forme. Ouf, tout allait bien. Excepté le poids du bec. Cette chose était vraiment très lourde, est-ce que les vrais toucans devaient porter ce truc toute leur vie ?! Il fut cependant déçu du plumage. Concentré qu'il était sur la forme, les proportions et le fait qu'il pourrait vivre dans la peau de ce toucan, il avait négligé le plumage. Les couleurs étaient ternes. Le noir qui le recouvrait en grande partie était triste et le blanc sur sa gorge était presque gris. Il ne voyait pas très bien son bec mais il se doutait que cela ne devait pas être très glorieux non plus.

Il tourna la tête, manquant au passage de perdre l'équilibre à cause de son bec, vers les autres. Ils avaient également terminé de se transformer. Le lion d'Ingrid était tout simplement parfait. Bien qu'on ne puisse pas changer de sexe, même avec les transformations, elle avait fait pousser autour de son cou et sur son poitrail une épaisse crinière pour se donner l'apparence d'un mâle. Elle avait pris le risque de se retrouver dans la peau d'un lion très étrange et raté, mais avait réussi le défi haut la main. Enfin, la patte. Elle ressemblait en tout point à un lion mâle et Harold remercia les dieux que les Changeformes ne récupéraient pas les instincts des animaux en même temps que leurs formes. Car s'il en jugeait par les puissants muscles qu'il voyait rouler sous le pelage doré du lion, il n'aurait pas fait long feu si par malheur, Ingrid avait eu un petit creux.

Artus, quant à lui, avait eu un peu de mal à miniaturiser son éléphant. Alors qu'Harold s'attendait à un animal de la taille d'un veau environ, il se retrouvait face à un éléphant de la taille d'un énorme taureau, qui se balançait d'un pied sur l'autre, semblant ne pas savoir quoi faire de sa trompe flexible. Harold se demanda brièvement si ses défenses étaient faites de véritables ivoires. Il ne s'était jamais posé la question. Si les Changeformes pouvaient se créer des muscles, des tendons, de la chair, de la peau, des plumes, à peu près toutes les matières organiques, il ne savait pas si l'ivoire en faisait partie. Parce que finalement, l'ivoire se rapprochait plus des pierres non ? A vrai dire, il n'en avait aucune idée. Encore quelque chose sur lequel il devrait se renseigner. Cela pourrait être intéressant à savoir, étant un Changeforme lui-même.

Quant à Atali, son Traqueur était très convaincant. Ces animaux étaient quelque peu compliqués. Il avait beaucoup d'épines souples sur leur épaisse carapace, de couleurs différentes selon l'animal, et qui leur permettaient de sentir la magie quand ils s'en approchaient. Ils ressemblaient un peu à des gros porc-épics, mais version reptile et avec des yeux jaunes, des écailles plus solides que du diamant et une petite corne sur le bout du museau. Sans oublier qu'il faisait à peu près la taille d'une panthère. Une assez grosse panthère. Mais même si leur apparence était quelque peu intimidante. Bon, beaucoup intimidante, ces animaux étaient incroyablement pacifiques et loyaux envers leurs amis. Enfin, pacifiques, sauf quand la personne en question leur faisait du mal à eux, ou à leurs proches. Là, leurs épines se transformaient en armes redoutables.

-Est-ce que tu peux voler Harold ? demanda Varek.

Harold tourna la tête vers ses ailes, les ouvrant presque piteusement. Il avait véritablement raté sa transformation, il ne pensait pas pouvoir voler avec ces plumes-là. Il essaya tout de même, s'élevant de quelques centimètres au-dessus du sol, avant d'abandonner et de se laisser retomber sur ses pattes griffées. Il secoua la tête négativement en direction de Varek, essayant d'ignorer le regard suffisant que lui lançait Astrid. Qu'elle attende seulement la prochaine étape. Là, elle ferait moins la fière.