Chap.5 Le livre de catch

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  PDV : Le Prince Édouard

  J'essaie de chasser le brouillard qui voile mes yeux, mon cœur tente de se remettre après cet horrible cauchemar. Je revois encore le corps de Jordan allongé sur le tapis. Je lui ai tiré dessus, jusqu'à ce qu'il s'effondre, inerte sur le sol. Je sens toujours la main de mon père étreindre mon épaule pour me féliciter. Je secoue la tête pour me remettre les idées en place.

  Qu'est-ce que j'ai fait pour mériter d'être réveillé à... deux heures du matin ?! J'observe à la dérobée Julien ; vu son allure, il est fâché pour je ne sais quelle raison. Mon regard capte un mouvement, Lisa se tient à l'entrée. Je dois faire une drôle de tête car elle me regarde bizarrement. Est-ce que j'ai mis un slip ? Je vérifie de ne pas avoir exposé ma nudité, elle est bien cachée, alors qu'est-ce... Je rougis considérablement en constatant que je tiens serré contre moi mon doudou. J'essaie minablement de le cacher sous mon oreiller mais Julien me le prend des mains. À quoi joue-t-il, bon sang ?!

_Sors de là, m'intime-t-il.

  Je le regarde avec incompréhension. Il répète son ordre en prenant une paire de ciseaux sur mon bureau puis approche l'arme de ma peluche. Je blêmis, il pourrait la poignarder, lui couper un bras ou... Je me lève d'un bond pour la récupérer.

_Calme-toi, je dois te parler, dit-il en prenant en otage mon doudou.

_Tu n'as pas intérêt à l'abîmer. C'est mon oncle qui me l'a offert, si jamais tu effleures Nounours avec les ciseaux..., le préviens-je en ne dissimulant pas ma colère.

  J'ai reçu cet ours à ma naissance, feu mon oncle Amedeo voulait m'en faire présent. Malheureusement, il n'a jamais pu me le donner en main propre, il a poussé son dernier souffle avant de me rencontrer à l'hôpital. Julien remet le coupe-papier en soupirant, il sait parfaitement que je tiens à ce cadeau.

_La prochaine fois que tu insultes Lisa de fille facile, je ne ferai pas que le menacer : il risque de perdre un ou deux membres. Tu as compris ?!

  Je serre les mâchoires en hochant la tête. Il m'observe longuement, comme s'il voulait être sûr de ma sincérité puis finit par me jeter Nounours au visage. Il me lance un dernier regard d'avertissement et entraîne Lisa vers la sortie. Je me retiens de balancer quelques choses à la porte. Je ramasse ma couverture et me couche dans le lit avec Nounours en guise de compagnie.

 ***

  Je marche nonchalamment dans le couloir, je retarde le moment. Les autres sont dans le petit salon. Je prends mon temps pour ne pas devoir supporter le regard de Lisa. Est-ce honteux de dormir encore de temps en temps avec son doudou à dix-sept ans révolus ? Je traîne des pieds en entrant dans la pièce et rejoins Emmanuel sur le canapé le plus discrètement possible. Je me fonds dans le silence, préférant me couper du monde pour ne pas entendre leurs rires. Ils sont tellement joyeux, pleins de vies. Moi, je meurs à petit feu.

 Je sens mon petit frère me tapoter la cuisse. J'ai toujours détesté qu'il fasse ça, j'ai l'impression d'être un petit chien qu'on remercie en le talochant.

_On parle de toi à la télévision, dit sa petite voix hystérique d'excitation.

  Il me montre du doigt l'écran plat, la dame du journal parlé retransmet des images de ma visite à l'orphelinat. Je fronce les sourcils, ils ont déjà parlé de ça au JT, hier.

La Couronne En Détresse, Tome 2 : Sous La Tourmente Du PrinceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant