Graye ~ 3

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Alors que je m'habillais, un sourire placardé sur le visage, Réna prenait sa douche.

J'avais craqué, mais je n'en avais pas honte.

Sur cet état d'esprit pourtant joyeux, une douleur lancinante me prit.

Me tenant le cœur, m'agrippant aux draps, étouffant, je m'écroulais au sol.

Cette vision n'en était pas vraiment une.

Du moins, elle ne provenait pas du futur.

Mais du passé.

Et comme chaque vision était différente, je devins la personne à qui ce que j'allais voir été arrivé.

Tout était en feu.

Tout.

Tous.

Sauf moi.

Je restais plantée là, sans avoir la force de bouger.

Si je le faisais, le monde allait-il s'enflammer à mon mouvement ?

Car après tout, ce feu, c'était moi qui l'avait créé.

Pour le sauver.

Lui, cette bête qui n'inspirait pas la confiance.

J'aurais dû avoir peur de lui.

Mais sa voix dans ma tête me forçait à l'apprécier.

J'avais mis le feu à ces hommes, pour lui.

Des larmes traîtresses de ma peur coulaient sur mes joues, des tremblements parcouraient mon corps frêle.

Bientôt, un souffle chaud fit voltiger mes cheveux.

- Merci, me dit-il.

Et je ne pus qu'éclater en sanglots.

Je venais de tuer des milliers de loups, pour sauver un dragon que je n'avais jamais vu avant. Et pourtant, lorsque je pris son museau contre moi, pour m'apporter un quelconque réconfort, un lien se forma.

Il était devenu mon Similaire, tout comme je devenais la sienne.

Je m'évanouis quasiment dans la seconde qui suivit ce changement radical de ma vie.

Moi, l'enfant laissée pour morte, qui n'avait pas rendu son dernier souffle lorsqu'ils étaient venus nous massacrer.

Je m'étais recouverte du sang de mes parents, mis le corps encore jeune de mon défunt petit frère sur le mien, j'avais fait ce qu'elles m'avaient dit de faire. Et comme une lâche, j'avais survécu.

Quand les loups étaient partis, les dragonniers étaient arrivés, toujours en retard.

Ils n'avaient rien pu faire pour ma famille, alors ils m'avaient recueillis, sentant en moi un pouvoir du même type que les leurs.

En état de léthargie dû au choc de ce que je venais de vivre, je les avais suivis.

Quelle erreur j'avais commise.

Lorsque je rouvris les yeux, je me trouvais dans une chambre de clinique.

Les murs blancs, le lit et l'odeur aseptisée du lieu me le confirmaient.

Mon corps était ankylosé, mais je réussis à tourner la tête vers la fenêtre.

Un instinct me dictait de le faire.

Wings flying over Fangs Tome 3 : Au-delà des apparencesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant