Chapitre 13

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Le sol se dérobe sous mes pieds et je ne bouge plus, je ne fais rien pour m'en sortir, je n'en ai plus la force. Je vois le bord de la falaise s'éloigner de plus en plus tandis que l'eau de la rivière se rapproche lentement, j'attends avec impatience le contacte de l'eau qui aura pour effet de diviser mon corps et mon esprit, de me libérer de toutes ces questions auxquelles je n'aurais jamais de réponses. Après tout, je n'ai plus rien, plus de famille, mes parents m'avaient prévenu...

Flash-back :

- Emma ma chérie, réfléchis y bien. Si tu pars, tu ne reviens plus !

- Mais maman, papa n'est plus là, seul toi et grand mère pouvez me répondre. Juste une question et personne ne veux me répondre. Tu as juste à m'en parler et je resterai...

- Je... non, je suis désolé mais je ne peux pas. Et toi non plus d'ailleurs. Ma mère ne te répondra pas ! Crois moi !!!

Elle me prend les mains, les larmes aux yeux et commence à me parler. Seulement je ne l'écoute plus,  je regarde le vide en repensant à ce quelle a dit.

- Comment ça je ne pourrais plus revenir ? Tu me mets à la porte là ?

- Non chérie... je suis malade... je ne tiendrais pas le mois d'après les médecins...

Je ne l'écoute plus - de nouveau - j'ai autre chose à faire maintenant, j'ai un choix à faire.

Fin du flash-back 

Et me voila maintenant, à chuter de haut, j'ai choisis de suivre le chemin du futur et de fuir le passé. J'ai littéralement abandonné ma mère pour des simples réponses que je n'aurais jamais. Je sens la température ambiante se refroidir, je dois certainement me rapprocher dangereusement de la rivière. Je décide de me laisser faire et de fermer les yeux. Mais étrangement, le heurt ne se fait pas. j'ouvre lentement les yeux, puis plus brusquement, je suis dans une sorte d'énorme bulle d'eau.

Je ne peux plus respirer, je reprends mes esprits et j'essaye de me débattre. J'essaye de briser la bulle dans laquelle je me trouve mais quand ma main arrive miraculeusement à sortir, la bulle repend du volume et me projette en son centre. Soudain, la bulle qui était jusqu'à présent au bord de la rivière ne met à remonter le long de la roche; au début lentement puis plus brusquement. Je me replis sur moi même, je manque cruellement d'air. Mais pile au moment ou je pensais que le manque d'oxygène aurait raison de moi. La bulle explose me laissant retomber sur la roche .

Je me retourne brusquement afin de me mettre sur les genoux, les mains au sol. Je recrache toute l'eau que j'avais avalé et je respire de nombreuses fois avant d'oser relever la tête. Sans grande surprise, je me retrouve nez à nez avec les gardiens, tout les gardiens. Je peux facilement décrypter ce sentiment de pitié mélanger à celui de tristesse dans leur regard. Je me relève difficilement, je manque de retomber tellement je manque de force mais je me rattrape rapidement. Puis penchant la tête en arrière et mettant mes mains derrière cette dernière, je chuchote.

- Pitié les gars, pas ce regard ou je me refais le saut de l'ange...

Je redresse discrètement la tête afin de voir leur réactions mais ce n'est - heureusement pour moi ou pas - plus la même émotion que je lis dans leur regard, cette fois-ci c'est une colère dévastatrice. Je souffle, je n'ai pas envie d'entendre leur reproches aujourd'hui. Je me redresse et avance, passant entre eux afin de rejoindre la maison. Je suis épuisé de toute ces histoires, je veux juste passer à autre chose. Seulement, alors que je m'éloigne lentement du bord de la falaise, une main retiens mon bras. Je me retourne lentement, Mathieu me tient fermement le bras me transperçant de son regard enflammé d'émotions. Je me retourne puis me place face à lui.

- Ne me touche pas. Compris ?

Puis comme si il ne pouvait faire autrement, il me lâche le bras, presque instantanément. Il s'éloigne de moi, comme perdu, je l'entends marmonner quelques mots avant de le voir partir d'un pas rapide vers la maison. Je baisse la tête puis souffle à nouveau avant de le suivre d'un pas lent. En marchant je suis rapidement rejoins par Ethan; il se place à côté de moi, ne dit rien et se contente de regarder le ciel.

- Qu'est ce que tu veux Ethan, je ne suis pas d'humeur là.

Il me regarde brusquement, faisant les gros yeux, je le regarde sans aucunes émotions dans le regard. Il ouvre la bouche afin de répondre mais se ravise au dernier moment. Il fixe ses pieds à présent, je le vois froncer les sourcils puis répondre finalement d'une voix grave.

- Je ne te connais pas depuis longtemps Emma, je l'entends chuchoter à lui même, enfin si, mais bon... Il reprend à vive voix regardant droit devant lui. Ce que je sais, c'est que tu as changé Emma...

Puis il accélère son allure afin de rejoindre Mathieu quelques mètres plus loin, je m'arrête, surprise de ses mots puis je rejoins le groupe en silence, essayant de ne pas y penser.

Arrivés à la maison, tout le monde se disperse, me laissant seule sur le palier, dans un sens j'en profite, je n'ai en aucun cas envie de leur parler. Je décide de passer par la cuisine prendre une pomme avant de m'enfermer dans ma chambre pour un bon moment. En passant devant la baie vitrée, je tourne la tête... il est toujours là... le corps sans vie de ce qui était ma seule famille. Elle n'a pas bougé, en même temps c'est normal.

Étrangement, je ne réagis pas, ni tristesse, ni colère, plus rien. Je me contente de passer mon chemin comme si il ne s'était rien passé, de prendre ma pomme et de monter à l'étage. Une fois dans ma chambre, la seule idée qui me vient à l'esprit est de monter sur le toit. Je sort l'échelle de sa cachette qui n'en est pourtant plus une puis je me faufile sur le toit plat sur lequel j'ai passé mon enfance. Je m'y assois au bord en laissant tomber une de mes jambes dans le vide. Je croque dans ma pomme, laissant le vent fouetter mon visage et remuer mes cheveux puis je repense à ce que m'a dit Ethan... "Tu as changé Emma". Je me relève, croque une nouvelle fois dans ma pomme; le vent toujours dans les cheveux, à regarder le soleil se lever...

- Du changement, je laisse tomber ma pomme du toit, et bien, pourquoi pas...


" Parfois ce n'est pas la personne qui change, c'est sa vraie personnalité qui apparaît"

GardiensOù les histoires vivent. Découvrez maintenant