#Chapitre 52

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Je m'interromps un bref instant pour jeter un coup d'œil à la pendule et soulager mon poignet irrité. Encore douze minutes avant la fin de l'épreuve. Sans perdre de temps, je m'attaque à ma conclusion sur la conquête de l'Amérique Latine par Cortès. Je gratte une dizaine de lignes supplémentaires et clos mon devoir d'Histoire juste à temps : la sonnerie de fin d'examen retentit et notre superviseur ordonne immédiatement de poser les stylos. Tant pis pour ma relecture, je suis au moins confiante quant au contenu de ma copie. Mes affaires rassemblées, je quitte la salle de classe, réveillant au passage la fille du directeur profondément endormie sur sa table. Le professeur d'Histoire lui arrache sa feuille, blanche, adressant un regard furibond à la belle qui émerge doucement de son sommeil, un sourire d'ange innocent vissé aux lèvres. Ignorant le professeur, Charline se lève avec entrain avant de m'emboîter le pas en direction du Patio, accompagnées de Liam et d'Ania, sortant eux aussi de leur salle d'examen.

Sur place, l'ensemble du groupe est déjà installé à notre table habituelle, le sujet de notre semaine d'examen de fin de semestre déjà lancée dans la conversation. En ce qui me concerne, je suis bien contente d'en avoir fini ! Un bon repas et au lit ! voilà tout ce qui me fait envie pour ce soir. Comme pour approuver, mon estomac émet un profond et bruyant gargouillis qui me vaut une slave de regards moqueurs.

- T'as pas mangé de la semaine pour en arriver là ? plaisante Liam en me tendant sans attendre le plat d'entrée.

Charline relève la tête pour fusiller l'anglais des yeux, comme si le simple fait qu'il ait pris la parole constituait un affront à son égard. Geste qui n'échappe pas à l'anglais dont le sourire se fige pour laisser place à une expression plus sombre. Depuis leur altercation qui remonte à plus d'une semaine maintenant, les deux amis ne communiquent que par regard haineux et provocant. Bien qu'ils tentent au possible de ne pas impliquer le reste du cercle dans leur conflit, nous ressentons tous la tension entre eux qui pèse sur l'ensemble du groupe, gâchant de plus en plus lourdement l'ambiance. Toutefois, personne n'ose intervenir dans leur histoire par peur d'envenimer les choses ou bien de simplement se faire jeter sans sommation.

Désireuse d'alléger l'atmosphère, je m'empresse de répliquer d'un ton léger :

- Bah attends ! réfléchir pendant huit heures, ça creuse !

Je me sers une généreuse part de quiche que je m'empresse t'entamer, tout en zyeutant rapidement mes deux camarades. Ma diversion a fait son effet : Liam et Charline mangent en silence sans plus s'accorder la moindre attention. Mais vivement qu'ils se réconcilient parce que leurs échanges de piques affectueuses manquent à l'ambiance. Maintenant, il ne reste plus qu'Adam et moi pour faire l'animation...

- Parce que tu réfléchis, toi ? s'étonne faussement Ania, rentrant dans mon jeu.

- Oui, rétorqué-je la bouche pleine, en lui lançant un faux regard noir, cha m'arrive.

- Pas souvent alors ! en rajoute Jaz.

- Bon, c'est ma fête ou quoi ? râlé-je, les yeux au ciel.

- C'est parce qu'on t'aime bien, justifie Valentin.

- J'espère... soufflé-je en avalant mon dernier morceau de quiche.

Une brève observation m'apprend que mes amis commencent seulement leur entrée. Gênée, je repousse doucement mon assiette, déterminée à les attendre pour passer à la suite. Ils découpent proprement, morceau par morceau, leur part, avant d'amener leur bouchée à leurs lèvres pour mastiquer scrupuleusement leur nourriture. Je vois leur assiette se vider à une lenteur exaspérante...

La conversation reprend, chacun débattant sur les sujets proposés pour nos deux dernières épreuves : français et histoire pour ma part. Nous passons enfin, à mon grand soulagement, au plat de résistance puis, très vite, au dessert. Détendus, nous trainons à table bien plus longtemps qu'il ne faut lorsque le téléphone d'Adam et le mien émettent un « ti-ding » caractéristique de l'arrivée d'un message. Je sors aussitôt le mien. Je fronce les sourcils en découvrant l'émetteur : « Clovis Hartmann ». J'ouvre le contenu du message :

L'Ecole des Neuf Muses [TERMINE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant