Partie 7

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Le trajet fut tellement rapide que Petr se demanda plus tard s'il n'avait pas rêvé. Malgré la vitesse, il ne ressentit aucune secousse, les étranges créatures ayant alterné course et vol tout au long du chemin. Le petit groupe était arrivé devant un immense palais brillant de mille feux. Deux grands gardes à la peau noire, en armure de plates et aux hallebardes imposantes, les regardaient avec méfiance, tout en conservant leur poste de part et d'autre d'une double porte dorée. Petr se laissa glisser doucement au bas de la monture céleste, tandis que Melvin était déposé un peu plus vigoureusement par la jeune femme qui l'avait escorté.

Les cavalières leur firent signe de grimper les quelques marches et les deux soldats leur ouvrirent largement la porte. Ils pénétrèrent dans un grand hall où trônaient les statues des principaux dieux et déesses du Panthéon : Felkyan le maître des cieux, Oudar le roi des océans, Solanae, bien sûr, la reine de la Vie et de l'Amour ou encore Rinadon le dieu de la Magie étaient représentés de façon particulièrement réaliste. Notamment Rinadon, d'ailleurs, qui se mit à bouger sous les yeux ébahis des deux humains. Ce n'était en effet pas une statue, mais bien un être vivant qui se tenait devant eux !

— Soyez les bienvenus, dit-il d'une voix mélodieuse.

Ne sachant comment se comporter, les deux sorciers esquissèrent qui une révérence, qui une courbette.

— Ah, je ne pouvais pas attendre que nous nous rencontrions en public, il me fallait voir par moi-même mon rejeton, poursuivit Rinadon en se dirigeant vers Petr.

— Votre... rejeton ? interrogea Melvin, ébahi.

— Oui, c'est une longue histoire, répondit le dieu avec un petit sourire. Mais faisons bref, vous êtes attendus.

Il s'avança vers le jeune homme et le scruta attentivement. Sous le regard du dieu, celui-ci se sentit gêné et comme dénudé.

— Qu'est-ce que vous sous-entendez, Votre... euh... Grandeur ? demanda-t-il à l'immortel.

— Et bien, disons que nous aussi, les dieux, pouvons céder à la passion lorsque nous allons sur Terre et qu'il peut en résulter des êtres comme toi !

Abasourdi, Petr fixa Rinadon intensivement.

— Ce qui veut dire que je suis un demi-dieu ? Mais... vous n'êtes pas mon père, je le sais bien, je l'ai connu. Il m'a élevé, a toujours été à mes côtés. Je n'ai aucun souvenir de vous !

Le dieu de la magie détourna le regard, un peu gêné.

— Oui, enfin, ce sont des choses qui arrivent, dit-il avec un fin sourire. Lorsque j'ai rencontré ta mère, il se trouve que son compagnon était parti en voyage quelques jours. Je lui ai donc conté fleurette, ça n'a pas été trop difficile de la séduire grâce à quelques petits tours de magie qui l'ont impressionné. Puis nous avons été amants quelque temps et avant de la quitter, je l'ai aidé à oublier ma présence, à n'en faire qu'ne vague souvenir, un rêve agréable. Elle est donc persuadée que ton père est bien, euh, ton père. Ce qui n'est pas faux, dans un sens ! s'esclaffa Rinadon.

Petr, outré, s'avança de façon menaçante vers le dieu.

— Vous êtes un ignoble personnage !

Rinadon leva les mains défensivement.

— Que veux-tu, nous avons du mal à résister aux charmes des mortels. Je ne suis pas le seul, hein, si tu savais ! Et puis, tu n'es pas mon unique enfant demi-dieu non plus, ne t'emballe pas !

Furieux, Petr tourna les talons et s'éloigna en direction d'une grande porte ouvragée, laissant son maître, gêné, en compagnie d'un Rinadon souriant toujours.

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