Chère Elisa,
Je ne sais pas vraiment comment commencer cette lettre. Que te dire de plus que « je t'aime » ou « tu me manques » ? Je ne le sais.
Mon cour est submergé d'une infinité d'émotions depuis maintenant six mois.
Six mois que j'ai l'horrible impression que l'on m'a arraché l'organe vital battant jadis dans ma poitrine.
Six mois que mon corps n'est plus qu'une enveloppe vide.
Six mois que je ne vis plus ; car sans cœur on ne peut vivre, n'est-ce pas ?
Trop de questions sans réponses tournent dans ma tête depuis tout ce temps. Tout ce temps passé loin de toi, si loin mais si près à la fois.
Je sais que tu ne liras jamais cette lettre puisque qu'elle ne sera jamais envoyée mais je ne peux m'empêcher de te parler une dernière fois, de me demander ce que nous aurions été aujourd'hui, dans deux jours, dans dix ans. Nos vies semblaient toutes tracées, heureuses et ensemble.
Je ne cesse de me rappeler tous ces moments que nous avons passés côte à côte, devant une série, pelotonnées dans nos plaids ou bien crachant nos poumons au bord de la piste de course, fières de nous et un grand sourire au lèvre. Chaque soir je ressors notre dernière photo de classe, c'est la seule que j'ai gardée, les autres me faisaient trop mal. Je t'y contemple, souriante et tes cheveux encore longs, volant avec légèreté derrière toi.
Je n'arrive pas à pleurer. Mes yeux restent désespérément secs, aussi arides qu'un désert. Mais je hurle à l'intérieur, je hurle contre ton absence que je ne veux accepter.
Dans ces moments je m'écroule sur mon lit, terrassée par la douleur trop profonde qui me prend tout à coup. Je t'imagine passant un bras réconfortant autour de mes épaules avant de me raconter une anecdote rigolote afin que je retrouve mon sourire et mes « yeux aussi pétillants que le champagne » comme tu le disais si bien.
Je suis horriblement triste mais je ne suis pas en colère. Je n'arrive pas à t'en vouloir. Malgré ce sentiment d'abandon qui me lacère ma poitrine, je ne peux pas.
En même temps comment pourrais-je ?! Cela m'est impossible. Peut-être est-ce ma trop grande gentillesse que tu m'as toujours reproché d'une certaine manière. Mais c'est important pour moi que tu saches que je ne t'en veux pas et que je ne t'en voudrai jamais.
Car quand on aime on pardonne.
Je te pardonne d'être montée dans cette voiture.
Je te pardonne d'avoir fait confiance à l'homme que tu aimais.
Je te pardonne de ne pas te réveiller de ton sommeil, telle une Belle au bois dormant dont le prince n'est tragiquement plus.
Je t'observe couchée devant moi, sereine dans tes draps blancs. Tes traits sont presque heureux. Tes cheveux blonds auréolent paisiblement ton visage fin.
Tu me fais penser à un ange qui, bientôt, prendra son envol.
Car tu passes ta dernière nuit. Demain tu seras débranchée.
Tes parents se sont rendus à l'évidence. Je me suis rendue à l'évidence.
Tu es partie.
Et tu ne reviendras pas.
Cette lettre touche à sa fin mais je veux te rappeler à quel point je t'aime. À quel point je t'ai aimé et que je t'aimerai aussi fort jusqu'à mon dernier souffle.
Je ne veux mette un terme à ces mots. J'ai comme le sentiment de te quitter pour toujours, de ne plus jamais te revoir.
La fin de cette lettre me fait peur, elle me rappelle un livre qu'on referme et dont on oublie rapidement tous ses personnages. Or je ne veux pas t'oublier ! Jamais ! Tu resteras dans mon cœur quoi qu'il arrive, tu resteras ma meilleure amie.
Je t'aime Elisa.
Adieu.
Camille
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Méandres de pensées entortillées
PoesíaDes mots avant tout, Des pensées ensuite, Le tout en un petit emberlificotage bien ficelé ! commencé le 5/12/18