5- L'enfant à abattre

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Depuis la veille sur Delia3 tout le monde s'affolait, et plus particulièrement au Palais impérial. Cyrion criait à tous ceux qui étaient là pour l'entendre qu'Etli était devenu l'ennemi numéro un et que quiconque ramènerait sa tête serait érigé en héros. Perdu au milieu de tout cette agitation, Naci saisit la première opportunité qui se présenta pour sortir du palais et fila droit au centre. Etli et lui étaient presque identiques, à tel point que c'en était impressionnant. Après le massacre des élèves et la destruction de l'intérieur, plus personne n'avait envie de se rendre dans cette école de l'horreur, à part eux. Il venait lui aussi pour me demander conseil, ne sachant pas trop quoi faire au milieu de tout ça et s'il devait s'inquiéter puisqu'il avait lui aussi reçu le pouvoir des pierres. Mais il trouva tout comme Etli quelques heures auparavant un bureau fermé à clé et protégé par un sort. Il choisit de crocheter la serrure et y parvint avec une étonnante facilité. En poussant la porte, il se figea instantanément. Il était sous le choc lui aussi, ce qui est en réalité parfaitement normal. Il devait être également dans le déni puisque malgré la mare de sang qui décorait le sol, son premier réflexe fut de courir vers moi pour vérifier si je n'avais pas encore un pouls. Hélas, en apercevant mon ventre ouvert en deux il finit par comprendre qu'il était bien trop tard. Il regarda ensuite ma main et s'aperçut qu'elle contenait une enveloppe à son nom. Il la prit aussi délicatement que la rigidité cadavérique naissante le lui permettait. Lui aussi savait qu'une enveloppe à son nom était synonyme d'une autre au nom d'Etli, c'est pourquoi il se mit à chercher la seconde enveloppe dans toute la pièce, sans jamais la trouver puisqu'Etli l'avait déjà prise. Il pensa à cette possibilité. Au fond de lui, il savait que Etli avait dû venir avant lui mais il ne dévoila pas ses soupçons aux forces de l'ordre lorsqu'il les appela quelques minutes plus tard pour signaler le cadavre. Il ne leur parla pas de l'enveloppe qui lui était destinée non plus. C'est fou la vitesse à laquelle de simples enfants sont devenus de petits criminels ayant décidé de faire justice eux-même.

La vie reprit petit à petit son cours sur Delia3 bien qu'entrecoupée de plus en plus souvent par diverses catastrophes naturelles. Depuis la fermeture du centre, Naci n'allait plus à l'école. Il avait comme tous les princes avant lui un instructeur privé qui lui donnait des cours directement au Palais. C'était également le cas de Syrcon et Tran. Cette situation n'arrangeait ni Syrcon ni Naci, puisqu'ils se voyaient désormais une bonne partie de la journée et étaient ainsi obligés de se supporter malgré leurs différends. Syrcon était tout l'opposé de son demi-frère. De nature sage et tranquille, il ne sortait jamais du rang et se contentait de vivre sa vie en suivant les volontés de sa mère. Au fond, il ne cherchait qu'à la rendre fière et c'est pourquoi il s'employait à reproduire le moindre de ses faits et gestes. Par exemple, puisqu'elle détestait Naci, Syrcon le détestait aussi et il ne se gênait pas pour le lui faire savoir. Il adorait les livres mais détestait l'escrime, ce qui est plutôt embêtant pour un potentiel héritier. Naci en revanche continuait d'exceller dans cette discipline, à laquelle il s'adonnait plusieurs heures par jour dans le cadre de sa formation éducative ainsi que dans le cadre de jeux avec ses amis. Si l'on observait de loin cette société, rien n'avait changé.

Le sauvetage d'un peupleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant