cinquième acte : contradiction

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Comme prévu, Jimin s'était rendu devant leur entreprise, un peu soucieux. Il ne comprenait toujours pas pourquoi Jungkook lui avait demandé de le rejoindre ici et à cette heure aussi tardive, eux qui ne travaillaient pas en cette fraîche soirée, mais il avait envie de sortir alors il n'allait sûrement pas refuser cette opportunité. Cependant, cela faisait déjà quelques minutes qu'il attendait, sans nouvelles de Jungkook.

Alors qu'il s'apprêtait à saisir son téléphone pour l'appeler, des gémissements de douleurs à peine audibles frappèrent ses tympans. De suite moins rassuré, il tendit l'oreille. C'était tout prêt de lui. Pensant d'abord à un sans-abri peut-être un peu torché, il ne réfléchit pas plus que ça et ses pieds la menèrent vers le bruit. Mais la raison de ces gémissements étaient complètement différente. Dans une ruelle à quelques pas de lui, deux hommes semblaient se battre. L'un semblait plus fin, tandis que l'autre était plus musclé, plus élancé. Ce dernier portait d'ailleurs une sorte de masque, Jimin ne pouvait pas bien voir à cause de l'obscurité des lieux. Ce qui était clair, c'était que le plus fin des deux se faisait laminer sans même pouvoir bouger le petit doigt, accueillant coup sur coup. Ce ne fut que lorsqu'il vit l'objet scintillant que tenait le plus musclé que Jimin réussit à discerner qui étaient ces deux garçons : un homme à la carrure impressionnante donc le visage était caché par un masque de lapin blanc assez effrayant qui menaçait un garçon aux cheveux bruns, qui s'avérait être Jaejoong, son petit-ami. Et Dieu seul sait pourquoi il n'arrivait pas à bouger – non, il ne voulait pas bouger. Ce n'était pas la peur qui le paralysait. Non. C'était plus une... sorte d'admiration malsaine. Alors, debout dans cette ruelle, il observait la scène se dérouler sous ses yeux, partagé entre horreur, tristesse et excitation, comme s'il s'agissait d'un film. Jaejoong essayait tant bien que mal de se défendre, mais l'autre était beaucoup plus fort et qui plus est, en possession d'une arme blanche. Ses gémissements de douleurs résonnaient dans la nuit noire alors que son agresseur le martelait de coups de poings dans les hanches, de coups de pieds dans les jambes. Puis son bras se leva et fendit l'air dans un sifflement, plusieurs fois. Le couteau avait pénétré la chair de sa victime avec précision et facilité, treize fois pour être exact. Jimin avait inconsciemment compter les coups, la bouche entre-ouverte. Le sang giclait sur le mur de briques derrière le brun, et couvrait le masque de lapin auparavant blanc que portait le tueur. L'expression de Jaejoong se transforma en une expression de douleur, d'horreur. Du sang s'échappa d'entre ses lèvres, ses mains tremblantes attrapèrent le couteau planté dans son ventre, et il releva doucement les yeux vers son bourreau. Ce dernier souriait derrière son masque, puis, tout en lâchant un rire cynique, il retira le couteau avant de venir placer ses mains sur le crâne du jeune homme. Dans un craquement digne d'un film d'horreur, il craqua le coup de sa victime, et le corps de ce dernier s'effondra sur le sol.

Jimin cligna plusieurs fois des yeux. Sa vue se floutait à cause de ses larmes. Mais qu'est-ce qui n'allait pas chez lui ? Il voulait bouger, il voulait courir vers son amant perdu, l'encercler de ses bras, appeler à l'aide. Il devrait se sentir accablé par la perte du garçon dont il était amoureux, il devrait fuir en courant et appeler la police, il devrait mourir de peur dans cette ruelle, il devrait essayer de sauver son petit-ami. Alors pourquoi est-ce que son visage était-il tordu en un sourire effrayant ? Parce que oui, il souriait à travers ses larmes, de façon démente, comme si voir ce garçon s'acharner sur Jaejoong lui avait fait le plus grand bien. Comme si il en voulait davantage. Son visage masqué par la noirceur de la nuit, son sourire luisant dans l'obscurité, il se retenait de rire. Il se retenait de libérer ce sentiment de joie qui explosait en lui tel un feu d'artifice, apeuré. Comme s'il était spectateur de tout ça, il se regardait sourire en se demandant ce qui lui prenait d'agir de la sorte.

Le garçon au masque de lapin se tourna alors vers lui et, le sang coulant de la lame du couteau, il pencha légèrement la tête sur le côté. L'expression qu'arborait Jimin l'aurait sûrement effrayé, s'il n'était pas JK, ce fameux criminel. Un peu surpris de le voir sourire comme un taré, il le considéra un moment, jusqu'à ce que le brun n'essuie ses larmes d'un revers de manche, semblait avoir reprit le contrôle sur sa personne.

𝑫𝑬𝑽𝑰𝑳'𝑺 𝑾𝑯𝑰𝑺𝑷𝑬𝑹. (JIKOOK) Où les histoires vivent. Découvrez maintenant