~ Harry ~
Un vide me submergea lorsque Valerie se tortilla hors de mon étreinte. Les lèvres pincées, elle refusa le contact visuel et commença à nager vers la petite bande de terre du rivage. J'observais donc dans la confusion la plus totale la fille dont je tombais amoureux se hisser sur la rive, mais c'est alors que mes yeux tombèrent sur quelque chose qui faillit me briser le coeur.
"Valerie," l'appelai-je doucement en m'approchant tranquillement d'elle tandis qu'elle se mettait debout. Essayant de faire de mon mieux pour ne pas regarder fixement son magnifique corps, je gardais mes yeux sur la chose qui m'ennuyait. "Valerie, s'il te plaît regarde-moi," dis-je fermement alors que je sortais à mon tour de l'eau.
Valerie se retourna lentement, le visage déformé par la douleur alors qu'elle regardait ses pieds. Je pris ses mains dans les miennes, mes pouces effleurant les cicatrices sur son poignet. Les yeux de Valerie s'agrandirent en voyant ce que je fixais, cependant elle continua d'éviter mon regard.
"Pourquoi est-ce que tu t'aies fait ça?" lui demandai-je dans un murmure, mes yeux voyageant attentivement le long de chaque coupure. Elles remontaient jusqu'aux plis de son coude. Je suppose que je ne l'avais jamais remarqué puisqu'elle portait toujours un pull ou quelque chose. Cela dit, elle pouvait les cacher avec ce truc anti-cernes dont les filles sont obsédées.
"Je n'avais pas le choix," dit Valerie d'une voie rauque et je vis que ses yeux débordants d'eau brouillaient sa vue. Elle inspira alors profondément par le nez et mordit sa lèvre infèrieure pour ravaler les larmes.
"Valerie, s'il te plaît regarde-moi," répétai-je, utilisant mon index pour relever doucement son menton. Tout prenait un sens maintenant. Pourquoi elle m'avait remercié de lui avoir sauvé la vie. La pauvre fille se mutilait depuis Dieu sait combien de temps. Mais je ne peux m'empêcher de penser qu'il y a plus dans l'histoire. Plus qu'elle ne m'a pas dit. "Tu n'as pas à te faire subir ça."
Valerie secoua la tête, ses yeux larmoyants transperçant les miens. "Tu ne comprendrais pas," chuchota t-elle, sa voix se fêlant en milieu de phrase.
"Alors aide-moi à comprendre," l'implorai-je en prenant sa main et enlaçant nos doigts.
Valerie me regarda pendant un moment qui me sembla durer une éternité avant de finalement secouer sa tête une nouvelle fois. "Je... Je ne peux pas," bredouila t-elle. "S'il te plaît, laisse tomber."
"Non," dis-je sévèrement en appuyant mon front sur le sien. "Dis-moi pourquoi tu te fais du mal, Valerie. J'ai besoin de savoir."
Valerie lâcha un souffle tremblant alors qu'elle fermait ses yeux, de multiples larmes jaillissant en leurs coins pour rouler sur ses joues. J'étais bien conscient qu'aucun de nous n'avait beaucoup de vêtements, mais cela ne voulait pas dire grand chose pour moi maintenant. Le fait que je sache que Valerie fasse endurer à son corps des choses horribles me déchirait presque en deux. Est-ce que c'est pour ça qu'elle ne voulait pas me laisser la connaître? Ses entailles? Son passé?
"Ça fait disparaître la douleur," murmura Valerie. "Tu vois tous ces gens là-dehors... souriant et riant, tu voudrais si désespérement un morceau de ce bonheur que tu... tu ne peux en faites pas avoir, que tu peux juste oublier. Tu espères être normal pour une fois dans ta vie, mais tu réalises alors que tu ne seras jamais assez bien pour quelque chose, pour quelqu'un. Tu seras toujours la 'folle'... celle qui est bizarre. C'est juste... que ça me soulage de cette terrible manière que même moi je ne comprends pas. Comme si me mutiler permettait d'éloigner ces affreuses pensées de mon esprit, mais que si je ne continuais pas, elle reviendraient tout de suite."
Entendre Valerie parler et sangloter en même temps m'apporta les larmes aux yeux. Voilà, je connais cette fille seulement depuis quelques jours, mais c'est comme si je la connaissais depuis toujours. Son rire est devenu mon addiction. Son sourire est ma drogue. Ses larmes sont les miennes qui me réduisent à néant et me pincent de culpabilité. Je ne peux m'empêcher de pleurer avec elle. Pourtant, j'essayais de ne pas le faire alors qu'en prenant une grande respiration, j'amenai mes mains à son visage pour le prendre en coupe.
"Ne dis pas de telles choses," dis-je doucement. "N'écoute pas les gens. Tu es assez bien, Valerie. Et si tu ne l'es pas assez pour eux, tu l'es assez pour moi."
"Tu ne me veux pas, Harry," dit Valerie en hoquetant silencieusement et en secouant la tête.
"N'importe quoi," dis-je fermement à voix basse en essuyant ses larmes avec mes pouces. "Si c'était le cas, je ne ferais pas de gros efforts pour aller te chercher."
"Je ne serai pas ici très longtemps," chuchota Valerie, ses mains venant se poser pour couvrir les miennes sur son visage.
"Qu'est-ce que tu veux dire?" demandai-je durement, mon coeur tambourinant dans ma poitrine à la pensée de la perdre.
Je viens à peine de la rencontrer.
Valerie me donna un faible sourire alors qu'elle enlevait gentiment mes mains de son visage. Et lorsque d'une voix basse et tendue, elle me répondit, plus de larmes affluèrent sur ses joues.
"Harry, je suis censée mourir bientôt."
........
Ta da! Alors? Surprises?
Là personnellement j'ai envie de pleurer là maintenant tout de suite...
