1.FEU DE CAMP

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Cinq ans plus tard.

Ère d'Aïsa. AN 5

On raconte qu'à l'origine de l'univers, les dieux peuplaient les cieux. Les mondes naissaient selon leurs désirs. D'une simple volonté, ils créaient des terres, afin d'y insuffler la vie, et ainsi être vénérés.

C'est ce que contait Gildman, assis au sol près d'un léger feu de camp, accompagné de ses deux enfants Burt et Legna. Il faisait nuit noire, le ciel était dégagé, et seuls leurs paroles et le son des braises crépitant résonnaient autour d'eux.

Il tenait dans sa main droite une bouteille de vin, datant d'avant-guerre, qu'il portait à ses lèvres régulièrement, geste qui était devenu malgré lui une habitude depuis bien trop longtemps désormais.

Il aimait se retrouver avec ses fils une fois le crépuscule tombé, afin de leur raconter les histoires qu'ils voulaient bien entendre.Ce soir, c'était le plus jeune, Legna, cinq ans, qui avait demandé à son père, allongé dans l'herbe, les yeux rivés vers le ciel :

- C'est quoi ces points lumineux au-dessus de nous ?

La question fit sourire Gildman, ce à quoi il répondit :

- Des étoiles mon fils. Ce sont eux, chacune d'entre elles représente une divinité. Ils sont là, au-dessus de nous, partout et nulle part à la fois. Nous les admirons seulement quand la nuit tombe, car ils veillent sur notre sommeil et nos rêves... Et lorsque parfois, tu vois l'un d'entre eux filer et disparaitre, c'est le signe qu'un monde vient de naitre, quelque part dans l'univers...

Burt, âgé de cinq ans de plus que son frère ne semblait pas s'intéresser à l'histoire de son père, ou simplement qu'il l'avait déjà entendue. Il était allongé lui aussi, mais son regard se perdait et avait l'air de penser à toute autre chose.

- C'est un dieu qui a créé notre monde ? reprit Legna.

- Une déesse, Astra, comme le nom de notre monde. C'est leur coutume de donner leurs appellations à leurs créations. Chaque divinité ne peut fonder qu'un seul monde, et c'est ainsi qu'ils se différencient dans l'univers.

- Et tu étais là toi ? Continua Legna.

Son père rit aux éclats. Même Burt esquissa un sourire.

- Personne ne se saurait dire sur combien de millénaires remonte la naissance de notre terre répondit-il , on raconte qu'à l'origine, il n'y avait qu'elle. Elle fit d'abord émerger les quatre éléments qui nous permettent de vivre. Tout d'abord l'eau. La source de toute vie. De l'eau à perte de vue, une étendue bleuâtre qui n'avait ni limites, ni frontières. Puis vient l'air, qui te permet de respirer aujourd'hui, nous permet de naviguer sur les infinies mers de ce monde. Ensuite la terre, qui est apparue par-dessus les océans, ses forêts, ses montages, ses plaines, terre sur laquelle tu te reposes actuellement, terre qui nous permet de cultiver, de nous nourrir, de bâtir... Et pour finir le feu. L'élément le plus instable. Sans lui, nos ancêtres n'auraient pas survécu aux rudes hivers que nous connaissons, sans lui il aurait été impossible de forger les armes permettant de nous défendre, mais il est aussi souvent apparenté à la destruction...

Gildman mena sa main au-dessus du bucher, ses yeux se perdant dans la lueur des flammes.

- Sais-tu alors ce qu'il se passa ensuite, mon fils ? demanda-t-il en plongeant son regard dans celui du jeune enfant.

Legna s'était retourné sur le ventre, coudes contre terre, la tête reposée dans ses mains, les yeux emplis de curiosité et répondit non d'un signe de la tête.

- Elle créa les premiers êtres vivants...

- Les Elfes ! répondit-il comme s'il participait un à jeu de devinettes.

ASTRAOù les histoires vivent. Découvrez maintenant