3. SHATIYA & LEGNA

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Tandis que Burt livrait sa commande chez Harrod, son jeune frère ; Legna se trouvait non loin de la capitale, à l'intérieur d'un lieu symbolique ; la forêt de Tanis. Les historiens racontent que c'est au sein de celle-ci qu'Aïsa apparu sur Astra il y'a presque trente ans désormais. Bien que rien n'avait été érigé en l'honneur de la gardienne, des centaines de voyageurs parcouraient le monde chaque année afin de se recueillir dans cet endroit, devenu avec le temps un environnement de culte. Recouvrant une bonne majorité du sud-est de la région, il était difficile, en raison de sa longueur, de l'arpenter entièrement, et rares étaient ceux qui y connaissaient les emplacements les plus magnifiques, bien à l'écart des visiteurs.

Legna faisait partie de ces personnes. Toute sa jeunesse, il avait exploré cette forêt de fond en comble, ratissé ses sentiers, grimpé sur les plus hauts arbres, navigué sur le fleuve la traversant, il saurait capable de se repérer les yeux fermés s'il le fallait. Il passait plus de temps ici que dans sa propre maison.

Ce fut Gildman qui lui dévoila la beauté incroyable de ce lieu la première fois, lorsqu'il n'était encore qu'un enfant. Legna n'avait jamais oublié cet instant. Son père l'avait emmené pour lui montrer où il avait découvert Aïsa, et lui compter comment cette rencontre, cette femme, avait changé la face d'Astra.

Elle a protégé notre monde. Elle nous a sauvés, Elfes, humains, sans distinction. Ces terres que tu foules, cet air que tu respires, ce règne de paix et tout ce que nous vivons ce jour sont dus au sacrifice de notre déesse, et à l'apparition d'Aïsa.

Legna avait dévoré ses paroles, et n'arrivait pas à croire qu'il se tenait là ou tout avait commencé. Il était ébloui par l'histoire de son père, celle de Gildman, ce héros. C'est ainsi qu'il l'avait toujours considéré.

Aujourd'hui encore, ce souvenir le rendait nostalgique. Allongé sur l'herbe, au bord d'un ruisseau, les bras croisés derrière sa tête, il admirait les rayons de soleil se faufiler entre les grandes branches des arbres, ne se lassant jamais de ce spectacle ou le ciel et la terre ne faisaient qu'un. À cette vue, il se semblait infiniment petit.

Une jeune femme ; Shatiya était couchée contre lui, sa tête légèrement posée contre son torse, la main sur son ventre. Legna ne voulait être nulle part ailleurs qu'ici, avec personne d'autre quelle, et que ce moment soit éternel. Il passa ses doigts à travers la chevelure noire et ondulée de celle qu'il aimait. Ce geste était aussi agréable pour lui comme pour elle. Cela fit relever le visage de Shatiya et elle le fixa dans les yeux. Il adorait cette brillance que dégageaient ces derniers, ainsi que leur couleur marron clair, ne faisant qu'un avec la beauté de la terre sur laquelle tous deux se reposaient. Ils se souriaient mutuellement, chacun avec l'envie de s'exprimer, mais ce regard suffisait et cet instant en disait déjà long.

Pas besoin de mots.

Elle l'embrassa, tendrement, puis appuya à nouveau sa tête contre le torse de celui qu'elle aimait.

Ils étaient nés tous deux en l'an 557, ultime année de l'ère des hommes et vivaient chacun parmi deux familles liées d'amitié, ce qui les avait amenés à se connaitre très tôt, se découvrir et grandir ensemble. Dès leur plus jeune âge, il était difficile de les séparer. Il leur aura fallu attendre un certain temps pour atteindre un âge et une maturité pour se rendre compte d'une évidence. Ils s'aimaient, depuis toujours. Rien ne pourrait changer cela.

Ce fut Shatiya qui rompit ce doux silence la première.

– Il ne faut pas que je tarde, je dois absolument voir mon père avant demain. Du moins, il a exigé ma présence. Si ça ne tenait qu'à moi...

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