Ère d'Aïsa, An 24
Cela fait maintenant plus de vingt années que le monde connait la paix. L'ère des hommes laissa place à celle d'Aïsa, en l'honneur de celle qui contribua grandement au sauvetage d'Astra. Valar et ses armées furent vaincus, et les déchus ne refirent plus jamais surface. On oublia leur existence petit à petit... Astra vivait enfin son époque d'harmonie.
Comme tous les matins de la semaine, Burt se rendait dans la ville de Tanis Mura, capitale de l'Abnas.
De toutes les régions d'Astra, l'Abnas était la plus petite et la moins peuplée. Bien que située au nord-est du continent principal, une vaste île accolée aux frontières Elfes, elle avait toujours appartenu aux hommes. Nombreux paysans et fermiers y habitaient en raison de ses longues terres fertiles et ses énormes champs à perte de vue. La verdure dominait ces plaines, la fraicheur la nourrissait. Jamais elle n'avait vécu de sécheresse, d'hiver glacial ou d'autres époques néfastes à son quotidien. Malgré sa proximité également avec l'Enfi, au nord, au-delà de la mer septentrionale ; l'ancien territoire des déchus et l'absence de forces armée, l'Abnas avait toujours su se défendre seule lors du passage des sans âmes. Au delta de ces événements, elle fut depuis des siècles le havre de paix reconnu d'Astra, et le refuge des hommes voulant y couler des jours heureux, ou bien y finir leurs vies.
Bien avant que Gildman ne découvre Aïsa et soit choisi pour devenir un élu, il exerçait le métier de forgeron, comme son père avant lui, ainsi que le père de son père, et ce, sur des générations. Bien que Burt soit l'ainé, il n'avait pas hérité des pouvoirs d'Aïsa de son paternel, mais de son talent et de son savoir-faire pour cet art. Cette lignée familiale d'artisans n'était pas sans réputation, et les habitants de cette région se vantaient d'avoir parmi eux de tels artistes, inimitables sur ces terres. Le succès avait un prix ; le temps. L'homme âgé désormais de vingt-neuf ans passait le plus clair de ce dernier dans son atelier. Il forgeait l'après-midi, le soir, parfois une partie de la nuit selon les demandes, et fournissait ses clients à l'aube le lendemain. Gildman l'aidait tant que possible — entre deux descentes de bouteilles — mais n'assurait jamais la livraison. C'était Legna qui l'accompagnait d'accoutumance, mais aujourd'hui, et comme trop souvent aux yeux de Burt, son petit frère était parti se promener — ou s'isoler — .
C'est donc sur son chariot, tiré par un cheval, où la marchandise était recouverte d'une large toile afin de ne pas attirer les regards, qu'il se rendait en ville. Déterminé d'avoir des réponses aux questions qu'il se posait depuis qu'on lui avait passé cette commande. Il avait pris deux jours, et autant de moitié de nuits à honorer celle-ci, assez inhabituelle pour qu'il s'interroge sur la nature et la raison de cette dernière.
Tanis Mura était aux yeux du monde une cité minuscule. Aux yeux de l'Abnas, immense. La capitale longeait la côte sud de la région, ce qui en faisait également le premier port de l'île. Peu importe ou l'on se situait dans la ville, l'odeur de la mer se ressentait à chaque croisement et ruelle. De jour comme de nuit, de multiples navires accostaient, et les voyageurs, pêcheurs et autres étrangers venaient se mêler au quotidien de cette ville, animée, parmi lesquels, citoyens, commerçants ou individus saouls arpentaient ses chemins. Les sentiers de terres partaient dans toutes les directions, ou l'on y trouvait des centaines de maisons de bois, ou de pierres pour les foyers plus aisés.
Burt remontait la route principale, qui traversait tout Tanis Mura, sous les regards pesants des passants. Tout comme son père, il était loin d'être un inconnu dans la région, les commandes de la famille ayant honoré de nombreux habitants de la capitale. Burt impressionnait par sa carrure. Bien plus grand qu'un homme standard, d'une taille comparable à celle d'un Elfe, et d'un corps imposant, que la forge, à force de coups de masse et de sueurs, lui avait sculpté. On le remarquait aussi pour son physique d'une beauté sans égal ; les cheveux blonds foncés, mi-longs, reposant sur ses épaules, une barbe courte, mais épaisse, et des yeux verts qui ne laissaient personne indifférent. Il ne pouvait passer inaperçu. Cependant, chaque visite, ou livraison dans la capitale était pour lui un calvaire. Quand certains l'admiraient, d'autres le craignaient, de nature solitaire et parfois sauvage, renfermé.
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ASTRA
FantasyL'histoire se déroule dans le monde fantastique et mystérieux d'ASTRA. Plus de vingt ans se sont écoulés depuis la fin de la Grande Guerre qui ébranla cette terre de toutes parts. Malgré les tensions et les conflits du passé, hommes et elfes durent...