FA.

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En rentrant dans mon petit appartement le soir, j'étais épuisée. Mais il s'agissait d'une fatigue physique, pas mentale. Mon cerveau était en ébullition, mes nerfs à vifs, et mon cœur en champ de bataille. 

Ni une ni deux, j'ouvrais mon ordinateur et fouillais les moindres recoins d'internet pour trouver des informations. Il n'actualisait pas vraiment sa page sur les réseaux sociaux et la plupart des informations ne m'étaient pas accessibles ne faisant pas partie de son réseau, mais j'y apprenait néanmoins qu'il était devenu professeur dans un des plus grands conservatoires d'Europe, le Codart de Rotterdam en section piano, mais pas seulement. Il se livrait toujours à l'expression la plus pure de son art à travers des concerts récurrents et ce dans toute l'Europe. 

Ça faisait tellement longtemps que je ne l'avais pas vu que lorsque des photos apparaissaient je ressentais la même stupeur que ce matin. Mes mains tremblaient en parcourant le clavier, voyant tous mes souvenirs se raviver. Mais surtout des tas de questions s'entrechoquaient, avait-il pu retourner à Cuba ? Avait-il revu sa sœur ? Son père ? Qu'était devenu Yuri, son plus fidèle ami colombien qui avait lui aussi fui son pays, contrebassiste de génie qui ne le quittait jamais ? Mais la question qui revenait sans cesse était la plus évidente, et la plus douloureuse. Pourquoi avait-il disparu du jour au lendemain ? Je m'étais toujours dit que c'était comme ça, que c'était un artiste qui vivait pour la musique et non pas pour l'humanité, la musique à ce don de vous toucher sans contact, de vous lire sans vous connaître, de vous livrer sans parler, alors pourquoi pas aussi d'aimer dans besoin d'être aimé ? Je ne pourrais jamais le savoir, mais je m'étais dit cela à l'époque pour me protéger j'imagine, me protéger de cet amour inconditionnel qui m'avait rongé jusqu'à l'os, à m'en rendre malade, même folle. 

En continuant mes recherches, j'avais l'espoir de trouver des informations sur sa venue à Paris, et même le nom d'une salle de concert, d'un opéra ou d'un bar ou il se produirait. Mais rien, je ne voyais pas son nom dans les lieux de la capitale. Mes espoirs se réduisaient. Les prémices de la douleur se firent sentir, mon cœur était lourd et mes yeux humides. 

Comprenez-moi, c'était mon premier amour. Rien que l'idée de repenser à notre premier baiser me donne le vertige et moi-même je ne comprends pas comment cette histoire peut m'affecter encore aujourd'hui après tous ce que j'ai pu vivre ! Je pensais être guérie mais cette soudaine vulnérabilité à son unique pensée me prouve bien me contraire. On ne se connait donc jamais réellement c'est un fait. 

Quelle idiote !

Pas de deuxOù les histoires vivent. Découvrez maintenant