Un cri. C'est ça, qui t'a réveillé. Ça, ou bien la pression qui commence à se former dans tes oreilles.
Cependant, tu ne choisis pas d'ouvrir les yeux tout de suite. Après tout, c'était une habitude, chez toi. Au réveil, tu profitais toujours un peu de ton oreiller et de la chaleur apaisante qu'il te procurait. Au moins cinq minutes...
Sauf que ce n'est ni sur ton édredon, ni sur sur le tissu rembourré que tu as ta tête calée. Et que, tu ne te souviens plus vraiment là où tu avais commencé à dormir, cette fois-là.
Encore des cris. Ils te paraissent éloignés, lointains. Mais ça, tu parviens vite à comprendre pourquoi : tu as tes écouteurs vissés sur les oreilles.
C'est là que tu commences à te rappeler. Dur dur, de faire le point sur tant d'événements, à ce réveil ! Tu es donc en position assise, assez inconfortable, sur un fauteuil, et ce n'est pas chez toi. Tu as entendu de nombreuses voix, et ça fait une heure que ton portable joue en boucle pour tes tympans "I am the Walrus" des Beatles, ta chanson préférée.
C'est donc que tu es en train de voyager, sans doute.
C'est après avoir tiré cette conclusion que tu décides de relever tes paupières.
Ce n'est pas pour autant que tu y as vu clair immédiatement : apparemment tes prunelles se seraient encore volontiers un peu reposées puisque tes yeux t'ont tout d'abord offert une vision un peu brouillée de ton environnement, et que deux petites larmes de fatigue sont apparues aux coins de tes yeux. La trop soudaine lumière t'a éblouie, pour commencer. Tu as donc papillonné des cils, comme pour ajuster la mise au point d'un appareil photo.
Après cela, tu as finalement pu identifier le lieu dans lequel tu te trouvais, alors que John Lennon répétait pour la énième fois à ton cerveau : "I am the egg man... I am the walrus !"
Ça y est, ça t'étais revenu. Tu te trouves dans un avion. Au rythme de ta respiration lente et calme, les mains toujours accrochées aux accoudoirs, tu balades ton regard à gauche. Tu as vu les sièges des autres passagers. Passagers en larmes. Passagers paniqués.
Tu as ensuite regardé à droite. Une chance, tu avais pu avoir la place juste à côté du hublot ! Tu avais toujours convoité la petite fenêtre, lors de voyages avec ta famille. Ainsi, tu avais pu observer le sol devenir minuscule, la mer s'éloigner de tes pieds, et voir les nuages tout près de toi.
Et ce bleu... Un bleu que tu adorais. Ta couleur préférée. Et aussi celle de ton petit frère. C'était d'ailleurs toujours une victoire, lorsque tu remportais ta place de spectatrice du ciel contre ce redoutable adversaire.
Et cette fois-ci, lorsque tu avais dirigé ta tête en direction du fameux hublot, le bleu était toujours là. Ton esprit est instantanément rassuré à sa vue, bizarrement.
Un bleu si vaste. Un bleu sans limites.
Mais le vol d'avion lui, il en a une, de limite. Et ça, tu le sais qu'il finira bien par atterrir.
Et c'est lorsque tu vois le sol se rapprocher à toute vitesse, à travers la vitre, que tu vois le bleu que tu aimais tant rapidement remplacé par du gris béton, que tu comprends enfin.
L'avion était en train de s'écraser.
Le dernier souvenir qu'il t'est resté, c'est un grand crash. Tu n'as même pas eu le temps de réagir, à cause de ton réveil lent.
Et maintenant, à toi, le bleu sans limites.
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Sans limites.
Short StoryUne histoire courte, en une seule partie. Si vous commencez à la lire, voici ce que vous y trouverez : d'abord, du bleu. Sans limites. Ensuite, un crash. Reprise d'une rédaction écrite au Collège. Bonne lecture !