Trois heures Vingt et un

Chapitre 2 . Lydie Duparc

Elise

  Sur le trottoir, on n'y voyait rien. Un brouillard effroyable surplombait la ville, et les gens avaient des difficultés à marcher.

  La ville de Londres s'était éteinte. Les réverbères se mirent à s'allumer, et tout le monde rentrait chez lui.

  Encore quelques voitures s'aventuraient par-ci par-là, et puis, les restaurants commençaient à se bonder de gens, les cinémas sont bousculés parmi les clients qui veulent à tout prix ce soir voir le dernier film sorti.

  Bref, tout le monde menait sa vie.

  Le mauvais temps de la journée s'était enfin terminé. Quelques gouttelettes tombaient encore et faisaient plic ploc sur le béton, et le sol était glissant. Mais au moins, il ne pleuvait plus.

  Aidée de son ami Ethan, Lydie tentait tant bien que mal de marcher droit.

- Fais attention à toi !  lui dit Ethan. Cela fait 3 jours que tu es restée enfermée chez toi, à ne pas bouger, alors il faut que tu te réhabitues doucement à avancer.
- Oui, oui, je sais. Je ne suis pas bête. J'essaie de marcher, mais je ne suis plus habituée à cette prothèse !

  Ethan s'arrêta et prit une petite cigarette qu'il sortit de sa poche. Il l'alluma à l'aide d'un briquet et fit signe à Lydie de le rejoindre.

- Restons ici le temps que la pluie se termine. Le sol est trop glissant pour que ta prothèse ne fonctionne bien.
- Mouais, tu veux surtout prendre ta pose quotidienne !  Je t'avais dit d'arrêter !  Tu ne tiens pas tes promesses !

  Lydie se posa contre le mur de briques et attendit.

  Celle-ci avait, lorsqu'elle faisait quelques années, fait un accident.
Elle aimait jouer au football, malgré que ce soit une fille, et elle s'était intégrée dans un club. Ses muscles surentraînés impressionnaient les garçons.
Mais une journée de mai, Lydie n'a pas fait attention à ce qui se tramait autour d'elle, en plein passage pour piéton.
C'est là que le drame qu'elle regretterait toute sa vie se produisit.

  Un camion la percuta violement, ce qui lui fit un choc terrible à la tête et aux jambes.

  Elle fut emmenée à l'hôpital le plus proche, et les médecins n'eurent d'autre choix que de lui emputer la jambe droite.

  De plus, à cause du choc dû au cerveau, Lydie était devenue un peu amnésique, et elle ne se souvenait pas de tous les souvenirs et de toutes les actions qui se propageaient autour d'elle.

  Pendant 11 ans, elle n'avait d'autre choix que de se promener en chaise roulante.

  Ses parents qu'elle aimait plus que tout travaillaient sans cesse pour la petite, mais la technologie de son enfance ne lui permettait pas de pouvoir marcher normalement.

  Elle a été aidée pendant des années de Ethan, son assistant social.
Il n'en ai plus devenu un. Ils passaient tellement de temps ensemble que c'était devenu un de ses meilleurs amis.

  Il n'avait que quelques années de plus devant elle, et celle-ci avait un petit penchant pour lui. Mais elle est vite passée à autre chose.
Elle ne se souciait point de ses relations avec des hommes. Elle n'en avait jamais encore rencontré qui pourrait l'intéresser, et sa jambe était sa première attention.

  Lydie laissait pousser ses cheveux blonds qui se mariaient avec ses yeux turquoise. Elle les coupaient de temps en temps pour les arrêter aux épaules, et elle les aimaient lorsqu'ils sont un peu ondulés naturellement.

  Ethan laissait souvent ses cheveux noirs en bataille, montrait une certaine carrure par ses larges épaules et dépassait beaucoup de filles de taille. Il faisait 3 têtes de plus que Lydie.
Ses yeux bleus profonds faisaient craquer les filles, mais il ne les aimait pas, ses yeux. Il n'a jamais aimé le bleu. Mais pourtant c'est ce qui faisait tout son charme. Il disait tout le temps que ça n'allait pas avec sa peau, qui restait souvent pâle. Il n'a jamais vraiment réussi à bronzer en été.

  Il y a à peine quelques mois, après avoir économisé quelques billets et avec l'aide de Ethan, Lydie s'est offert une prothèse. Certes, elle ne ressemblait point à une vraie jambe, ce n'étaient que des morceaux métalliques, mais elle put enfin marcher. Elle est restée à la maison pendant quelques jours, car après maintes et maintes essais, la jeune femme ne réussissait pas à marcher. Elle est restée en dépression et regardait tout le temps la télé dans son fauteuil.

  Ethan était venu à son secours, et beau parleur qu'il était, il avait réussi à la faire sortir.

  Lydie a tenté toute l'après-midi de marcher, et il avait commencé à pleuvoir.

  En tout cas, elle avait fait des efforts.
Elle avait juste besoin que quelqu'un comme Ethan la tienne sur le côté pour ne pas tomber.

  Il lui promis d'aller lui acheter une montre, une belle montre achetée chez un vrai horloger.
Lydie en avait bien besoin car, à cause de son amnésie, elle se perdait parfois dans le temps et oubliait de faire certaines choses.

- Tu vas voir Lydie, quand tu l'auras, tu pourras enfin te débrouiller seule ! Tu pourras choisir celle que tu veux, je me fiche du prix ! avait dit Ethan.

  Lydie n'avait jamais porté de montre, et elle ne regarde l'heure que sur le big ben, car il se trouvait proche de son travail de bibliothécaire. Elle pouvait l'apercevoir depuis les grandes vitres du bâtiment, mais lorsqu'elle était chez elle, elle ne le voyait plus.

  C'est donc en ce soir de Londres que Ethan et Lydie partirent à pied jusque chez l'horloger, Andrew Erskyn. Il n'était qu'à deux pas de chez Lydie, et ça lui faisait faire de l'exercice de marcher.

- C'est bon, ta pause clope est terminée ? s'agaça Lydie. On peut y aller ? Il se fait tard, il faut qu'on y aille avant que ça ne ferme !

  Ethan rangea sa boîte, jeta sa cigarette par terre et l'écrasa à l'aide de son pied.

- Je n'y peux rien, il n'y a pas de cendrier ici! fit-il, le sourcil rehaussé.

Lydie jura, prit le bras d'Ethan et mit un pas devant l'autre.

- En route !