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   Je me suis endormie très tard, et pour peu de temps. Je n'arrivais pas, ne pouvais pas, arrêter de penser à elle. Même si, à cinq heures et demie, il est encore beaucoup trop tôt pour partir au collège, je commence déjà à me préparer. Je ne risque pas de déranger grand monde: finalement mes parents ne sont même pas rentrés, et mon frère, comme souvent, a passé la nuit chez la nounou (heureusement qu'elle est payé cher, je n'imagine pas comment cela doit lui casser les pieds d'avoir à supporter ce monstre toute la journée, et la nuit) . Je suis plutôt contente d'être seule, je peux me préparer à mon aise, sans avoir à faire attention à faire le moins de bruit possible. Je me dépêche donc, je veux être prête le plus tôt possible, pour mettre mon plan à exécution.

   Comme je ne sais pas si Sarah va m'attendre devant chez moi comme tous les matins, j'ai décidé de prendre les devants, et d'aller moi-même la chercher. C'est le seul moment où on peut parler seule à seule,  et où elle sera forcée de m'écouter. 

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   Plus je me rapproche, plus je regrette. Ne m'avait-elle pas dit de ne jamais aller chez elle ? Et si elle refusait de me parler ? Je me retrouverai toute seule, comme une idiote, à courir après quelqu'un qui me déteste.

   Trop tard pour les regrets, j'y suis. Ça n'a rien à voir avec ma maison, c'est sûr. Les immeubles sont incroyablement hauts, et tout décrepis. Bien qu'ils soient hauts, les appartements n'ont pas l'air très grands, emboîtés les uns dans les autres. J'aurais du mal à vivre là dedans, c'est sûr.

    Je cherche le nom de Sarah sur les boîtes aux lettres, pour savoir près du quel des immeubles l'attendre, et l'étage où elle habite (c'est toujours utile). Bâtiment C, 4ème étage. Je m'éloigne un peu, pour essayer d'apercevoir son appartement, et pourquoi pas, elle-même.

   Ce que je vois me glace le sang. Je comprends, à présent. Et dire que je croyais que c'était seulement parce que j'étais riche qu'elle ne voulait pas m'inviter... Comme j'étais naïve !

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