6. Je suis désolée

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- Tu sais,tu pouvais me le dire clairement. Tu n'es pourtant pas du genre timide d'habitude.

- Ça n'étais pas à moi de te le dire.
Ça ne se fais pas.

- Comment ça ? Tu sais, faire écrire ta lettre par une autre personne pour ne pas que je reconnaisse ton écriture, et la faire déposer par Amaïa est assez malin... Mais c'est inutile. Tu sais très bien que, depuis toujours, tu me plais... Et ça n'a pas changé.
À vrai dire, je pensais que tu m'avais oublié, alors ça me fait vraiment plaisir.

- Euh...Je crois que tu as mal compris. Cette lettre n'est pas de moi.
Amaïa et moi avons juste aidé... Je ne peux pas le dire! Mais je te jure que ça n'était pas de moi.

- Pardon ? Quel con...alors tu t'en fous réellement de moi! Je ne me trompais pas...

Sur ses paroles, l'énervement m'emporte.
Je suis choquée qu'il puisse penser ça.

- J'espère que tu rigoles!? Car c'est toi qui m'ignore depuis que je ne suis plus avec Romain! C'est totalement illogique, avec ce que tu viens de m'avouer! Je t'interdis de me faire passer pour la méchante! Je n'ai rien fais et tu le sais aussi bien que moi!

- Je confirme...Tu n'as rien fait pour me comprendre. En vérité, ça n'est pas depuis que tu n'es plus avec Romain que je suis si froid.
Mais c'est depuis que tu t'es mis avec lui!
Mais comme tu es trop égocentrique, que tu ne pensais qu'à ta petite personne et tes petits problèmes, tu ne l'as même pas remarqué...
Tu n'as même pas réalisé que tu m'as laissé tomber d'un coup! Moi qui était prêt à te demander de sortir avec moi! Quel idiot!
Et toi tu qui es tellement égoïste...
Tu ES la méchante et il va bien falloir que tu le réalises un jour!

Je suis tellement choquée par ses paroles crues, que je ne réponds pas directement. Il est dur. Mais je dois me l'avouer... Il a raison.
Je n'ai pas fais attention aux autres, et je me plaignais de mon histoire avec Romain sans voir le mal que ça pouvais engendrer.

- Je suis désolée...

Aucun autre mot n'arrive à sortir, ils sont comme bloqués par ce sentiment de culpabilité qui m'oppresse. Moi qui pourtant a toujours quelque chose à répondre!

Son regard empli de tristesse, de colère et de déception me perturbe et me pèse. Je sens qu'au moindre mot de plus, je ne ferai qu'empirer les choses.
Alors je le laisse partir, après qu'il m'ai dévisagé longuement avec ce regard qui me traverse comme une lance.
Je reste sur place un long moment sans savoir quoi faire, paralysée par cette tension, quand d'un coup, je sens une présence derrière moi.
Je pourrais me retourner, mais je ne le fais même pas.

- Ça va ? Je t'ai vu te disputer avec Hémy... et je ne voudrai pas me mêler de ce qui ne me regarde pas mais... ton regard vide m'a inquiété.

Cette voix! Elle est reconnaissable entre mille. On l'entend souvent crier et s'énerver, mais là elle est calme et rassurante. Il presque mignon, tellement il a peur de dire quelque chose de mal.
C'est César.
J'étais sûre qu'il y avait un côté adorable derrière celui du mec bagarreur. Je me retourne et me plonge dans ses beaux yeux. Il y a un silence profond pendant quelque instant.  Mais c'est loin d'être un silence gênant. C'est comme si il s'infiltrait directement dans mes pensées pour me calmer.

- Tu veux en parler ?

- Je ne sais pas trop...

- Tu préfères peut-être que j'appelle Tara et Amaïa ?

- Euh... Non! Ne t'inquiète pas. Elles seront bien assez vite au courant de toute façon.

Je parle calmement, presque à voix basse. Je suis désemparée. C'est alors que César prend mon menton pour m'obliger à le regarder dans les yeux, comme si il savait que ceci me soulagerai.

- Ça n'est rien. Tu ne dois pas rester comme ça. Ça n'est bon pour personne de se prendre trop la tête. Ça n'est pas comme ça que l'on avance.

Ses paroles me touchent, mais ce n'est pas suffisant pour calmer mon mal-être. C'est à ce moment là qu'il s'approche lentement de moi et me prend dans ses bras avec délicatesse. Je ne m'y attendais pas du tout et je n'ai pas l'habitude des gestes d'affections.
Mais à l'instant même où il me serre contre lui, je sens tous le poids que je sentait me perturber, retomber. Aucun de nous deux ne dit rien, mais c'est exactement ce qu'il me faut.
Je mets mes mains machinalement derrière son dos et je pose ma tête contre son torse. Il me frotte très légèrement le dos et de l'autre main, caresse délicatement mes cheveux. Ses gestes me font instantanément du bien et je me sens tellement mieux ! En réalité, ce câlin n'a duré que quelques secondes, mais il a réussi à apaiser ma respiration. Ce mec est comme un médicament.

On se sépare et la sonnerie retentit.
Il me fait un sourire immense et part en cours sans rien ajouter, mais ce n'est pas nécessaire.
Il m'a déjà donné tous ce qu'il me fallait. Je pars alors rejoindre les filles en classe.

Le prof n'est pas là, donc on doit aller en étude. Pendant le trajet, Tara et Amaïa sont chacunes à côté de moi. Elles se lancent de grands sourires, et des regards qu'elles seules peuvent comprendre.

- Alors? Il était bien ce câlin ? Me demande Tara comme si elle ne pouvait plus se retenir.

Je ne suis même pas étonnée qu'elles me posent cette question.
Mais je me demande vraiment comment elles ont pu le voir.
Elles étaient dans le collège, et moi à l'extérieur. Je n'ai pas eu à demander que j'ai eu la réponse instantanément. C'était comme si elles lisaient dans mes pensées..

- Cherche pas! on était sur la passerelle, à observer, dès que Hémy est arrivé. On savait qu'il t'attendait, mais j'avoue qu'on ne pensais pas avoir affaire à ça....

- Mais.. bande de folles! Vous êtes vraiment de grosses malades à me surveiller comme ça!
Je dis en rigolant

- On sait!

Elles ont dit ça en même temps et avec un grand sourire, comme si elles étaient fière d'elles.
Elles sont tarées, mais c'est ça qui est génial chez elles.

Je leur raconte ce qu'il s'est passé et comment j'en suis arrivée là.
La réaction de Hémy, les choquent tout autant que moi.

- Tu n'as pas à culpabiliser!
Tu ne pouvais pas savoir qu'il te kiffait. Il n'avait qu'à être plus clair. Et même si tu le savais, tu as le droit de ne pas partager ses sentiments.
Tu peux faire ce que tu veux, et tu n'y peux rien si ça le blesse. M'explique Amaïa

Elle a toujours les bons mots, putain! Je lui fait un bisous sur la joue pour la remercier quand j'entends quelque chose se briser derrière moi et quelqu'un m'hurler dessus.

- C'EST UNE BLAGUE J'ESPÈRE !? Petite salope...

Un cercle vicieuxOù les histoires vivent. Découvrez maintenant