8. Bon jeu

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Comme je l'avais prévus, ces vacances ont été extrêmement longues et ennuyantes.
J'ai, cette année encore, fêté le nouvel an en famille.
C'était la dernière année, car je me suis fais extrêmement chier.
Mes cousins sont tous majeurs, alors j'étais la seule enfant.

Je me réveille tranquillement ce matin et je suis de bonne humeur.
Je sais que je vais retrouver les regards froids et méprisants des deux autres. Mais je ne compte pas perdre ma bonne humeur à cause de leur petite vie triste. J'avoue que j'aimerai bien que ça s'arrange entre nous, mais comme je suis très bornée et que j'ai ma fierté, en deux semaines je n'ai pas eu la force de me décider à aller leurs parler. Un jour ma fierté me perdra, je le sais... Mais que voulez-vous?
Avec un peu de chance pour eux, les vacances auront été bénéfiques et c'est eux qui décideront de venir me parler.

J'arrive au collège comme d'habitude, et je rejoins les filles.

Laï est là. Je ne sais pas comment me comporter avec elle. Alors arrivée à son niveau, je stagne. Elle me regarde longuement. Je n'arrive pas à décrypter ses émotions, puis d'un coup, sans un seul mot, elle se jette sur moi et me prend dans ses bras. Elle me sert le cou tellement fort avec ses bras, qu'elle m'étouffe presque.
Je me laisse faire, le poids que j'avais au fond de moi redescend un peu.

- Excuse moi, j'ai été dure avec toi alors que tu n'avais rien fait.
J'avais juste tellement la rage...que je me suis servie de toi pour me défouler, je regrette vrai...

- Chuuutt. Je lui dis doucement dans son oreille, en la coupant.

Elle n'a pas besoin de s'excuser plus que ça, ça me suffit amplement. Je n'aime pas les scènes trop sentimentales, ça me met mal à l'aise. Je sens qu'elle est sincère alors c'est le principal. Ça me permet de me détacher d'elle, car ce câlin forcé ne me plaît pas plus que ça.
Je suis soulagée mais seulement à moitié.
Ça m'a donné du courage pour aller parler moi même à Hémy.
On a fait un pas vers moi, je peux le faire aussi.

Je suis décidée à lui parler, et maintenant, je commence à le chercher du regard et quand je le trouve, je fonce vers lui.
Je m'arrête d'un coup, en me disant:
"et si en m'arrangeant avec lui, Laï me refaisait la gueule ".
Je ne veux pas avoir à supporter un deuxième round des caprices de la petite. Je laisse donc tomber pour le moment. Je vais réfléchir à la question et peser le pour et le contre.

Pendant la journée de cours, je ne suis pas très concentrée.
Cette routine me fatigue. Comment on peut faire dodo/cour, de nos 3 ans à minimum nos 18 ans ,sans péter un câble? sérieux !?
Je ne suis pas une mauvaise élève, on va dire que je m'en sors plutôt bien.
Je ne suis pas non plus une élève turbulente. Ni la fille qui veut se faire le plus discrète possible et qui veut qu'on fasse comme si elle n'existait pas. Mais flemme de faire ami/ami avec tous le monde. Les gens ont tendance à vouloir être acceptés et aimés des autres, c'est un sentiment compréhensible je suppose...
mais moi j'ai mes proches, et ça me suffit.
Sincèrement, j'emmerde tous le reste du monde, et je vis très bien comme ça.

Je sors de cours plus tôt que prévu.
Je décide alors d'aller m'acheter quelque chose à manger. Sur le chemin de la boulangerie, je sens quelqu'un m'attraper par derrière, me soulever du sol et me faire tourner.
Ce sont des bras forts qui me soulèvent sans problème. Je n'ai pas le temps de m'affoler, que le garçon en question viens se placer devant moi. C'est César. Qui d'autre ça pourrait bien être ? C'est bien le seul à arriver toujours pas surprise comme ça, toujours quand je ne m'y attend pas.

- Alors! Tu vas où comme ça ?

- Manger. Il y a quoi d'autre de mieux à faire après une longue journée de cours ?

- Humm...Aller faire du sport, se défouler... Oui je sais! Tous le monde pense que je ne fou rien tout ça parce que je suis un peu gros...
Mais au contraire je suis très sportif! On est tous comme ça dans ma famille à cet âge.
J'espère qu'en grandissant, je changerai.

Il a dit ça avec une telle conviction que je sens qu'il fera vraiment tous pour changer et je crois en lui.
Je savais que ce gars avait du caractère et de la motivation.
C'est ce genre de personne qui n'abandonnent pas et qui ne s'apitoient pas sur leur sort, que j'adore. Ils sont là pour rappeler aux autres que tout est possible si l'on y met du sien.

On se pose dans un parc et on commence à discuter. Je lui raconte plus précisément les raisons de ma dispute d'avant les vacances, avec Hémy. Il est vraiment à l'écoute et c'est rare pour un gars. C'est agréable.

- C'est un mec, il a sa fierté mais il reviendra! Il lui faut du temps c'est tout. Et si il ne revient pas qu'est-ce ça peut te faire, sincèrement ? Ça ne va rien changer de spécial à ta vie.

En y réfléchissant, il a raison.
C'est vrai qu'on se connaît depuis la maternelle. Mais depuis le collège nous ne sommes plus aussi proches. C'est aussi pour ça que j'ai été étonnée qu'il m'aime, ou plutôt, qu'il pense m'aimer.
On a pas les mêmes potes non plus. Alors si il sortait de ma vie, ça ne changerai pas grand chose et ça ne me ferai pas vraiment de mal.
C'est tellement plus clair maintenant, et beaucoup plus simple.
En une conversation César a réussi à me le faire réaliser.
Il est génial.

- Je dois avouer que tu as totalement raison.

On continue à discuter, on parle de tout et de rien. Il commence à me parler " amour " et me demande si je suis attirée par quelqu'un. Je lui dit que non. Lui me dit qu'une fille lui plaît physiquement. Mais que c'est une petite peste, qui se croit toute puissante et fais la fille difficile. Alors qu'elle fait tout pour attirer les mecs. Je pense inconsciemment, qu'à notre âge, c'est triste de déjà ce comporter comme ça. Si elle craque et tombe sur un gars qui, au final, joue avec elle... Elle risque de tomber de haut.
Ce sont des pensées vraiment sournoises, mais je ne cupablise même pas.

- Tu sais le gars...
Comment il s'appelle déjà ? Ah oui! Karl. C'est exactement elle, mais en gars. Il fait trop le fou et joue avec les filles.

Je sais parfaitement de qui il parle, tout le monde le connaît. Il se fait tellement remarquer qu'on ne peut pas ne pas avoir entendu parler de ce petit con. Tous le monde sait que s'en est un... Mais bizarrement, dès qu'il donne un peu d'attention à une fille, elle change complètement d'avis et deviens sa petite chienne.
J'ai même l'impression qu'il prend un malin plaisir à draguer plusieurs filles d'un même groupe, juste pour foutre l'embrouille entre elles. Et le pire c'est que ça marche en plus!
Lui aussi mériterai de tomber de haut.

César et moi nous regardons avec un air malsain, comme si nous avions tout deux un plan machiavélique en tête, mais que nous voulions être sûrs que l'autre est aussi fou que lui.
Et pense la même chose.

- J'ai une idée. On va commencer à jouer un peu... Il me chuchote, avec un grand sourire aussi sournois que le mien.

Un cercle vicieuxOù les histoires vivent. Découvrez maintenant