Le fantasme

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Ce petit salaud a mis le feu à mon maillot de compétition, qui n'a d'ailleurs rien de bien sexy. Je suis trempée, bien avant d'avoir mis les pieds dans l'eau. La sensation exquise de mon entrejambe entrant en contact avec le liquide me fait frémir. J'en profite pour faire quelques mouvements de brasse, m'ouvrant sans complexe au contact de l'eau sur mon intimité brûlante. Des images sensuelles m'assaillent. C'est si facile de nous imaginer enlacés dans la piscine, mes bras autour de son cou, ses mains agrippées au rebord de pierre, mes jambes autour de ses hanches, pendant qu'il s'active entre mes cuisses.

Bon sang !

Déconcentrée, je bois la tasse et me remets à tousser. Heureusement, ma démonstration foireuse reste confidentielle. Quelques baigneurs sont arrivés, et l'habituel petit troupeau de groupies se forme autour du fruit de mes rêveries.

J'observe la danse prédatrice de l'essaim qui butine autour de mon maître-nageur. Aux grands gestes qu'il exécute, je comprends qu'il tente d'enseigner à ces dindes les rudiments du crawl. Elles sont très attentives, c'est limite si je ne vois pas la bave couler de leurs lèvres gourmandes.

Tout cela m'amuse beaucoup. Et je n'ai pas du tout envie de mordre. Voire d'arracher leurs prothèses à mains nues. J'ai déjà remarqué une quantité impressionnante d'essais - qui se sont révélés infructueux - à s'attacher les bonnes grâces de l'athlète. Généralement, le malaise au beau milieu de la piscine gagne la palme de l'excuse en bois. Mais il a une technique en béton armé pour les dissuader de remettre ça. Il lui suffit de dégainer le défibrillateur d'un air sérieux et de désigner une de leurs copines pour assurer le bouche-à-bouche. Pour moi, c'est une occasion supplémentaire d'attraper un énorme fou-rire. Avec un peu de chance, cette bonne humeur me suit tout le reste de la journée. Pour lui, c'est un moyen comme un autre de stopper, avec humour, les petites simulatrices.

J'ai aussi noté qu'il conservait une distance assez nette avec son fan-club. Serait-ce à dire que la proie facile n'est pas son quatre heures préféré ?

Un coup d'œil sur la pendule numérique m'indique qu'il me reste encore un peu de temps pour barboter avant de prendre la route vers mon travail. Avec l'épisode de tout à l'heure, je suis moins encline à avaler mes longueurs. Une certaine langueur a envahi mon corps.

Eh bien, j'ai vraiment une furieuse envie de sexe, moi. Y a des séances de rattrapage dans l'air... Et plus je l'observe, plus il me donne l'eau à la bouche.

Je me suis toujours contenté de brefs regards, de petits sourires polis, de discussions anodines sur les dernières innovations nautiques. Aujourd'hui, je prends le temps de mieux l'examiner, à son insu. Le torse est large, les épaules et les bras bronzés sont bien musclés, même s'ils sont en partie recouverts par ce foutu tee-shirt. Le reste est taillé dans le même granit, bien que les jambes soient plus poilues que celles de ses collègues. L'un d'eux vient justement d'arriver, je peux comparer.

Le deuxième homme est plus âgé, proche de la quarantaine. Très beau lui aussi, d'ailleurs. Marié si j'en crois les éclats dorés renvoyés par son annulaire gauche. J'envie un peu l'épouse inconnue qui accueille dans son lit un homme pareil. Décidément, même l'eau fraîche de la piscine ne parvient pas à refroidir mes ardeurs ! À ce niveau, ça tourne à la pathologie !

Mon célibat me pèse. Quand par chance, je tombe sur un homme qui me plaît, c'est étrange, je fais tout foirer au bout de peu de temps. J'en déduis que je ne suis pas faite pour les relations amoureuses. Et ce n'est pas mon maître-nageur qui va me dissuader du contraire. Probablement trop jeune pour s'impliquer dans une histoire, un métier qui l'expose à toutes les tentations possibles... Non, il a le potentiel d'un sex-toy super sexy, pas celui d'un petit ami convenable. De toute façon, c'est un chaud lapin, rien de plus. Oui, bon. Moi j'ai besoin qu'on me chauffe la chatte, ça tombe bien.

Le coachOù les histoires vivent. Découvrez maintenant