Exploration...

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— La piscine va fermer, mademoiselle.

— Je... j'ai rendez-vous... enfin, Maxime m'a demandé de passer.

— Ooooh ! Alors c'est vous !

Cette exclamation spontanée me met mal à l'aise. Ça a donc déjà fait le tour du personnel ? Nous avons pourtant été discrets, sans croiser personne dans les vestiaires. À moins que... se serait-il vanté de ses exploits ? Ce n'est pas impossible.

— Il a parlé de moi ?

— Ah oui alors ! Pour parler de vous, il en parle ! Depuis des semaines ! « J'ose, je me dégonfle, j'ose, je me dégonfle ». Combien de fois l'a-t-on entendu tourner en rond et renoncer au dernier moment ? Pourtant, faut voir le succès qu'il a auprès des jeunes dames, c'est fou, on dirait qu'elles veulent toutes lui butiner le pistil ! Vous êtes une petite veinarde, un si beau garçon ! Et bien élevé aussi !

Et bien monté en plus ! Oui, bon, celle-là, je me la réserve...

— Personne n'a voulu parier sur ses chances de réussite ! Pensez-vous, un bon gars comme ça... qui refuserait de sortir avec lui ?

— Une personne indifférente ou déjà prise, je suppose.

— Impossible ! Même les femmes mariées lui font du gringue !

— Ah ? Pas terrible pour la confiance, ça.

— Oh si, vous pouvez lui faire confiance ! Notre Maxime est un gars honnête, pas un dragueur fou comme d'autres...

Je suis tombée sur une commerciale de la rencontre. Elle me fait l'article de son collègue avec un acharnement qui confine au sublime. Si je n'étais pas déjà intéressée, je crois bien que j'accepterais de le rencontrer juste pour tester la marchandise qu'elle me vend.

La voix haut perché de la caissière a attiré des curieux. Deux maîtres-nageurs sortent par les portes battantes pour savoir ce qui la pousse à émettre de petits piaillements extatiques. L'un d'eux me remarque immédiatement, et ne se gêne pas pour me détailler de la tête aux seins. Je constate avec amusement qu'il ne saura jamais si j'ai aussi des pieds. D'après son regard gourmand, c'est sûrement un de ces fameux dragueurs fous.

En tout cas, on ne peut pas dire que ce soit désagréable d'être déshabillée des yeux. Depuis que je fréquente cette piscine, je n'ai jamais vu un moniteur moche, ni même simplement quelconque. Pourtant, il n'y a que Max qui ait attiré mon attention. J'ai été trop longtemps aveugle, parce qu'à l'instant, j'ai une furieuse envie de les siffler comme le ferait un ouvrier devant une paire de talons. Ma petite séance avec Maxime n'a peut-être pas révélé la meilleure part de ma personnalité !

Le deuxième revient sur ses pas et annonce peu discrètement par la porte entrebâillée :

— Max, ton rencart t'attend ! Tu devrais te grouiller avant qu'Alex s'en approche. Il bande déjà !

So fresh...

L'Alex en question n'a aucun scrupule à me mater tel un steak-frites dans l'assiette d'un mec au régime. Le côté gros dragueur qui se la pète, ce n'est définitivement pas mon genre, enfin... peut-être qu'à quatre pattes, ça passerait mieux... N'importe quoi ! Je tourne nymphomane maintenant !

Les portes s'ouvrent à toute volée, laissant Max passer d'un air décidé. Je capte le coup d'œil un peu hargneux qu'il lance à son camarade. Celui-ci l'ignore pour mieux lui montrer ses pouces levés. Okaaaay, si ça c'est pas un message du style « mec, ton rencart va transformer tes couilles en désert de la soif ! », je veux bien me faire nonne trappiste. Même si ça n'existe pas.

Le coachOù les histoires vivent. Découvrez maintenant