Bailey regrette un bon nombre de ses choix passés.
Harcelée, elle pense avoir une chance d'être heureuse quand Yann s'intéresse à elle, si différent de tout ces garçons seulement intéressés par son corps.
Mais Yann n'est pas si différent des autres...
J'avais pensé à la façon dont j'allais bien pouvoir sortir de la salle de classe sans devoir vivre ce moment très gênant. Quand je parlais de moment gênant je parlais de la gênance suprême. Mon nouveau prof avais vu la vidéo dans laquelle je me faisais violer et je devais en plus aller le voir pour lui expliquer la situation ? Quelle excuse pouvais-je lui donner à propos de cette vidéo d'ailleurs ? Que j'avais été filmée dans un moment intime ? C'était la vérité après tout, mais elle occultait le fait que c'était en réalité mon viol. Déjà que cet homme avait été témoin de mon cri de rage de ce matin et qu'en plus j'étais littéralement tombée sur lui devant les toilettes, il fallait maintenant qu'il me voit nue sur une vidéo qui me montrait lors d'un rapport sexuel. Si il n'appelait pas mes parents après ça je pouvais m'estimer vraiment heureuse.
Lorsque la sonnerie sonna je cru entendre mon cœur sortir de ma poitrine mais je me forçai tout de même à ranger mes affaires et tentai de m'enfuir de la salle en m'incrustant dans la file d'élèves pressés de sortir. Seulement, le prof ne m'avait pas oublié et il me demanda de rester.
La fille qui s'était fait confisqué son téléphone garda la tête baissée en attendant la sentence du professeur qui arriva dès que tous les autres élèves eurent déserter la salle de cours.
- L'une de vous peut-elle m'expliquer ce que c'est que ça ?
Demanda-t-il en désignant le téléphone de la fille qui était apparemment assez idiote pour ne pas avoir d'écran de verrouillage. Non mais qui avait encore un téléphone sans code de verrouillage aujourd'hui ? Par sa faute, le prof n'avait eu aucun mal à accéder à la vidéo et pouvais la mettre en route à tout moment. Mon estomac se tordit en voyant l'écran sur lequel j'apparaissais dans mon plus simple appareil.
Je me sentais au plus mal, ce n'était pas moi qui allai répondre à sa question. La fille sembla le comprendre et après un certain temps, ouvrit la bouche.
- Cette vidéo circule dans tout le lycée monsieur, j'étais juste curieuse de savoir ce que c'était.
- Vous étiez curieuse ? Et bien j'espère que votre curiosité est assouvit maintenant.
- Oui monsieur.
- Tenez je vous le rend. Que je ne vous revois plus sur votre téléphone pendant mon cours mademoiselle. Bien entendu, vous serez également collée deux heures mercredi prochain.
La fille acquiesça et récupéra son bien sans un regard.
Je restai alors là, devant le bureau du professeur qui ne semblait pas vouloir prendre la parole et qui m'observait de son fameux visage sans expression. Ne pouvait-il pas juste bouger un peu, montrer de la compassion ou bien relever la commissure de ses lèvres pour se moquer de moi, tout mais pas ce regard inexpressif qui m'empêchai de savoir ce qu'il pensait.
N'en pouvant plus je lui dis que j'allais m'en aller mais il m'en empêcha.
- Il me semble que vous avez une explication à me donner.
- Une explication ?
- Oui, une explication jeune fille. Vous trouvez ça normal qu'une vidéo de vous en train de coucher avec un homme circule dans ce lycée ?
Sa question me coupa le souffle. Qu'allais-je bien pouvoir lui dire pour expliquer cette situation ?
- Non...bien sûr que non.
- Alors ?
- Alors quoi ?
- Votre explication je l'attends toujours.
J'avais envie de lui répondre que cette vidéo montrait mon viol, j'avais vraiment envie de lui dire. Mais aucun son ne voulait sortir de ma gorge, le nœud de mon estomac se tordit encore plus et des larmes menacèrent de couler.
Il remarqua mon trouble et son expression sembla s'adoucir pendant une fraction de seconde avant qu'il ne remette son masque de glace pour me demander d'une voix un peu moins expéditive.
- Vous devriez, me le dire. Je peux vous aider.
- Ce...
Les mots avaient tenté de franchir mes lèvres, mais sans succès. Il se rapprocha alors de moi en s'asseyant sur son bureau.
- Prenez votre temps et racontez moi tout.
A ces mots, je ne pu empêcher mes larmes de dévaler mes joues et je ne pu retenir un sanglot.
Tout lui raconter ? Je ne sais pas si j'en était capable, après tout je ne l'avais dit à personne. Pourtant, si je voulais faire une déposition au commissariat pour empêcher ma vie d'être détruite, encore plus que ce qu'elle ne l'était déjà, par cette vidéo, il fallait bien que je raconte ce qu'il s'était produit.
Qu'est-ce que je risquais à demande de l'aide à un professeur ? Je n'avais rien dit il y a deux ans quand tout le monde avait commencé à m'insulter parce que je pensais pouvoir supporter et que je savais qu'en demandant de l'aide à des adultes, ça se retournerait contre moi, mais aujourd'hui comment les choses pourraient elles encore empirer ?
Je me décidai donc à lui avouer et après avoir respiré pendant de longues minutes je fini par lâcher.
- Ce... ce n'est pas ce que vous croyez.
- Et qu'est-ce que je crois ?
- Je n'ai pas couché avec le garçon de la vidéo.
- Ah, pourtant ça y ressemble.
- Il...il m'a...
Les mots restèrent une nouvelle fois bloqués, au bord de mes lèvres. Je voyais bien que le professeur ne me croyait pas et qu'il perdait patiente alors je me forçai à parler.
- Il m'a... violée.
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