chapitre un.

3K 149 66
                                        


Dans la nuit qui suivit, je pouvais être sûre d'entendre mon frère se réveiller à trois reprises pour rejeter tout l'alcool qu'il avait ingurgité. Le lendemain, mon père m'avait réprimandé moi, pour l'avoir laissé trop boire, avant de s'absenter avec la petite pour la sortir un peu étant donné qu'il pouvait se le permettre pour les vacances. Mon frère comatait quant à lui toute la journée pendant que je vaquais à mes petites occupations qui étaient : regarder la télé, grignoter, surfer sur Instagram et dormir.

C'est sur les coups de dix-sept heures que le loir se détermina à sortir de sa tanière, affamé. Avec un soupir, j'avais bien finis par me lever, comprenant le message : il fallait que je prépare à manger pour Monsieur le futur rappeur connu. La tension palpable, nous laissions passer le silence entre nous tout le temps que j'étais dans la cuisine. Il était sur son téléphone pendant que je lui préparais son omelette puis une fois son assiette devant lui, il décida de briser le silence :

— Un de ces quatre tu pourras faire des crêpes ? me demande-t-il en me regardant tandis que j'étais sur le seuil de la porte de la cuisine, tu sais... Comme maman ? précise-t-il, engendrant une douleur dans ma poitrine.

— Ou-oui, pas de soucis, le week-end prochain... bégayé-je en hochant la tête, surprise et soudainement attristée.

— Merci Ness, il conclut avec un sourire triste avant de se mettre à manger ce que je lui avais fait.

L'air s'était rempli d'une atmosphère que je n'aimais pas ressentir, je la fuyais depuis que ma mère nous avait quitté. Tout en m'habillant pour fuir de nouveau, je n'en revenais pas que mon frère était aussi touché par cette perte que mon père et moi avions pu l'être. Cela faisait un moment maintenant et pourtant, la douleur était toujours aussi lancinante, du moins pour mon père et moi que je saches, mon frère était une nouveauté, ou du moins, il faisait bien semblant avec son air effronté et son addiction... Sa souffrance se rajoutait alors sur le plateau de tout ce que j'avais à supporter pour mes petites épaules. C'était bien pour ça qu'il fallait que je m'aère.  

Dans le couloir de notre petit appartement de banlieue parisienne, je croisais mon père qui était de retour avec ma petite soeur qui portait fièrement son casque de vélo sur la tête, les joues rougies par le froid automnal. Cette vue me réchauffa un tant soit peu le coeur, l'enfance représentant l'insouciance, je ne pouvais que me réjouir de voir ma petite soeur dans un tel état.

— Tu sors ma fille ? me demande mon père, me coupant de mes pensées qui commençaient à devenir déprimantes.

— Ouaip, elle sort avec moi, encore, répond mon frère à ma place, je comprends alors que j'allais de nouveau faire le taxi.

— Je suis content que vous restez souvent ensemble ces derniers temps, il se réjouit en me regardant, pas d'abus comme hier par contre ! puis sermonne mon frère avec un doigt en l'air devant son visage, provoquant son sourire.

— T'inquiètes pas pa', allez, on y va, fait mon frère en m'indiquant la porte d'un signe de la tête.

— Pas de bêtises ! s'écrie ma petite Hanna alors que je lui pince la joue avant de l'embrasser.

— Moi ? Jamais, tu le sais, je la rassure en lui lançant un clin d'oeil avant de suivre mon frère qui était déjà dehors.

Je ne comprenais pas comment Anthony faisait pour être tout le temps au taquet comme ça. Des fois, je le soupçonnais de prendre plus que des drogues douces mais ces pensées étaient très vite balayées lorsque je tentais de me rassurer en me disant qu'il n'était pas comme ça. Mais au fond, nos proches nous surprennent tout le temps, que ce soit positif ou négatif, alors qui me dit que je n'ai pas raison ?

Dis-moi ouiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant