Dis-moi oui

chapitre trois.

Le lendemain, même histoire que la veille : je fus réveillée par les bruits dégoûtants de mon frère en train de vomir tout ce qu'il avait avalé au point où... eh bien, il ne cessait de vomir. La seule lumière qui pouvait faire office d'éclairage dans ma chambre était les petits rayons de soleil qui filtraient entre les raies de mon volet, je devinais alors que la journée était déjà bien entamée. J'avais fait une grasse matinée... Une première depuis un moment. Les souvenirs de la soirée de la veille me revinrent et la première chose qui me fit tilt était ce petit moment partagé avec Mathieu après avoir jeté Anthony sur son lit. Un sourire niais apparaissait sur mes lèvres en repensant au semblant de complicité qu'on avait échangé. J'avais bien espoir qu'il devienne un très bon ami, ça faisait si longtemps que je n'en n'avais plus...

— Inès, Anthony il est malade... m'avertit ma petite soeur Anna en entrant dans ma chambre, sans toquer bien évidemment.

— Je sais oui, papa est parti au travail ? je lui demande alors qu'elle se cale contre moi dans mon lit comme un chaton.

— Depuis longtemps oui, maman est partie faire des courses, elle travaille pas aujourd'hui, elle me fait de sa petite voix enfantine.

Les bruits peu ragoûtants que faisait mon frère aux toilettes nous parvenaient jusqu'à ma chambre ce qui nous fit grimacer Hanna et moi, ma grimace la fait rire aux éclats tandis que je me décidais à sortir du lit pour commencer à saouler mon frère avec une morale bien salée. Je ne savais pas si de bon matin il allait apprécier mais peu importait, à un moment donné, il fallait qu'il réalise que son comportement était plus que dangereux, que je ne serais pas toujours là pour lui... 

— C'est cool de se rendre malade jusqu'à la limite du coma éthylique hein ? lui fais-je tandis qu'il sort enfin des toilettes, pâle comme un linge.

— Commences pas à faire ta morale à deux francs cinquante toi aussi là, rends pas fou, m'agresse-t-il en se dirigeant vers la salle de bain.

— Je crois que tu te rends pas compte que l'alcool c'est dangereux Anthony et encore plus de te mettre des races comme ça là, c'est dég, j'suis sûre que tes potes veulent même plus traîner avec toi tellement tu crains, le ton est ainsi monté, Hanna s'accrochant à ma cuisse.

— Je m'en bats les reins d'eux autant que de toi, Inès, maintenant arrêtes de me faire chier, lance-t-il avant de claquer la porte de la salle de bain, mon coeur battant la chamade en pensant à ce que j'allais lui dire.

— Maman aurait honte de toi ! m'exclamé-je, la boule à la gorge tant les larmes étaient coincées à l'intérieur.

La porte se rouvrit en deux temps trois mouvements et les mains de mon frère agrippèrent mon cou également en deux temps trois mouvements. Je me rendis aussi compte à la douleur qu'il m'avait plaqué le dos contre le mur, provoquant les cris et les pleurs de Hanna qui était maintenant terrorisée. La haine que je pouvais lire dans le regard de mon frère était telle que je croyais qu'il allait me tuer, d'ailleurs il resserrait sa poigne autour de ma glotte. Ma supplique du regard ne lui dit rien, la haine et la peine étant son seul et unique moteur.

— Ne parles plus jamais de maman comme ça, t'entends espèce de pute ? il lâche entre ses dents, comme si il se retenait de me cracher dessus.

— Lâches là Anthony ! ne cesse de crier ma petite soeur en pleurs, bien trop petite à l'évidence pour nous séparer.

— Lâches moi, tu me fais mal, j'essaies de le raisonner avec difficulté en mettant ma main sur la sienne pour la retirer.

— NE PARLES PLUS DE MAMAN COMME ÇA ! il hurle à en faire trembler les murs, me plaquant encore plus contre le mur avec sa force démesurée.