chapitre sept.

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Tous les événements me revinrent en mémoire alors que nous étions sur le chemin du retour. Pas forcément le dernier en date mais bien tous les petits détails qui auraient pu échapper à ma vigilance, comme le regard furieux qu'avait eu Juliette en nous voyant partir Mathieu et moi. J'aimerais bien en toucher deux mots à ce dernier d'ailleurs mais étions-nous suffisamment intime pour que je lui parle de sa situation amoureuse ? J'en doutais, quand bien même quelque chose se passait entre nous, c'était indéniable, je ne me sentais en rien légitime pour qu'il me rende des comptes sur ce qu'il attendait de moi. D'ailleurs, la réponse était déjà trouvée : il voulait que l'on collabore ensemble et rien d'autre. Nous étions seulement des amis... Oui, c'était exactement ça, de simples amis.

— On est arrivés p'tite tête, m'annonce-t-il au pied de mon bâtiment, ne bougeant cependant pas de sa place tandis que j'en ai aucune envie moi aussi.

Je défaisais ma ceinture à contre-coeur alors qu'il coupa le contact, défaisant la sienne aussi. Il poussa un soupir en regardant l'extérieur de la voiture.

— Celui qui soupire n'a pas ce qu'il désire, je chantonne presque en récupérant mon sac à mes pieds, un sourire amer en repensant à ce que ma mère nous disait.

Un ricanement lui échappa avant d'humidifier ses lèvres pour ensuite me regarder dans les yeux. Un long moment de silence qui dura ce que je trouvais une éternité et il ouvra la bouche pour enfin dissiper l'atmosphère pesante qui régnait autour de nous :

— C'est vrai et tu veux savoir ce que je désire plus-que-tout ? me demande-t-il, provoquant des battements de coeur de plus en plus rapides et forts.

— Dis-moi, je rétorque, tentant de garder mon calme alors qu'il se rapprocha de mon visage, brisant l'écart entre nous dans l'espace confiné de sa voiture.

— Je veux qu'on travaille ensemble, lâche-t-il, mon coeur semble tomber de cinquante étages, je sais, je lâche pas l'affaire avec ça mais il faut vraiment qu'on bosse ensemble, on va faire des trucs de gue-din ! s'exclame-t-il par la suite tandis que j'hoche la tête.

— Oui, j'ai bien compris ça Mathieu, mais je ne sais pas si je suis à la hauteur... T'as certes entendu quelques unes de mes productions mais... je soupire et me frotter le front en regardant maintenant la porte de mon bâtiment, on en parle demain tu veux ? je lui proposes en tournant la tête vers lui, l'air suppliant.

— Ouais, bien sûr, on en reparle demain, il rétorque avec un air boudeur, sortant d'un bond de sa voiture.

L'atmosphère est redevenue pesante en un rien de temps. Son air bougon réveillait en moi un sentiment de culpabilité que je n'aimais pas tellement, je n'avais pas à accepter pour lui faire plaisir et qu'il cesse de me faire la tête, je devais seulement accepter quand je m'en sentais prête. Mais dans ce cas, pourquoi ai-je encore ce sentiment plus que persistant alors que l'on s'engouffrait dans mon ascenseur, les larmes me montant presque aux yeux, rien qu'en imaginant de le perdre ?

— Eh, ça va ? il me demande, coupant le silence qui me tordait le ventre quelques instants plus tôt, j'hoche la tête pour seule réponse, n'osant pas le regarder.

Je ne saurai pas expliquer cette envie de lui dire oui, d'où elle venait, pourquoi elle me venait et encore moins si j'allais y céder... Je ne voulais pas, parce que cela signifiait qu'il avait gagné, mais qui dit que je n'y gagnerai pas au change moi aussi ?

Arrivés à mon étage et devant ma porte, il retira ses chaussures me faisant froncer les sourcils alors que je sortis mes clés de la poche arrière de mon jean.

— Qu'est-ce que tu fais ? je chuchote tandis qu'il esquisse un léger sourire en coin.

— Bah je retire mes chaussures pour pas faire de bruit chez toi, il me répond effrontément en haussant les épaules, tu m'invites à dormir ici ? il poursuit en faisant un léger signe de tête vers la porte d'entrée, son air insolent ne quittant pas son visage.

Dis-moi ouiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant