chapitre quatre.

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Quelque jours après cette longue et très difficile conversation, mon frère avait pris la sage décision qu'il fallait qu'il se fasse soigner. Ce fût un vrai soulagement pour tout le monde à la maison même si il m'adressait à peine la parole. J'espérais qu'il comprenne que c'était pour son bien et uniquement pour cela que tout ça se passe. On l'a accompagné un mercredi nuageux d'automne, le coeur gros mais avec l'espoir qu'il nous revienne en forme. Les visites n'étant pas encore autorisées avant un moment...

L'atmosphère à la maison était lourde, mon père sur les nerfs et ma belle-mère un peu l'air tristounet. Ma petite soeur demandait souvent quand Anthony allait revenir, ce qui alourdissait encore plus l'air dans l'appartement. Quant à moi... Il était bien évidemment question de mon frère jumeau, je ne pouvais pas m'accommoder de son absence en un claquement de doigts non plus. J'avais l'impression qu'une partie de moi flottait dans l'air, hors de mon corps et qui n'était pas prête à revenir de si tôt.

Le vendredi suivant, j'étais de mission pour aller chercher ma soeur à l'école. L'avantage de tout cela était bien le fait que j'avais tout le temps qu'il fallait pour moi, je me négligeais moins, même si cela faisait à peine deux jours. Puis bien souvent des airs me venaient en tête, j'avais bien envie de les transposer quelque part mais je n'avais malheureusement pas le matériel qu'il fallait. Le peu d'instrumentaux que j'avais produit pour Anthony étaient bien grâce à notre débrouillardise et nos squattages intensives chez notre voisin musicos. Peut-être devrai-je me trouver un petit job pour pouvoir m'acheter un pad pour créer des beats... Puis plus tard un petit piano... Oh et aussi un casque !

La sonnerie indiquant la fin de la journée d'école de ma soeur me tira de cette petite liste mentale. Mon coeur battait à tout rompre, sans doute à cause de l'excitation rien qu'à la pensée d'un futur prometteur. Tout en apercevant ma petite soeur sortir de son établissement de ma voiture, je sentis mon téléphone vibrer. Un ricanement m'échappa en voyant qui était la personne qui m'envoyait un message, un revenant !

« Yo la miss, dsl pour la derniere fois, gt completement PT, j'ai zappé nos messages... »

« Ça fait rien, je t'en tiens pas rigueur 🤷🏻‍♀️ »

— Inès ! s'exclama Hanna en venant s'installer à l'arrière de ma voiture où j'avais préparé son goûter.

— Ça s'est bien passé l'école aujourd'hui ma chérie ? je demande alors que mon téléphone revibre entre mes mains.

— Oui mais y'a encore Fiona qui m'embête et tout le monde fait pareil qu'elle ! râle-t-elle alors que je fronce les sourcils, me retournant dans mon siège pour lui faire face.

— Qu'est-ce qu'elle te dis ? je demande, les nerfs commençant à monter en pensant au fait qu'on faisait du mal à ma petite soeur, remarquant qu'elle n'avait pas mis sa ceinture, je me contorsionne dans la voiture pour la lui mettre.

— Elle dit que je suis une boulette, que j'ai des bourrelets et qu'à mon âge je devrais pas être aussi grosse... mon sang ne fait qu'un tour en entendant ça, du coup j'y ai pensé toute la journée, je crois que j'ai raté mon évaluation... ajoute-t-elle tandis que je me remets bien à ma place, les larmes me montant aux yeux.

— Elle est là, là ? je demande en regardant tout autour de nous.

— Non... Elle est partie à l'heure de la cantine... me répond-t-elle, m'arrachant un soupir alors que j'étais prête à faire qu'une bouchée de cette petite conne.

— Lundi je l'attrape, promis, elle t'embêtera plus, je lui fais en lui tendant mon petit doigt pour sceller un pacte avec elle, elle sourit grandement en entrelaçant le sien avec le mien.

Dis-moi ouiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant