Dis-moi oui

chapitre huit.

Quand Paola exige, Paola obtient forcément. C'est comme ça que je me retrouvais sur un plateau de tournage d'un clip qui était étonnamment très élaboré pour de petits rappeurs qui commençaient à percer. Ceux-ci avaient trouvé une bonne maison de disque qui croyaient en leur potentiel et c'était très inspirant d'être à leurs côtés, en tout bien tout honneur.

Oui, parce que je ne sais pas ce que Mathieu s'imaginait, mais on était bien loin des clips de Booba ou Snoop Dogg avec des femmes en bikini et le corps huilé à outrance. L'esprit du clip de « Kengin » et « Allaë » (alias Marvin et Ruben) était beaucoup plus sympathique, du même style que le S-Crew avait pu faire pour "Les Parisiennes", je m'en retrouvais alors ravie.

Mais quelle ne fut pas ma surprise en voyant apparaître le charmant Polak débarquer alors que je tournais une scène aux côtés de Marvin, sur le canapé de l'hôtel privé loué spécialement pour l'occasion. Son apparition me fit rater un battement de coeur tant mon étonnement était grand. Voyant mon visage se décomposer, Marvin tourna son regard azur sur moi, le sourcil arqué, ne comprenant pas le sourire vainqueur de Mathieu ni même ce qu'il devait faire ici.

— Tu connais PLK ? il me demande, curieux.

— Fort malheureusement ouais, il se la joue Pascal le grand frère là, je râle en faisant un vague signe de la main pour désigner le Polak, il rit à ma plaisanterie.

— C'est grave classe, franchement respect, il rétorque, causant ma grimace qui le fait rire encore plus.

— Crois moi que je m'en passerai bien...

Ma raison me hurla que j'étais une sacrée menteuse pour ces belles paroles. En vérité, j'étais super flattée qu'il se soit déplacé jusqu'ici pour surveiller ce que je faisais surtout après le baiser fiévreux que l'on avait il y a quelque jours avant de ne plus trop se recontacter à cause de son esclandre par messages. Puis, il fallait ajouter qu'on avait décidé d'un commun accord qu'on ne reparlerait plus du baiser ni même que cela se reproduirait mais en vérité, je savais bien que lui comme moi voulions que ça recommence et sa présence sur le tournage confirma le fin fond de ma pensée... 

Cependant le moment était venu de finir de tourner ce fameux clip, alors mon attention se redirigea vers Marvin qui avait des yeux incroyables, contrastant avec sa peau très pâle et ses cheveux très noirs et mi-longs couverts par une casquette. Je devais avouer qu'en ayant fait les présentations avec les deux rappeurs, Paola semblait directement très connectée avec Ruben tandis que je m'entendais plutôt bien avec le brun mais la fatalité voulait que mes pensées se redirigent inlassablement vers Mathieu et ce baiser.

La séquence enfin tournée, la bulle de confort dans laquelle je me trouvais avec Marvin se perça aussitôt avec une aiguille que je dénommai Mathieu Pruski qui fonçait sur moi dès le « coupé » lancé par le réalisateur.

— Mais comment t'as su que j'étais ici ? je demande, en reculant tout de suite d'un pas, ne voulant avoir aucun contact physique avec lui, "pour Juliette" me susurre ma conscience...

— Ils ont signé chez Panenka, du coup Flav' m'a demandé de venir, le hasard fait bien les choses tu trouve pas ? il m'explique avec un sourire en coin, me désignant le fameux Flav' non loin de nous mais aussi en franchissant la frontière imaginaire que j'avais établi entre nous, attends, d'ailleurs viens, je te le présente, poursuit-il en prenant ma main et me conduisant vers ledit Flav'.

La distance que je m'étais efforcée de mettre entre nous était donc vouée à l'échec, c'était à s'en taper la tête contre les murs. Puis, je ne comprenais vraiment pas pourquoi le destin s'évertuait à nous pousser dans les bras de l'un et de l'autre alors que les sentiments d'une autre personne étaient en jeu. Si Juliette n'était pas là, ç'aurait été une autre paire de manche, mais ce n'est pas le cas... Alors, POURQUOI ?