chapitre six.

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Dimanche passé et le début de semaine arrivait plus vite que je ne le pensais. Le train train quotidien reprenait et rien n'avait changé, sauf l'écran de mon téléphone qui était de nouveau fonctionnel. Nos échanges de messages avec Mathieu recommençaient eux aussi, c'était la seule chose excitante de ma petite existence ces derniers temps. Il m'avait parlé de la froideur de mon père envers lui, m'ayant l'air un peu effrayé pour le coup ce qui m'amusait beaucoup.

Le mercredi arrivé, on a enfin eu des nouvelles de mon frère, la cure se passait bien mais nous n'avions toujours pas le droit d'aller le voir. Seuls Eloïse et mon père y étaient autorisés pour aller déposer quelques affaires mais ça s'arrêtait là. J'avais si hâte de le revoir, qu'il me raconte tout ce qu'il se passe où il est, et surtout de le retrouver, sobre.

Ce même jour après avoir emmené Hanna se défouler au square d'à côté, je retrouvais mon père et sa compagne en position hyper solennelle, attablés à la table de la cuisine. La peur pris le dessus et j'avais tout de suite un tas d'idées qui me passaient par l'esprit : allaient-ils m'annoncer un décès ? On allait être expulsés ? Ce mois-ci allait-il être plus dur que le dernier ?

— Assis-toi s'il te plaît ma chérie, me demande Eloïse avec sa douceur innée.

Je m'exécutais non sans appréhension ce qui les firent ricaner.

— T'inquiètes pas, y'a rien de grave, on veut seulement discuter de ce qu'il s'est passé dimanche... ajoute-t-elle tandis que mon père se contentait de hocher la tête.

— Oh... est tout ce qui arrive à sortir de ma bouche alors que l'envie de me cacher dans un trou de souris me prit.

— On pense que tu as trop de responsabilités sur tes épaules et à cause de la routine on s'est jamais vraiment rendus compte que tu n'étais encore qu'une enfant, commence mon père avec un ton que je ne lui connaissais pas, tu ne t'es jamais plainte, tu t'es toujours occupée de Hanna avec une épatante dévotion, de Anthony aussi et vraiment on te remercie ma fille...

— Mais maintenant il faut que tu vives ta vie, le coupe Eloïse avec un sourire tendancieux, on a vu comment tu étais quand ce garçon était là dimanche, il te fais du bien, tu devrais sortir avec lui, mais pas que, des gens de ton âge et nous on se charge de Hanna, alors qu'elle dit ça, mon père semble baragouiner quelque chose ressemblant à de la désapprobation.

— Oui, enfin, des filles de ton âge de préférence, finit-il par dire, Eloïse lui lance un regard de travers.

— Des filles ET des garçons, Karim, des gens de son âge ! s'exclame-t-elle, le côté protecteur de mon père semble lui courir sur le haricot.

— De toute façon on est simplement des amis, vous avez pas de soucis à vous faire là dessus, j'ajoute pour rassurer mon père qui secoue la tête d'un air dépité tandis qu'Eloïse pouffe de rire.

— Oui bien sûr et moi je suis le Pape ? rétorque mon père, provoquant l'hilarité nerveuse de Eloïse.

— Mais c'est vrai ! je m'exclame en ne pouvant m'empêcher de rire aussi face au fou rire de ma belle-mère.

— Bon, quoiqu'il en soit, tu connais les règles, toujours se protéger, mettre le parapluie, tout ça... commence Eloïse qui est arrivée à se calmer.

— Ouhla, bon je vais aider Hanna à faire ses devoirs hein, je la coupe, mon père semblant approuver.

C'est ce moment-là qu'a choisit Mathieu pour m'envoyer un message, me demandant de le rejoindre chez lui. Eloïse se leva d'un coup pour me donner mon sac, comme si elle avait deviné.

Dis-moi ouiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant