prologue.

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La liberté. C'est ce que je ressentais tout en conduisant ma nouvelle petite voiture fraîchement achetée pour fêter l'obtention de mon permis. Je m'égosillais tout en conduisant sur une chanson que j'affectionnais particulièrement, Wonderwall, la voix de Liam Gallagher camouflant la mienne tant le son était à fond dans l'habitacle. Jamais je n'aurais pensé ressentir une telle satisfaction et si j'avais su, j'aurais passé mon permis bien avant.

Mon frère ne cessait de me harceler en m'appelant sans cesse une fois la musique finie, je finis par répondre à son appel en soupirant. Il était convenu que je le rejoigne pour l'accompagner à une maudite fête où bien évidemment il comptait s'empoissonner avec des alcools divers et variés. Je craignais les fois où je le voyais se délecter de telles boissons, c'était bien pour cela que je restais avec lui du début à la fin, la crainte pour mon frère jumeau étant plus forte que tout.

— Quoi encore Antho' ? je réponds en mettant le haut-parleur tout en conduisant sur le périphérique de Paris.

— T'es où ? rétorque-t-il de façon agressive, cela doit faire une heure maintenant qu'il attend...

— Je roule, qu'est-ce que tu crois ? Que j'ai un hélicoptère ? Désolée de te décevoir mais c'est pas encore le cas, perdis-je patience alors que la route se met soudainement à se boucher, en plus il commence à y avoir des embouteillages donc tu vas devoir attendre frérot.

— Non c'est bon, j'vais prendre les transports vu comment tu sers à rien, franchement on peut vraiment pas compter sur toi Ness, tu déçois, soupire-t-il alors que je crois comprendre qu'il met sa veste.

— Mais c'est une blague ? commencé-je à crier, je t'emmènes où tu veux déjà avec la voiture de papa et tu oses me dire que tu peux pas compter sur moi ? T'es bien sûr Antho' là ? je m'égosille maintenant comme si il était en face de moi, faisant des grands gestes avec mes bras.

Mon sang n'avait fait qu'un tour et j'espérais avoir été assez convaincante avec ma voix qui montait dans les aiguës, ce qui ne faisait vraiment pas peur, je devais l'admettre mais peu importait, au moins il savait qu'il m'avait énervé au point que j'en criais jusqu'à me casser la voix. L'ingratitude de mon frère me peinait malgré tout, depuis le décès de notre mère et le remariage de notre père, tout partait à volo sans que l'on ne contrôle quoique soit avec lui, comme s'il recherchait ce fameux frisson qui lui ferait réaliser que la vie vaut la peine d'être vécue.  J'avais alors pris la responsabilité de m'occuper des deux hommes de ma vie, quitte à sacrifier mes hobbies ou encore mon jardin secret, n'en n'ayant clairement plus. Une responsabilité s'était rajoutée à ma charge : mon père s'étant remarié, j'avais donc maintenant une petite sœur dont je devais m'occuper, étant donné que ma belle-mère travaillait elle aussi, j'avais la mission d'aller la chercher à la maternelle, l'amener au parc, la faire gouter, le bain et tutti quanti. En résumé, j'étais donc la nounou d'un garçon de vingt et un an et d'une petite fille de quatre ans.

— Pardon... C'est vrai... avoue-t-il alors que je me massais les tempes, étant de plus en plus sujette à des migraines, écoutes, j'appelle mon pote qui m'attend dans le quinzième pour le prévenir que j'aurais du retard... finit-il avant se soupirer une nouvelle fois.

— D'accord, ça marche, à plus... je mets fin à la conversation, ma colère ne me lâchant cependant pas.

L'hiver apparu sans prévenir, il faisait déjà nuit à dix-neuf heures. J'étais soudainement nostalgique de l'été ou encore des prémices de l'été qui avaient été si agréables cette année. J'avais envie d'y retourner, déjà, alors que nous avions eu droit à un été indien. Dix-neuf heures... Heureusement que c'était les vacances de la Toussaint et que mon père était à la maison, je ne sais pas comment j'aurais alors pu gérer les caprices de Anthony et l'heure du dîner pour Hanna. Je ne savais même pas qui avait invité mon frère (ou du moins à la fête de qui il s'était invité) et j'espérais bien ne pas m'ennuyer, l'alcool étant prohibé pour moi puisque je conduis et que j'étais obligée de ramener mon frère en un seul morceau, je voulais au moins pouvoir m'ambiancer tout en étant sobre...

Dis-moi ouiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant