Chapitre 6: Confrontation divine

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Le lendemain je décide d'interroger Rayan sur l'incident de la veille avec la prof. En sortant du bus, je lui pose la question sans détour:

Ca voulait dire quoi ce qui c'est passé avec la prof hier? Je la supporte plus cette pute, à chaque fois c'est la même chose, à chaque fois c'est moi qu'elle vise, t'as remarqué?Oui, enfin non, pas vraiment. Mais je parle pas de ça, je parle de ta réflexion sur sa jupe, pourquoi t'as dit un truc pareil?J'ai encore le droit de dire ce que je veux, qu'est ce que ça peut te faire? dit-il sur un ton qui se voulait faussement calme au départ, mais qui ne cachent plus rien de son agacement à la fin.C'est juste que ça te ressemble pas. C'est tout ce que je voulais dire.Y'a beaucoup de choses que tu sais pas sur moi Julien. C'est pas parce que tu penses me connaitre que c'est le cas. Toi et moi on est différent, c'est tout. On pense pas pareil, on réagit pas pareil, si c'est ton truc de baisser la tête en permanence, moi c'est pas comme ça que je vois les choses.

Il prononce ces mots avec tellement de haine dans la voix. Comme si il voulait me dire ça depuis longtemps et qu'il en avait enfin l'occasion. Je reste sans voix pendant quelques secondes. J'arrive pas à comprendre à quoi il joue. Avant même que j'ai pu répondre quoi que se soit, il s'en va. Il part simplement. On ne c'était jamais disputé avec Rayan, notre amitié ne fonctionne pas comme ça. C'est la première fois qu'il se passe un truc pareil entre nous. Je ne sais pas encore que rien ne sera plus comme avant, ni même que c'est la dernière fois qu'on s'adresse la parole. Non, pour l'instant c'est juste une petite embrouille. Je ne vois pas ce que j'ai pu faire de mal, je lui ai juste posé une question, on ne brise pas une amitié aussi solide avec un simple question.

*

Les jours défilent sans que ça ne s'arrange entre nous. On s'ignore totalement. Quand on se croise dans les couloirs et que nos regards sont amenés à se rencontrer, il tourne les yeux. Je vois bien qu'il ne veut plus entendre parler de moi. Cette situation me fait mal, c'est mon meilleur pote putain.

On est quand même amené à se fréquenter, on a des amis en commun, donc forcement on traine ensemble parfois.

Au bout d'un certain temps la situation évolue entre nous, il arrête de m'ignorer et recommence à m'adresser la parole. Mais il me parle bizarrement, il est distant, il n'est plus comme avant. Il me parle comme si je n'étais personne, juste une simple connaissance. Il me fait comprendre que pour lui notre amitié est terminée. Mais au lieu de le dire clairement, il préfère continuer à me parler un minimum, pour par qu'il y'ait de coupure brutale. Il cherche à effacer tout ce qu'on a vécu, il cherche à le faire en douceur, pour que ça ait l'air de n'avoir jamais existé. Il ne déchire rien, il ne fait qu'effacé délicatement, minutieusement, de façon presque imperceptible, et c'est ça qui fait le plus mal.

Les mois passent et j'ai l'impression de m'enfoncer. Les jours sont de plus en plus longs, j'ai plus grand monde avec qui parler, Je ne suis jamais seul, mais jamais vraiment entouré.

J'ai envie de partir loin et de ne jamais revenir, pourtant chaque jour je prends le bus, je vais au lycée, je m'assois en classe, et j'attends la sonnerie pour pouvoir quitter cet enfer.

Ce matin en arrivant au lycée je vois Rayan de loin entrain de marcher avec Eva. Seulement eux d'eux, personne autour.

Rayan c'est pas le genre de mec à trainer avec des filles habituellement, je comprends en les voyant qu'il y'a plus que de l'amitié entre eux. Leurs regards, leurs gestes, tout chez eux trahit leur désir.

Je décide d'aller demander confirmation à une amie qu'on a en commun, je lui dis: il se passe quoi entre Rayan et Eva?

Elle me répond: Rayan t'a pas dit? il sortent ensemble depuis une semaine.

Non personne ne m'a rien dit et je n'ai rien vu. Mais après tout pourquoi pas, il faut dire qu'ils vont plutôt bien ensemble. Ils ont l'ai sincère l'un avec l'autre, il a pas l'air de douter quand il l'embrasse, lui.

En fait je déteste les voir ensemble pour dire la vérité. J'ai essayé de ne pas avoir la haine en les apercevant, mais je n'y arrive pas. Je suis jaloux de lui, ça aurait dû être moi à sa place. C'est moi quelle a vu en premier, elle m'a vu alors que je ne voulais même pas quelle me voit. Lui, il a l'habitude d'attirer tout le temps l'attention, on entend que lui la majeure partie du temps, pourtant elle ne le regardait pas quand j'étais dans les parages.

Maintenant qu'elle n'est plus à ma portée j'ai envie d'elle, Je veux la voir revenir. Comment peut-elle passer de moi à lui? on est vraiment à l'opposé lui et moi, peut-être qu'elle s'en fiche de tout ça, elle ne veut pas savoir ce que pensent réellement les hommes. Elle sait qu'elle plait, donc elle se contente de parler, de sourire, et d'attendre que l'homme face le premier pas. Elle a pas envie d'entreprendre, elle se laisse guider, elle va là où le vent le mène.

Moi aussi j'ai parler et sourire et attendre qu'on fasse le premier pas. Non, c'est faux, ce n'est pas vrai je raconte n'importe quoi. Je suis un homme donc je dois faire le premier pas. Je n'ai pas envie d'être comme elle, j'ai envie d'être avec elle. Il faut que j'apprenne a ne pas l'oublier, avec le temps j'ai tendance a ne plus m'en rappeler.

Quelques semaines plus tard, la même amies qui m'informe régulièrement sur eux me dit qu'ils auraient couché ensemble, c'était sa première fois selon elle.

Quand elle m'a raconte ça je fulmine intérieurement, j'ai envie d'exploser, je les déteste.

Je voudrai tellement être à sa place, j'aurai du coucher avec elle, j'aurai du prouver que je pouvais le faire. En y réfléchissant bien, ce n'est pas que je veux être à sa place, mais c'est plutôt que je veux être comme lui. Je voudrais pouvoir faire le premier pas, sortir avec elle, et coucher avec elle. Mais plus j'y pense, plus je sais au fond de moi que j'en suis incapable.

Pour tourner définitivement la page avec Eva, avec Rayan, et avec toute cette merde ambiante, j'ai décidé de tout recommencer avec une autre fille, je me dis que cette fois ce sera peut-être différent. Mais c'est toujours le même blocage, les mêmes mots et la même déception.

Plus j'avance, plus je me rends compte que le même schéma se reproduit inlassablement. Je n'arrive pas à aller vers les filles, certaines viennent vers moi mais dans ce cas je reste complètement inerte face à leurs avances. Je ne les repousse pas pour me convaincre que j'ai envie de ça, que je les désir. Et au final je les laisse s'éloigner sans jamais les retenir, complètement déconcertées face à mon comportement. Je me dis toujours que c'est de leur faute, qu'elles n'ont rien fait pour que ça marche, pour que je comprenne qu'ils se passait quelque chose, mais malheureusement je ne suis pas assez fou pour croire à mes propres mensonges.

Je ne vais pas pouvoir continuer comme ça indéfiniment. J'essaye de me mentir à moi même, malheureusement on ne parvient jamais à se duper complètement.

Certaines filles que je rencontre sont plus entreprenantes, alors je me mets à les repousser frontalement et tout mon stratagème tombe à l'eau. Je ne désir pas les filles.

Je sens que je vais exploser, je ne vais plus pouvoir continuer comme ça très longtemps, ça devient trop difficile de mentir. Je n'en peux plus de tricher en permanence, j'ai juste envie que tout ça s'arrête. Je sais que les relations amoureuses entrainent des situations difficiles, la difficulté fait parti de l'amour, c'est ça qui le rend précieux et magique à la fois, mais quand tu endures toute cette merde sans rien recevoir en retour, tout ça ne vaut pas la peine. Il n'y a rien de magique, seulement la douleur. Tout me fait souffrir, les mensonges, les manipulations, la honte. En plus de ça je fais souffrir les autres autour de moi, ils deviennent les victimes collatérales de mon malheur.

Personne ne peut se contenter de de vivre à moitié, ce n'est pas une vie que d'être l'ombre de sa propre personne, plutôt mourir que de ne rien ressentir, de ne rien vivre de réel, rien de sincère. Une vie qui s'écoule, sans quelle ne laisse aucune trace, seulement du vide, qui pourrait vivre comme ça? 

Un garçon qui voulait être normalWhere stories live. Discover now