Chapitre 15: Réveil

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J'ouvre les yeux et je n'ai aucune idée d'où je me trouve. J'ai du mal à émerger, mon corps me fait mal, j'ai l'impression que l'intégralité des os de mon corps sont cassés. Il me faut quelques secondes pour que ma vue se mette au point, je lève la tête et je suis dans ma chambre, ça semble différent mais c'est ma chambre. Après quelques instants à observer tout autour de moi et à analyser plus clairement ce qui s'y trouve, je comprends qu'il ne s'agit pas de ma chambre, j'ai cru que c'était le cas parce que cette chambre ressemble beaucoup à la mienne, même lit, même bureau, même cuisinette. Mais les photos aux murs, les vêtements un peu partout et les produits de beautés en tout genre, parfums, crèmes, lotions qui prennent une étagère entière ne m'appartiennent pas. C'est la chambre de Mathilde y'a pas de toute. je me lève et je vais regarder par la fenêtre, le soleil qui brille à l'horizon me déprime totalement. J'ai un mal de crâne pas possible, le soleil me donne envie de mourir, j'aurais voulu une pluie torrentiel, ou même une tempête voir un tsunami, mais pas ce soleil. La porte de la chambre s'ouvre, c'est Mathilde qui revient avec des sacs pleins les mains.

Ah t'es enfin réveillé! comment tu te sens?Mal, très mal...tu m'étonnes avec tout ce que t'as pris hier soir.J'ai beaucoup trop bu, je ne boirai plus jamais de mon existence. On dit tous ça jusqu'au prochain verre. Mais c'est vrai qu'on était bien bourré hier, surtout toi.Comment ça surtout moi?Tu te rappelles de rien c'est ça? Je t'ai retrouvé assis dans les toilettes dans un état comateux entrain de délirer complètement, tétais encore plus défoncé que lorsque je t'ai quitté. Oui, ça me revient maintenant...Je te promets Ju, tu m'as presque fait peur, t'étais vraiment dans un sale état. J'ai eu du mal à te mettre debout, mais j'ai quand même réussi, heureusement que t'es pas très lourd. Ensuite je t'ai fait t'assoir devant la boite le temps que le taxi arrive et je t'ai ramené dans ma chambre. L'avantage c'est que t'as tellement vomis devant la boite que t'avais plus rien à éjecter en arrivant chez moi.C'est donc ça ces hématomes sur mes bras et mes jambes.Oui j'ai pas réussi à te tenir en permanence, j'avoue que t'es tombé plusieurs fois avant d'arriver ici. J'ai jamais vu quelqu'un comme ça à cause de l'alcool c'était vraiment bizarre, je suis sûre que quelqu'un a mis un truc dans ton verre.Tu crois?Oui, tu racontais des choses qui n'avaient aucun sens, tu m'as bien fait rire c'est vrai, mais je te sentais complètement ailleurs, dans un monde parallèle et tu voulais plus redescendre. Mais bon le plus important c'est que tu t'en sois remis. C'était une sacrée soirée quand même.Mais tellement, j'ai passé la meilleure soirée de ma vie, même si j'ai envie de mourir à ce moment précis, je ne regrette absolument pas. On ira moins fort sur l'alcool la prochaine fois. Ah et pour que tu sois au courant, il est 16h, donc t'as loupé toute la journée de cours et moi aussi, mais la bonne nouvelle c'est que j'ai apporté de quoi nous faire un petit festin.C'est pas grave, ça valait le coup de rater une journée de cours, vraiment.

On a mangé des pattes à la bolognaise en debriefant la soirée plus en détail, je voulais lui raconter ce qu'il c'était passé dans les toilettes mais finalement je me suis abstenu. Je ne savais pas comment lui dire que son ex, si on peut appeler ça comme ça, m'avait passé de la drogue d'une façon peut banale, j'ai eu trop peur de sa réaction.

J'ai peur qu'elle ne me croit pas ou quelle demande à Izac et qu'il lui dise que je mente. Je préfère garder ça pour moi, comment j'aurais pu lui expliquer la façon dont il a mis sa langue dans ma bouche pour me faire avaler une pilule? c'est pas habituel comme méthode. Et en plus j'ai besoin de garder ça pour moi, en tout cas pour l'instant.

En rentrant chez moi la première chose que je fais est de prendre une douche, je me sens enfin propre et j'ai l'impression d'être lavé de tous mes pêchers. Même si j'ai toujours ce putain de mal de tête, je commence à me sentir mieux. Je m'allonge dans mon lit et je refais défiler dans ma tête les images de la soirée que je viens de passer. J'ai peur d'avoir rêver, que tout ça ne soit pas réel. Mais tout ça est plus que réel, son odeur, sa peau, ses yeux verts, tout ça m'apparait plus nettement que jamais. J'ai envie de le revoir maintenant, je me demande ce qu'il fait, si il a repensé à moi depuis hier soir. Je sais que non, ça ne voulait rien dire pour lui, juste un amusement, un délire de soirée voila tout. Mais moi je ne peux pas oublier, je ne peux pas passer à autre chose comme ça. Même si le trop plein de drogues et d'alcool a volé tout le romantisme de la situation, cet instant est marqué au fer rouge dans mon esprit pour toujours. Je me fiche de passer pour un psychopathe, quand je pense à lui au moins je ne pense pas à moi et j'adore ça. Avec lui je m'oublie et je me retrouve à la fois. Avant de le connaitre il me plaisait, maintenant il m'obsède. Son air non chaland, son petit sourire narquois, son regard noir, impénétrable, ses yeux verts indéchiffrables, tout ce que j'ai pu entrevoir de lui me donne envie d'en savoir encore plus, de tout connaitre, de tout comprendre et de tout avoir.

Et j'ai conscience que je vais être déçu, que rien ne se passera comme j'ai envie que ça se passe. Il ne tombera pas fou amoureux de moi, on ne vivra pas une histoire romanesque, il ne va pas débarquer chez moi pour me dire que ce qu'on a vécu compte pour lui et qu'il n'a jamais ressenti ça avant. Non, rien de tout ça.

Il ne me dira jamais qu'il n'aime pas les hommes, mais que moi c'est différent, qu'il ne comprend pas ce qu'il lui arrive, qu'il pensait tout savoir de lui même mais que j'ai tout remis en question et que maintenant sa seule réponse c'est moi.

Non, rien de tout ça n'est susceptible d'arriver, mais rien de ce qui s'est passé n'était susceptible d'arriver non plus. Alors peut être qu'un miracle en entrainant un autre, peut être qu'il existe une infime chance pour que lui aussi pense à moi en ce moment même. Après tout c'est lui qui a provoqué tout ça, moi j'ai juste pris ce qu'il me donnait, et pourtant aujourd'hui j'ai l'impression de ne plus rien avoir. Maintenant que j'ai gouté au vrai bonheur ma vie me semble encore plus vide qu'autre fois, je ressens le manque d'être heureux. On ne peut pas ressentir un manque de quelque chose qu'on a jamais connu, je n'avais jamais connu le pur bonheur avant ça, maintenant j'ai peur de ne plus pouvoir m'en passer. 

Un garçon qui voulait être normalWhere stories live. Discover now