lettre à déchirer:

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Tu supplies le bonheur de t'emporter, mais au fond tu aimes la souffrance.

Tu passes ton temps à espérer quelque chose de plus, en n'en faisant le moins possible.

Tu supplies le ciel pour que quelque chose se passe, mais tu fuies devant la moindre éclaircie.

Au fond tu l'apprécies ta solitude, tu as finis par l'aimer ton malheur.

Tu as aimé quand ton grand père a passé la main dans ton pantalon pour toucher ce que toi même tu n'avais fait qu'effleurer jusqu'ici. Quand, sans savoir vraiment ce qu'il se passait, tu as aimé ce moment. Quand sa main qui tant de fois avait touché ton visage, ton coup, ton épaule, un jour ce même bras a touché ton âme, et ça a été comme une délivrance. Tu l'as senti grossir sous sa main, tu t'en souviens parfaitement, c'est ancré en toi, ne fais pas semblant de ne pas comprendre. C'était de plus en plus dure sous sa main, tu ne pouvais rien y faire, c'était la première fois que ça arrivait, tu n'as pas pu oublier. Il a senti que tu aimais ça et c'est pour ça qu'il a continué. Ca n'a duré que quelques jours, quelques heures ou quelques secondes, mais ça a duré assez longtemps pour qu'il comprenne, et c'était assez fort pour que jamais plus tu ne puisses feindre de ne pas savoir.

C'est ce que tu voulais, c'est ce que tu as toujours voulu, vivre quelque chose qui te rende spécial. Quelque chose qui ne s'efface pas, qui ne s'éteint pas. Alors maintenant vis avec ça, dis que tu peux vivre avec ça. Et si c'est trop dur, si rien ne va, si tu penses ne plus pouvoir continuer, rappelle toi des mains sur ton visage, sur ton coup, sur tes épaules. Rappelle toi qui tu étais avant ça, rappelle toi que tu n'étais rien et qu'il t'a fait devenir spécial. Il a rendu ta souffrance et ton mal être plus acceptable. Grace à lui tu as le droit de souffrir, des années plus tard tu peux pleurer sans avoir honte, sans culpabiliser d'être quelqu'un de faible. Il a légitimé ta souffrance, il lui a donné une raison d'exister. Si tu vas mal, c'est de sa faute, c'est ses mains qui parcourent ton corps, son souffle contre ton coup, ces larmes qui ne coulent pas, ton coeur qui bat fort dans ta poitrine. Ce même coeur qu'il a brisé ce jour là, mais qui n'éclatera que bien des années plus tard. Ces larmes qui ne couleront que bien des années plus tard. Ton corps que tu n'haïras que bien des années plus tard.

Chaque fois que tu as refuser l'amour te ta mère.

Chaque fois ou tu as rejeté l'attention de ton père.

Ces gestes que tu n'as pas fait pour connaitre ton frère.

Chaque mot que tu as oublié de prononcer pour retenir tes amis.

Chaque fois que tu as aimé ce garçon de tout coeur jusqu'à la folie.

Toutes ces fois où tu aurais voulu agir autrement.

Toutes ces fois où tu aurais voulu être different.

Alors maintenant c'est le moment, envole toi!

Oublies la vie dont tu as rêvé,

le femme que tu as épousé,

le sourire sur le visage ta mère,

la fierté dans les yeux de ton père,

Cette maison que tu as construit pour elle,

cette balançoire que tu as construit pour eux,

Son visage, le leur, le tient,

leurs mains, leur coup, leurs épaules,

les sourires, la joie, le bonheur,

Et rappelle toi qui tu étais avant ça. Ouvre grand les bras, encore plus, encore plus, encore un peu plus. Maintenant respire une dernière fois, et envole toi. 

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⏰ Last updated: Feb 21, 2019 ⏰

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Un garçon qui voulait être normalWhere stories live. Discover now