Chapitre 9: Le premier jour du reste de ma vraie vie

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Aujourd'hui est synonyme de changement, j'entre à la fac. Pourquoi j'ai choisi cette fac de droit? pourquoi le droit d'ailleurs? je ne sais pas vraiment. Je voulais simplement faire quelque chose qui donne l'air intelligent, et le droit ça le fait, ça donne l'air d'avoir de l'ambition et ça donne l'impression de savoir où l'on va.

Je me prépare sans vraiment me préparer, un t-shirt que j'aime bien, un jean qui me va bien, et je prends 15 minutes pour me coiffer comme il faut. 5 minutes auraient suffit mais je m'acharne à vouloir trouver le bon mouvement, pour au final revenir à ce que j'avais fait dès le départ. Une perte de temps qui se reproduit chaque matin inlassablement.

Je suis tellement content d'avoir quitté le lycée, je n'en pouvais plus de ces journées interminables. J'ai trainé avec une multitude de personnes pendant 3 ans, pourtant je n'ai créé de véritable attache avec aucune d'entre elles. C'est triste quand même, tout ce temps, toutes ces personnes, et rien a retenir, rien a garder. Je jette tout et je recommence, et pourquoi ce serait différent cette fois? pourquoi ça marcherait?

Je recommence à douter, je doute sur tout, sur moi, les autres, c'est insupportable. Je suis insupportable, tout le monde le dit, surtout mes parents. Ils aimeraient que je sois différent je peux le sentir. Etre comment? je ne sais pas trop, seulement différent. Pas comme ça quoi, pas comme moi. Ils ont l'espoir que je change, pour eux aussi la fac c'est le début de quelque chose, quelque chose de mieux ils espèrent, ils voudraient que je sois une version améliorait de moi même, j'ai peur de leur dire que ce qu'ils ont sous les yeux est la meilleure version, que je ne pourrais pas faire mieux. Mais ça ils le découvriront par eux même, inutile de rajouter de la peine à la peine.

Il faut vraiment que j'arrête de tout analyser comme ça, je deviens fou, j'interprète tout, je ne sais même plus ce qui est vrai ou faux, je crois savoir ce que les gens pensent sans qu'ils ne disent rien, et au final quand ils me parlent, je n'écoute pas.

Aujourd'hui c'est le premier jour du reste de ma vraie vie, je n'ai pas le temps d'analyser, il faut que je prenne simplement confiance en moi. Ça va le faire, j'en suis sur, tout sera différent cette fois- ci, je vais être une meilleure version de moi même, je vais me réinventer, être celui que j'aurais du être depuis longtemps.

Il est 7h30 et je commence à 8h, il faudrait que je commence à sortir. Je suis seulement à quelques minutes de ma fac et je n'ai pas vraiment besoin de me presser, je suis vraiment à coté.

Mes parents ont accepté que j'emménage dans une résidence étudiante, je suis tellement content d'être parti, d'avoir un endroit à moi, de pouvoir faire mes propres choix, diriger ma vie, m'organiser. Content de ne plus les voir aussi, oui c'est sur, content de pouvoir me découvrir et apprendre a me connaitre sans eux surtout. Grâce aux bourses, ils n'auront rien à dépenser, quelle satisfaction de ne plus dépendre d'eux, c'est beaucoup mieux de dépendre de l'Etat. Je pourrais sauter d'un pont demain si j'en ai envie, je suis libre. Je pourrais aimer quelqu'un de tout mon coeur aussi, je pourrais faire ça. Pourquoi la première chose à laquelle je pense est de sauter d'un pont? je suis enfin libre et la première chose qui me vient à l'esprit est la mort, il va falloir que je commence par me libérer de mes idées morbides, parce que personne n'aime les gens morbides. Et moi je veux qu'on m'aime cette année, je veux que tout soit parfait, je veux bien faire les choses.

Putain, je me suis encore perdu dans mes pensées, il faut que j'apprenne à vivre les choses et que j'arrête de me les imaginer.

Il est 7h50, il faut vraiment que j'y aille cette fois. J'attrape mon sac, je me regarde une dernière fois dans le miroir à coté du lit, je n'arrive pas à me voir en entier, ça m'énerve. J'ai beau m'éloigner au maximum, dans mes 12 mètres carré je ne peux pas aller bien loin. Qui aurait cru qu'on pourrait faire entrer autant de choses dans 12 mètres carré, j'ai un bureau, un lit, une cuisinière, une douche et des toilettes, tout ça s'entrechoque dans une certaine harmonie. Je passe d'une maison à une modeste chambre étudiante, et pourtant j'ai l'impression de respirer à plein poumon, d'enfin retrouver mon souffle. C'est mon fief désormais, mon endroit à moi d'où je peux tout recommencer, en sortant de cette chambre je peux choisir d'être qui j'ai envie. Je prends mes clefs sur le bureau et je me fais la promesse de changer, de choisir de m'aimer, en franchissant cette porte je serai un mec qui a de l'assurance, sûr de lui, qui n'a pas peur de vivre.

Un garçon qui voulait être normalWhere stories live. Discover now